Jun 18 2024
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Dusty In Memphis
Dusty Springfield
En 1968, l’avenir semble scellé, la pop est out et le rock est in. Pourtant en 1969 un album mythique va voir le jour celui de Dusty Springfield.
Enregistré à Memphis (comme Elvis la même année), Dusty In Memphis est un album de chansons blanches livrées à la magie noire. Un album où l'émotion et l'intensité sont au rendez-vous. Un album où les mélodies douces et belles cotoient une voix magnifique celle de la reine de la soul britannique.
Une note de 3 sur 5
3
Jun 19 2024
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If I Should Fall From Grace With God
The Pogues
Le 3eme album des Pogues est un album incontournable composé de titres entraînants et inspirés, de chansons rebelles, poétiques, punk et politiques. Un album qui s'ouvre également à des sonorités inédites comme le jazz, la musique mexicaine voir orientale.
Cet album est l'un des meilleurs des Pogues et certainement le plus accessible. Gonflé de hits comme Fairytale in New York, Lullaby in London, Broad Majestic Shannon, Birmingham Six, Bottle of Smoke.
Un album à écouter au moins une fois dans sa vie et qui est l'un de mes albums préférés du groupe avec "Rum, Sodomy and the Lash", "Hell's Ditch" et "The Pogues in Paris".
Un beau 5/5
5
Jun 20 2024
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Ten
Pearl Jam
À partir de 1991, l'étiquette grunge va coller à la peau de nombreux groupes comme Nirvana, Soundgarden, Alice in Chains, Rage Against the Machine et bien entendu Pearl Jam.
Concernant Pearl Jam et je vais être clair, au début des années 90, j'étais plus punk que metal donc Nirvana m'a tout de suite beaucoup plus intéressé et j'ai délaissé les autres groupes.
Je découvre donc et avec 30 ans de retard, le 1er album de Pearl Jam et je suis, j'avoue déconcerté.
Autant l'album est rempli de très bons morceaux puissants autant le son trop heavy année 70, le son trop metal, le son trop tout ce que je n'aime pas me fait immédiatement détester ce groupe qui sonne par moment comme du led zeppelin et led zep est bien un des groupes que je ne supporte pas.
Au final, j'ai pris plaisir à écouter ce disque malgré tous les préjugés que j'ai eu durant son écoute. Un disque que je ne réécouterais pas et qui ne me donne pas envie d'en découvrir plus (pourtant Vitalogy serait le meilleur album). Mais bon, trop c'est trop, et je préfère refermer la parenthèse.
Un 1/5 car malgré de très bons titres je n'ai pas du tout accroché.
1
Jun 21 2024
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Blur
Blur
1996, la vague brit-pop commence doucement à s'effondrer, Oasis a dépassé Blur qui offre désormais une image de has-been et des rumeurs de séparation commence à circuler. Au final, ça va mal dans la bande à Damon Albarn.
1997, l'album éponyme est celui de la maturité. Enregistré en Islande sous l'influence décisive de Graham Coxon, l'album de Blur surprend en embrassant l'influence du rock américain qu'il méprisait tant à ses débuts. Les influences virevoltent au cours des morceaux : Pavement (groupe préféré de Coxon), Pixies, Beck, Neil Young... Tout y passe.
Alors que les journalistes anglais annoncent le suicide commercial de Blur, l'album cartonne. Il devient le disque du groupe le plus vendu aux USA et en Europe.
Finis les Boys and Girl, bonjour les Strange news for another star, beetlebum... et le tubesque Song 2.
Un des meilleurs albums de l'année 1997, un des meilleurs albums du groupe, un album à conseiller et à écouter au moins une fois dans sa vie.
Un beau 4/5
4
Jun 24 2024
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Aja
Steely Dan
Aja on l'aime ou on ne l'aime pas, mais il ne laisse pas indifférent car Aja est un disque classieux et luxueux, un ovni avec un genre bien à lui entre jazz et rock.
Mais Aja est froid, trop propre, il offre une oeuvre presque chirurgicale où chaque morceau, chaque instrument, chaque note, chaque silence est calculé afin d'atteindre la perfection sonore. L'album est d'une précision millimétrique que l'on ne retrouve que dans deux styles musicaux : le classique et le jazz.
Aja malgré sa froideur clinique due à sa production parfaite recevra d'ailleurs un Grammy Award en 1977 mais il sera critiqué par la vague punk. Et on comprend pourquoi les punks crachaient sur ce groupe ainsi que sur Fleetwood Mac et sur les groupes de rock progressif car tout ce luxe, cette production, ne collaient pas avec leurs idéaux.
Pour terminer, je ne sais pas sur quel pied danser, car d'un côté le disque grâce à sa production est un chef d'oeuvre, mais à contrario le son trop 70's a beaucoup trop vieilli à mon goût.
Je mets à petit 3/5 car il est ni bon ni mauvais, il est juste un très bon disque à écouter au moins une fois dans sa vie.
3
Jun 25 2024
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Tres Hombres
ZZ Top
Tres Hombres est le disque qui a permis aux ZZ Top de se hisser pour la première fois dans le Top 10, faisant d’eux des stars.
À première vue, ce disque n’a rien de vraiment spécial, puisqu’il s’agit juste d’un album de blues-rock entraînant d’un groupe de bar du Texas, mais c’est ce qui le rend si spécial.
Un blues rugueux ponctué par moment de riff hargneux. Le groupe quitte les sentiers du blues-rock pour se diriger vers un rock direct et efficace.
Tres Hombres propose un titre mythique qui va lui permettre de rentrer dans la postérité et de qualifier ce troisième album de "meilleur opus" du groupe voire, de l’histoire du blues-rock.
Un gros 4/5 pour l'un des meilleurs album de blues-rock
4
Jun 26 2024
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Odelay
Beck
Odelay est un ovni, un objet hiphop-electro-funk-rock-folk-rnb-noisy-experimental qui sous la gouverne des Dust Brothers est devenu un album phare, proposant un fourre-tout stylistique étonnamment cohérent.
Odelay est une série de collages conceptuels qui donne un résultat totalement fluide.
Odelay est un album à écouter, à découvrir, à aimer
Un gros 4/5
4
Jun 27 2024
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Fuzzy
Grant Lee Buffalo
Comment donner un avis TOTALEMENT objectif quand je vais parler de l'un de mes albums préférés des années 90, de l'un des albums que j'ai pu écouter des dizaines et des dizaines de fois ?
Fuzzi est un disque admirable qui est marqué par des influences folk, americana, noise et classic rock. Mais surtout par la voix de Grant Lee Philips, une voix sombre, parfaite, d'une justesse implacable dans les aigus comme dans les graves.
Fuzzi est un disque qui ne vieillit pas ou qui vieillit bien comme le bon vin. Mais à la différence du bon vin, on peut y retourner avec plaisir pour s'y enivrer sans aucune modération.
Un disque magnifique, triste et décalé à écouter impérativement au moins une fois dans sa vie.
Pour finir, ce sera un beau 5/5 qui est, je l'avoue une note sans aucune objectivité.
5
Jun 28 2024
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Close To The Edge
Yes
Sur le papier, l'idée même d'un tel projet est fort plaisante, car écouter 1001 albums tirer au hasard sur une période s'étalant sur 50 ans ne peut qu'ouvrir de nombreux horizons.
Mais la réalité est tout autre, car cela peut devenir un vrai sacerdoce et quand on doit porter sa croix et bien, on la porte jusqu'au bout.
Close to the edge est un résumé de tout ce que je n'aime pas... Un groupe, un genre, une décennie ou plus exactement le son d'une période.
Et ici, le trio gagnant sera Yes, le progressive rock et le son des années 70.
Après une écoute complète du meilleur album du groupe (sic).
Je ne peux conclure l'affaire que par un "Ce fut 38 minutes d'efforts que je ne renouvellerai pas, et même si l'album a des qualités indéniables où les frontières du rock sont franchies. Mais quand c'est trop long, trop chiant, trop tout ce que je n'aime pas et bien, on ne peut rien faire de plus pour changer la note."
Au final, ce sera une note de 1/5 pour un album pompeux et prétentieux.
1
Jul 01 2024
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Stand!
Sly & The Family Stone
Sorti en 1969, Stand est un album explosif avec des titres puissants de funk psychédéliques.
Un album avec un mélange de cultures entre soul, funk, gospel et rock psychédélique, le tout baignant dans un esprit peace & love propre à l'époque.
Un 4/5 pour l'album de la maturité pour le groupe et qui est devenu depuis un classique absolu.
4
Jul 02 2024
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Sticky Fingers
The Rolling Stones
A la question "Etes vous Beatles ou Rolling Stones ?", j'ai toujours (par anticonformisme) déclaré Velvet Underground.
Mais passons car ce n'est pas la question du jour...
Sticky Fingers avec sa pochette controversée tourne la page des sixties pour offrir un album résolument rock en véhiculant derrière lui l'image de tous les excès qui est les filles, l’alcool et les drogues (le fameux triptyque "sex, drugs and rock’n’roll").
En 1971, les Beatles qui se sont séparés depuis maintenant un an laisse un boulevard aux Stones qui vont sortir l'un de leur meilleur album, le mieux produit. Peut-être LE meilleur tout simplement !
Un 4/5 pour un album résolument rock.
4
Jul 03 2024
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Music in Exile
Songhoy Blues
Cet album, sorti en 2015, a été une découverte pour moi et surtout une très bonne et agréable surprise.
Songboy Blues est un groupe malien qui, suite à l'invasion d'islamistes radicaux, a été obligé de fuir la région de Tombouctou pour débarqué à Bamako.
Découvert par Damon Albarn via l'équipe de son projet "Africa Express", ils ont enregistré leur premier album mélangeant les genres entre chants maliens, guitares électriques et rythmes tribaux.
A défaut d'avoir un blues poisseux du bayou de la Nouvelle Orléans, nous découvrons avec l'album de Songhoy Blues un blues aride du désert de Tombouctou.
Music in exile est une très belle surprise qui mélange allègrement musique malienne, blues et rock & roll... Un beau 4/5 pour un disque à écouter au moins une fois dans sa vie (et plus si affinité)
4
Jul 04 2024
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Electric
The Cult
En 1987, The Cult sort Electric qui porte bien son nom, car après deux albums post-punk gothique, leur 3eme album est un album de Hard Rock.
Electric est court et montre que The Cult est un vrai grand groupe de hard rock et qui en un album incarne le rock mieux que certains groupes en toute une carrière.
Après Love qui est le sommet artistique et Sonic Temple le sommet commercial, Electric de part son coté très brut prouve que le groupe est capable de changer de style avec un talent incroyable.
Un gros 3/5 car malgré que cela soit un très bon album, j'ai toujours un peu de mal avec le Hard Rock.
3
Jul 05 2024
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Third
Portishead
En 2008 et après 10 ans de silence, sort le 3eme album de Portishead le bien nommé Third.
Third est un album sombre et désespéré, âpre et puissant avec une rythmique, froide, artificielle et presque industrielle. Une rythmique qui entre en dissonance avec la voix éthérée et fragile de Beth Gibbons.
Third est un album poétique et très inspiré, il faut d’ailleurs noter la cohérence et l’homogénéité de ce disque qui a pourtant été enregistré sur trois ans par des musiciens qui n’avaient pas joué ensemble depuis six années.
Third est un chef d'œuvre à écouter et réécouter en attendant un possible 4eme album.
Un 4,5 sur 5 soit un beau 5
5
Jul 08 2024
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Can't Buy A Thrill
Steely Dan
2eme album de Steely Dan a écouter depuis le début de ce projet et cette fois, on se dirige vers le 1er album du groupe.
Autant Aja, grâce à une production digne des plus grands orfèvres, ne m'a pas laissé indifférent, autant avec leur 1er album, j'ai eu beaucoup de mal à aller jusqu'au bout des 10 titres.
Malgré la présence de 2 ou 3 bons titres, j'ai failli abandonner l'écoute et j'ai dû m'y reprendre à 3 fois pour en voir le bout car à aucun moment, j'ai trouvé le petit déclic, ce fameux effet kisscool 😁
Un disque que je ne conseille pas et une toute petite note de 1 sur 5.
1
Jul 09 2024
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L.A. Woman
The Doors
Avec un album de blues rock et un Jim Morrison qui a l'étrange idée d'arrêter soudainement sa carrière, 1971 est l'année des Doors.
L.A. Woman est le disque le plus mature et abouti du groupe avec de grands morceaux d'anthologie comme The Changeling, L.A. Woman et bien entendu Riders on the Storm qui est devenu depuis un vrai classique du répertoire des Doors.
L.A. Woman est à juste titre le chant du cygne des Doors, car moins de trois mois après sa sortie, Jim Morrison disparaissait.
Oeuvre testamentaire, il reste un des meilleurs albums du groupe et l’un des plus gros classiques du Rock.
Un 3/5 pour un album à écouter.
3
Jul 10 2024
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If You Can Believe Your Eyes & Ears
The Mamas & The Papas
En 1966, sort le 1er album de The Mamas and The Papas que tout le monde ou presque ne semble connaître que par le biais de leur plus gros tube.
Cet album (classique du rock US) s'ouvre avec un morceau qui ressemble à un énième ersatz des Beatles et autres Beach Boys. Avant de s'ouvrir à une douceur rock qui semble propre au groupe.
Quatuor vocal, les Mamas and Papas deviennent des stars grâce au tube California Dreamin' qui deviendra par la même occasion l'hymne de tous les hippies californiens.
Un 1er album réussi et d'ailleurs les autres albums du groupe souffriront continuellement de la comparaison avec lui.
Un joli 4/5 pour un classique de la pop américaine.
4
Jul 11 2024
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Tubular Bells
Mike Oldfield
En 1973, sort le 1er album du multi instrumentiste Mike Oldfield qui deviendra à la fois pour lui une bénédiction et une malédiction.
Une bénédiction, car les premières minutes de l'album, ayant servi de thème principal au film "l'exorciste", ont déclenché un engouement planétaire qui lui a permis de se vendre à des millions d'exemplaires.
Une malédiction, car pour beaucoup de personnes Mike Oldfield ne se limite qu'au thème du film et surtout, il ne retrouvera plus jamais un tel succès.
Tubular Bells est un album de rock progressif, une sorte de "symphonie rock" qui en deux pistes (ou deux faces d'un disque) de 25 minutes associe musique planante et rock progressif.
Les deux associations et le rock progressif dans son ensemble me laissant de marbre, je salue tout de même l'effort et l'excellent musicien qu'est Mike Oldfield, mais je lui laisse un tout petit 1/5.
1
Jul 12 2024
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Highway 61 Revisited
Bob Dylan
1965 est l'année du changement, Bob Dylan a branché sa guitare et il vient de passer de l'acoustique à l'électrique, de chanteur de folk à celui de rocker électrique. Les puristes de la folk music hurlent et pleurent de désespoir, les autres exultent.
Highway 61 Revisited est considéré par beaucoup comme étant le meilleur album de Bob Dylan avec son plus grand succès "Like a Rolling Stone" qui a été élu plus grande chanson de tous les temps par un jury issu des rédactions des plus grands magazines de rock
Cet album, brûlot vengeur et visionnaire, est l'un des plus importants de la culture pop/rock et Bob Dylan y brasse toutes ses influences allant du folk aux ballades et surtout en passant par le blues.
Un bon 4/5 et un album a été au moins une fois dans sa vie.
4
Jul 15 2024
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Court And Spark
Joni Mitchell
En 1970, ne supportant plus la pression médiatique, Joni Mitchell, la star du folk californien, décide d'arrêter les concerts et de retourner dans son Canada natal.
C'est là que naîtront trois albums majeurs, dont Court and Spark qui sortira en 1974. Le succès fut immédiat aussi bien pour les critiques que pour le public. Il devient son disque le plus vendu.
50 ans après sa sortie, Court and Spark reste un bon disque de jazz-pop des années 70 avec quelques bons morceaux. Mais dans l'ensemble, le disque baigne dans la naphtaline avec un petit spleen dont seules les chanteuses folk de l'époque avaient le secret.
Une note de 1/5 pour un album à écouter au moins une fois dans sa vie.
1
Jul 16 2024
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Wish You Were Here
Pink Floyd
Je n'ai jamais réussi à aimer Pink Floyd. Ce sont des génies, leur talent est indéniable, et c'est sûrement un des groupes qui ont le plus apporté à la musique durant le dernier demi-siècle. Mais j'ai toujours trouvé leur musique prétentieuse et vide de sentiment.
Alors quand j'ai reçu "l'ordre" d'écouter ce Wish You Were Here, j'ai tout de suite posé quelques réserves.
Wish You Were Here est un album qui parle du vide, de l'absence, celle de Syd Barrett. Un album profond, un album où l’émotion y est présente, un album où la composition musicale est parfaite.
Pour autant, et malgré toutes les qualités que je peux trouver à celui-ci, je n'ai pas accroché plus que cela.
Je lui laisse une note de 3/5 qui est une note totalement neutre. Ce n'est ni bon ni mauvais. C'est juste un album à écouter une fois dans sa vie.
3
Jul 17 2024
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Tuesday Night Music Club
Sheryl Crow
Après de nombreuses années passées dans l'ombre des plus grands à faire les background vocals lors des tournées de Michael Jackson, Sting ou Stevie Wonder, Sheryl Crow va passer de l'ombre à la lumière au début des années 90.
Avec la sortie de son premier album, Tuesday Night Music Club, la chanteuse tient enfin sa revanche en trustant les charts US avec son tube « All I Wanna Do ».
Mêlant des compositions aux influences folk et country à une pop léchée et efficace, ce premier opus va s'imposer comme un incontournable de son époque.
Un joli 3/5 pour un album plaisant à écouter.
3
Jul 18 2024
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Back In Black
AC/DC
Après le décès de Bon Scott, qu'on a retrouvé noyé dans son vomi suite à une nuit de tous les excès.
Et d'ailleurs (petite parenthèse), je trouve que Bon Scott a connu une des morts les plus rock'n'roll qu'on puisse avoir à la différence de celle de Nico qui quelques années plus tard va se vautrer à vélo lors d'une balade à Ibiza.
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos kangourous... Donc suite à la mort très rock'n'roll de Bon Scott, les spéculations allèrent bon train concernant l’avenir d’AC/DC, certains n’hésitant d’ailleurs pas à annoncer que le groupe ne pourrait pas se relever de la perte de son merveilleux frontman. Et pourtant, il ne faudra pas plus d’un an aux frères Young pour donner une suite au légendaire "Highway To Hell".
Dès les premiers accords, il apparaît évident que le groupe a décidé de durcir le ton, et la voix métallique de Brian Johnson vient confirmer cette première impression. Le son AC/DC a changé et ces changements n’empêchent en rien cet album d’être un nouveau chef d’oeuvre dans la discographie du groupe.
Un gros 5/5 pour un album mythique à écouter plus d'une fois dans sa vie.
5
Jul 19 2024
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Vulnicura
Björk
J'ai toujours aimé Björk et ceci depuis la fin des années 80 avec The Sugarcubes. Et même si (je l'avoue) j'ai fait l'impasse sur certains de ses projets.
Vulnicura est un album personnel et mélancolique qui, entre musique électronique et cordes, transmet une émotion pure, triste mais optimiste.
« break up album », c’est-à-dire un disque qui puise dans une rupture amoureuse pour construire sa cohérence au fil des titres qui le composent. Vulnicura ouvre les vannes de sa peine comme de son amertume.
Pour terminer, Vulnicura est un très bon album à écouter et qui s'en sort avec un joli 4/5
4
Jul 22 2024
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Let's Get It On
Marvin Gaye
Je vais l'avouer dès le début mais je ne suis pas un grand fan de soul music, et même si je connais quelques classiques de la Motown ou de Stax.
Alors quand le hasard fait que cette nouvelle écoute est pour un album du Prince de la Motown ou du Prince de la Soul, je ne peux que me lancer.
Ce 12eme album de Marvin Gaye est un vrai album de soul qui est exclusivement composé de chansons d’amour. Ça croone et ça roucoule et les love, babe, sugar et autres honey se comptent par centaines. Romantisme, sensualité et sexualité jalonnent un disque où des balades obsédantes côtoient des chansons suggestives ou solennelles.
Après une première écoute de cet album qui fut pour moi également une découverte, je n'ai pas accroché plus que cela, mais je lui mets tout de même une note de 3/5.
3
Jul 23 2024
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Band On The Run
Paul McCartney and Wings
Comme je l'ai déjà dit entre Beatles et Rolling Stones, j'ai toujours préféré le Velvet Underground et entre McCartney et Jagger ma préférence va naturellement vers Lou Reed.
Conclusion, je suis le moins bien placé pour donner un avis objectif sur ce 3eme album solo de Paul McCartney.
Pourtant et après une écoute attentive, je peux le dire... Putain, c'est un bon album et qui, en 3 titres "Jet", "Mrs. Vandebilt" et "1985", permet à McCartney (après un 1er album solo décevant) de se rapprocher à nouveau de son talent au sein des Beatles.
Un album qui reste comme étant le meilleur album de McCartney en solo.
Un bon album à écouter et à réécouter et une de note de 4/5.
4
Jul 24 2024
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Modern Sounds in Country and Western Music
Ray Charles
Sorti en 1962 et en deux volumes, Modern Sounds fait office de chef-d'oeuvre et réconcilie le rhythm and blues avec la country et la pop.
L'album est une collection de classiques de la country remaniés, Ray Charles avec sa voix soul, apporte un nouveau souffle à ces morceaux en y ajoutant un mélange unique de gospel et d'arrangements de big band.
Cet album de fusion récupère une jolie note de 3/5.
3
Jul 25 2024
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Deja Vu
Crosby, Stills, Nash & Young
Sorti en 1970, le 2eme album du supergroupe américain de folk rock (David Crosby ex-Byrds, Stephen Stills de Buffalo Springfield, Graham Nash ancien Hollies et Neil Young) voit le jour et deviendra leur disque le plus réussi en tant que groupe de quatre musiciens.
Plus qu'une formation, le groupe est une association de quatre leaders aux caractères forts, ce qui explique pour cet album des titres hétéroclites avec des ballades de Graham Nash, du rock de Stephen Stills et David Crosby et du "Neil Young" pour Neil Young.
Déjà Vu est un excellent album de folk rock qui aura nécessité plus de 800 heures d'enregistrements pour le réaliser avec un jeu précis, des harmonies riches et des rythmes forts.
Proposant des chansons remarquables telles que "Carry On", "Teach Your Children" et "Almost Cut My Hair", Déjà Vu est un excellent album à écouter et à réécouter et il s'en sort avec un gros 4/5.
4
Jul 26 2024
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Mott
Mott The Hoople
Après le succès de All the Young Dudes (1972) produit par David Bowie, qui leur avait même écrit le titre éponyme, Mott the Hoople sort en 1973 l'album Mott.
Ce Mott, et Mott the Hoople d'ailleurs, est pour moi une belle découverte. Comme quoi ce projet, qui va me tenir en haleine durant les prochaines années m'apporte autant de plaisir que d'ennui. Ce petit jeu de la roulette est ainsi fait et nul ne sait quel album on me demandera d'écouter demain.
Mott, album de Rock ou plus exactement de Glam Rock, est fascinant et gorgé d'excellent titres qui, presque un demi-siècle après sa sortie, est toujours capable de nous toucher.
Et ceci dès l’ouverture du fantastique "All the Way from Memphis" qui est un rock endiablé avec des tonnes de guitares saturées et le sax venu directement de Roxy Music. Suivi de "Whizz Kid" avec un riff basique mais terriblement efficace ou encore le venimeux "Violence" avec son violon qui sonne désaccordé est un titre très aventureux et fort réussi.
Malgré cet excellent disque, Mott the Hoople ne connaitra jamais le succès qu’il mérite.
Un très bon album à découvrir et un beau 4/5
4
Jul 29 2024
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Fever To Tell
Yeah Yeah Yeahs
Qualifié de groupe Art-Punk, Yeah Yeah Yeahs sort son premier album en avril 2003 et confirme par la même leur son unique.
Une voix distinctive et l'excentricité de Karen O, les riffs de guitare de Nick Zinner et la batterie de Brian Chase créent un son brut et énergique qui oscille entre un rock intense et énervé et des expériences sonores oscillant entre musique électronique et pop.
Fever To Tell est un très bon album, à découvrir ou à réécouter et qui, 20 ans après reste un album viscéral et passionnant.
Un album qui s'en sort avec un petit 4/5.
4
Jul 30 2024
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Unknown Pleasures
Joy Division
Sorti en 1979, Unknown Pleasures est le premier disque de Joy Division. Album culte, il porte à lui seul la symbolique de tout un courant appelé post-punk.
Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est le son froid, avec une section rythmique mise en avant et une basse qui attire tout de suite l’oreille. Les dix chansons de l'album sont caractérisées par leur atmosphère sombre et morose, avec des paroles qui explorent les thèmes de l'aliénation, de la dépression et de la mort.
Joy Division c'est Ian Curtis, car l'importance du chanteur dépasse le groupe. Une voix sombre, sépulcrale, très peu chantée qui sonnera le départ du mouvement gothique et cold wave.
Unknown Pleasures est aussi le seul disque sorti du vivant de Ian Curtis qui se suicidera l'année suivante.
Véritable ovni dans le paysage musical de l'époque, ce disque, qui n'a pas pris une ride, se doit d'être écouté et réécouté. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, de le découvrir tout simplement. Unknown Pleasures, est tout simplement un GRAND disque.
Un 5/5 amplement mérité tout comme pour le 2eme album (posthume) du groupe "Closer" qui est d'ailleurs lui aussi dans le classement des 1001 albums à écouter avant de mourir.
5
Jul 31 2024
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Goodbye Yellow Brick Road
Elton John
Sorti en 1973, le double album d'Elton John "Goodbye Yellow Brick Road" est une oeuvre tentaculaire et ambitieuse qui met en valeur ses talents musicaux divers. Il présente certains de ses succès les plus emblématiques, dont "Candle in the Wind", "Bennie and the Jets", et la chanson-titre, qui sont devenus des incontournables.
Malgré son succès commercial, l'album n'est pas sans défauts, avec quelques pistes de remplissage et une seconde moitié qui n'est pas tout à fait à la hauteur du bon départ. Cependant, les meilleurs moments de l'album sont vraiment exceptionnels, mettant en valeur la capacité de John à mélanger le rock, la pop, le glam et le music-hall dans un son cohérent et vivifiant.
Bien que ce ne soit peut-être pas un album parfait, "Goodbye Yellow Brick Road" est toujours une oeuvre importante et agréable qui capture Elton John à l'apogée de ses pouvoirs créatifs et qui reste 50 ans après l'un de ses meilleurs albums.
Un 4/5 pour un très bon album à découvrir ou à réécouter.
4
Aug 01 2024
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Selling England By The Pound
Genesis
Comme je l'ai déjà précisé il y a des genres musicaux dont j'ai une profonde aversion et le progressive rock en fait parti.
Sorti en 1973, Selling England By The Pound est le disque de Genesis, période Peter Gabriel, le plus abouti.
Porté par "The cinema show" qui est peut-être la meilleure chanson de Genesis et par sa production polie, sa musicalité exceptionnelle et son mélange captivant d'éléments de rock progressif, cet album a consolidé la position de Genesis comme l'un des principaux groupes de son époque.
Un petit 3/5 pour un album qui, même s'il ne m'a pas rabiboché avec le genre, ne m'a pas laissé un mauvais souvenir. Un album à écouter au moins une fois dans sa vie.
3
Aug 02 2024
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Jazz Samba
Stan Getz
Sorti en 1962, l'album "Jazz Samba" mélange les rythmes de la samba et de la bossa nova avec le génie improvisé du jazz, créant ainsi un son vraiment unique.
"Jazz Samba" est l'un des meilleurs enregistrements du jazz brésilien, mettant en vedette les mélodies de saxophone de Stan Getz et la guitare de Charlie Byrd.
L'album contient de très bons titres dont "Desafinado", qui illustre l'interaction entre Getz et Byrd, et "Samba Triste", qui capture l'essence du désir brésilien.
Même si "Jazz Samba" est un excellent disque, il s'en sort avec un petit 3/5, car même si cela reste un album intemporel, le son a tout de même pris quelques rides.
3
Aug 27 2024
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Eagles
Eagles
En 1972 sort le premier album des Eagles et ses harmonies vocales ainsi que son oscillant entre country et rock, le rendent accessible au grand public.
Immédiatement, "Taxe It Easy" et "Witchy Woman" deviennent des tubes radiophoniques et vont permettre à Eagles de prendre son envol grâce à un Rock US générique.
Dans l'ensemble, l'album est bon, mais il a du mal à se renouveler et il tourne rapidement en rond avec des titres très/trop mélancolique. La vraie surprise du disque reste "Earlybird" avec sa mélodie au banjo.
Une note de 3/5 soit une note mi-figue mi-raisin pour un disque qui se laisse facilement écouter. Une note de 3/5 pour un album de rock fait pour ceux qui n’aiment pas le rock.
3
Aug 28 2024
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Bright Flight
Silver Jews
Après avoir été longtemps considéré comme un simple projet annexe de Stephen Malkmus (ancien leader de Pavement), le 4eme album de Silver Jews sort en 2001.
Dorénavant sans Stephen Malkmus, l'album "Bright Flight" de Silver Jews est moins folk, mais plus country grâce à une pédale steel qui enrobe la plupart des titres de l’album. Mais ici, il s'agit d'une country lo-fi et nonchalante, dans la plus pure tradition du rock underground américain de ces dernières années.
Dirigé par David Berman, l'album est une collection de chansons spirituelles, poignantes et rassurantes et ceci grâce à sa voix étincelante et ses paroles intelligentes, allant des jeux de mots stupides à l'imagerie évocatrice.
Bien qu'il ne soit pas aussi essentiel que "Starlite Walker" ou "American Water", ce 4eme album reste un album à découvrir.
Un 4/5 pour un bon album de rock indépendant.
4
Aug 29 2024
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Pills 'n' Thrills And Bellyaches
Happy Mondays
En 1990 sort "Pills'n'Thrills and Bellyaches" des Happy Mondays (groupe joyeux, amusant et surtout ultra drogué).
Groupe de Manchester et tête de file du mouvement musical "Madchester", Happy Mondays propose avec "Pills'n'Thrills and Bellyaches" un mélange de rock, de house et de funk où le cocktail "Sexe, drogues et rock'n'roll" connaît ici un paroxysme à la fois dans la musique et les paroles. Cocktail auquel il faudrait rajouter le mot "dance" mais pas au sens péjoratif du terme.
Enregistré à la Barbade, la maison de disques ayant souhaité éloigner le groupe dans l'espoir qu'il freine quelque peu sur la défonce, cet album est un véritable album de... défoncés. Toute le groupe y a foutu le bordel et a surtout consommé sans aucune limite les spécialités locales illicites. Résultat, le chanteur Shaun Ryder chante comme un branleur et Bez qui habituellement n'est présent que pour danser et jouer des maracas et plus illuminé que jamais et secoue ses maracas comme un possédé.
"Pills'n'Thrills and Bellyaches" est un album de qualité, dansant et funky à souhait, incluant les prémices de ce que sera le son baggy made in Manchester.
Un album qui mérite un gros 3/5 ou un petit 4/5 car même si c'est un très bon album, je n'ai jamais été assez défoncé à l'époque pour l'apprécier à sa juste valeur.
Un album à découvrir et ou à réécouter en étant sobre ou complètement défoncé ;-)
4
Aug 30 2024
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Skylarking
XTC
J'ai découvert XTC à la fin des années 80 avec les albums "Black Sea" et "The Big Express" et comme de mémoire, ils ne m'avaient pas laissé un souvenir impérissable, je n'ai jamais eu l'idée d'en savoir réellement plus sur ce groupe.
Et quelle erreur je n'avais pas fait, car en 1986, est sorti "Skylarking" album conceptuel sur les saisons et le changement. Un album accouché dans la douleur dans une cabane à Woodstock. Un album bucolique et d'une beauté pastorale qui est composé de quelques-unes des plus belles chansons de la pop anglaise.
"Summer's Cauldron" et "Grass" à l'ambiance psychédélique et relaxante. "Dear God" qui est peut-être la meilleure chanson jamais écrite sur l'athéisme. "Ballet For A Rainy Day/1000 Umbrellas" sur la solitude liée aux aléas amoureux.
"Skylarking" est le sommet d'un groupe fascinant, ambitieux et malheureusement méconnu. Qui n'a toujours eu que l'obsession de composer l'album pop ultime des années 80. Un album qui serait comparable aux chefs-d'œuvre sixties des Beatles & consorts.
Grâce à ce "Skylarking" de toute beauté, on peut affirmer que le but est désormais atteint. Un gros 4/5 pour un album à découvrir et à écouter au moins une fois dans sa vie.
4
Sep 02 2024
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Odessey And Oracle
The Zombies
Malgré un nom digne d'un groupe gothique ou de death metal, les Zombies sont les artisans d'un album intemporel et incontournable de la pop psychédélique et baroque de la fin des années 60. "Odessey and Oracle" qui n'aurait d'ailleurs pas à rougir face à un "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band", un "Pet Sounds" ou un "The Piper At The Gates Of Dawn".
En enregistrant l'album à Abbey Road, le groupe a profité des possibilités extraordinaires offertes par le studio. Les voix sont posées tout en délicatesse sur une instrumentalisation riche, avec des rythmiques imparables et une simplicité et une efficacité pop qui n'a rien à envier aux best-sellers du genre. "Odessey and Oracle" (la faute d'orthographe est due à une erreur du graphiste qui a mis un E à la place du Y sur la pochette.) reste l'un des plus beaux disques pop de tous les temps.
Un disque méconnu que les vrais connaisseurs conseillent depuis presque 60 ans tel un héritage qui passe de main en main.
Un beau 4/5 pour une petite pépite que ceux qui ignorent encore son existence doivent découvrir.
4
Sep 03 2024
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KIWANUKA
Michael Kiwanuka
Michael Kiwanuka et son album "Kiwanuka" a été une découverte musicale pour moi.
Album sorti en 2019 et produit par Danger Mouse et Inflo, "Kiwanuka" est un disque de soul ambitieux grâce à ses mélodies intemporelles et ses arrangements rétro.
En mélangeant rock psychédélique flamboyant, blues hypnotique, soul éclatante et folk lancinant, Michael Kiwanuka propose un excellent 3eme album qui pourrait rivaliser avec les grandes sorties musicales soul des années 1970.
Un 3/5 pour un album à découvrir.
3
Sep 04 2024
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I Never Loved a Man the Way I Love You
Aretha Franklin
En 1966, Aretha Franklin est lâchée par Columbia qui ne croit plus en elle et signe chez Atlantic.
Entourée par d’excellents musiciens, elle rentre en studio d'où la "Lady Soul" va sortir en 1967 "I Never Loved A Man the Way I Love You" qui sera un tournant dans sa carrière.
Emmener par les tubes "I Never Loved A Man" et la reprise d'Otis Redding "Respect", l'album s'impose dans le Top 10 seulement quelques semaines après sa sortie.
Un album qui révolutionna la soul musique en étant dès sa sortie un énorme succès et qui fit d'Aretha sans doute la chanteuse la plus célèbre et cotée de la fin des années 60.
Un album qui s'en sort avec un gros 3/5.
3
Sep 05 2024
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Our Aim Is To Satisfy
Red Snapper
Formé en 1993, Red Snapper fait partie de ces groupes qui au fil des ans n’ont su acquérir qu’une poignée de fans et une estime polie de la critique.
Découvert en 1995 pour ma part, avec leur premier album, le très jazzy Reeled And Skinned sur Warp, j'ai tout de suite fait partie de cette petite poignée de fans qui suit avec intérêt le travail des Britanniques, soit un mélange de jazz, funk, jungle, trip hop, hip-hop et breakbeat avec des influences provenant du rock psychédélique et du rock progressif.
Durant l'année 2000 et après avoir quitté Warp pour Matador, le groupe offre à nos oreilles l'excellent "Our Aim is to Satisfy", album sombre et mélancolique où acoustique et électronique fusionnent avec évidence.
Un gros 4/5 pour un très bon album à écouter et un très bon groupe à découvrir.
4
Sep 06 2024
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Beautiful Freak
Eels
1996, Eels sort son premier album "Beautiful Freak" et par la même occasion, devient le premier groupe à signer sur Dreamworks Records (le label de Steven Spielberg et David Geffen).
"Beautiful Freak" est une véritable petite merveille, une mine d'innovations et d'inventions, un souffle rafraîchissant et intelligent dans le milieu pop-rock.
"Beautiful Freak" c'est un album avec des samples et du bidouillage sonore qui côtoient des guitares saturées et un piano Wurlitzer.
"Beautiful Freak", c'est un univers, pas toujours très gai, un peu déprimé et torturé, mais avant tout profondément humain et peuplé de personnages attachants.
Un gros 4.5 soit un 5/5 pour un classique du genre et qui devant une telle réussite pose une simple question... Pourquoi Eels reste aujourd'hui encore un groupe si peu connu ?
Une petite merveille à découvrir et à réécouter, un album qui fait partie de mes albums préférés des années 90.
5
Sep 09 2024
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Master Of Puppets
Metallica
Je vais être honnête, j'ai découvert Metallica sur le tard (genre fin des années 90) car durant les années 80, j'étais plus punk/post punk que metal, mais au fil de mes écoutes et de mes découvertes, mes goûts musicaux ont évolué et je me suis naturellement dirigé vers des courants musicaux dits plus extrêmes.
Sorti en 1986, "Master of Puppets" est considéré par les fans du groupe comme étant un monument, un monstre, un chef d’oeuvre... Les Beatles ont leur "Sgt. Pepper's", Pink floyd leur "Dark Side of the Moon", Michael Jackson son "Thriller", Metallica a "Master of Puppets", c’est-à-dire une pièce unique et qui restera à jamais comme un tournant dans l’histoire de la musique.
De la première note, à la guitare sèche de "Battery", aux derniers accords de "Damage Inc.", le groupe pond ce qu’il a de meilleur en termes d’inspiration, de solos, de rythmiques, de lignes de chant. Avec "Master of Puppets", Metallica confirme le son et le style qu'il a été défini sur l'album précédent. Un mélange de saturation ultra-compressé, de riffs épais ; des césures de chansons qui abandonnent la saturation pour des plages acoustiques qui viennent étoffer la chanson et donner à l’oeuvre une dimension épique.
"Master of Puppets" est l’oeuvre maîtresse de Metallica, d'ailleurs le 23 mars 2016, il est le premier enregistrement de Metal à faire son entrée à la Bibliothèque du Congrès du fait de son importance historique et de son influence sur le genre.
"Master of Puppets" est à écouter au moins une fois dans sa vie, mais ne soyez pas frileux sur le volume, car il doit s'écouter fort... très fort.
Au final, ce sera un gros 4/5 pour un monument du metal, leur premier meilleur album qui sera suivi quelques années après par le "Black Album" (album éponyme sorti en 1991).
Un gros 4/5 et je me suis longtemps tâté pour lui mettre un 5/5, mais ce n'est pas un disque que je réécoute aussi souvent que certains albums d'AC/DC ou de Sunn O))) pour ne citer qu'eux.
4
Sep 10 2024
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Layla And Other Assorted Love Songs
Derek & The Dominos
En 1970, sort "Layla and Other Assorted Love Songs" le seul et unique album de Derek & The Dominos (groupe de blues rock formé par Eric Clapton).
Chef d’oeuvre de la discographie imposante d’Eric Clapton, "Layla and other assorted love songs" est un album dédié à une femme : Pattie Boyd, mannequin et femme du Beatle George Harrison, grand ami de Clapton.
Oeuvre profondément marquante, poignante, mélancolique et émouvante. "Layla and other assorted love songs" est un album clé dans l’histoire du rock et le plus beau travail de Clapton.
Un gros 3/5 pour un album à écouter.
3
Sep 11 2024
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Rock Bottom
Robert Wyatt
Robert Wyatt est musicien, il a du talent, beaucoup de talent, et en 1974, il sort son 2eme album solo, mais surtout son 1er album depuis, son terrible accident qui va le clouer pour le restant de ses jours dans un fauteuil roulant, et depuis sa séparation avec Soft Machine.
"Rock Bottom" est un véritable OVNI dans le paysage musical. Ce n'est pas du rock (progressif ou expérimental), ni du jazz, ni de l'ambient. C'est tout et rien à la fois et l'atmosphère générale du disque est en même temps dépressive et légère, servie par des arrangements qui vont à l'essentiel, mais qui n'oublient pas d'être très émouvant et surtout intimistes.
Et d'ailleurs, une question se pose, est ce que sans son terrible accident, Robert Wyatt aurait pû créer une telle oeuvre ?
Avec "Rock Bottom", Robert Wyatt déstructure, déconstruit, pour ensuite restructurer, reconstruire et proposer quelque chose d’incroyablement beau et unique.
La voix, les samples, les expérimentations, les structures des chansons en font un chef d'oeuvre musical.
Un beau 4/5 pour un album à découvrir absolument.
4
Sep 12 2024
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Histoire De Melody Nelson
Serge Gainsbourg
La critique va être difficile, tellement je suis fan... Mais je vais, tout de même, essayer de faire preuve d'un peu d'objectivité.
1971, le génie d'un art mineur sort un album abouti, sulfureux, voire scandaleux pour certains. Taillé dans le son anglais de l’époque, l'album est un ovni sonore. Et comme beaucoup d’albums avant-gardistes, il a eu bien du mal à trouver son public
Et d'ailleurs, l'album sera un flop commercial qui attendra 12 ans pour être certifié disque d'or.
Le grand Serge Gainsbourg sort en 1971 l'album "Histoire de Melody Nelson", album-concept imprégné du rock anglais et des écrits de Vladimir Nabokov.
L'Histoire de Melody Nelson est un chef d'oeuvre dans la longue et quasi-irréprochable discographie de Serge Gainsbourg. C'est un album mythique, un album culte qui sera N°1 au pays de Jane.
Un beau 5/5 soit une note méritée au vu de l'oeuvre et une note donnée sans aucune objectivité.
5
Sep 13 2024
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The Dreaming
Kate Bush
En 1982, Kate Bush, la sorcière du son, nous offre "The Dreaming" qui reste sa plus belle porte d'entrée dans son mode onirique.
Son 4e album, mais le 1er sur lequel elle exerce un contrôle artistique absolu, est une oeuvre singulière et personnelle où Kate Bush s’efforce de revenir aux origines du rythme. Celui du tam-tam, des battements de coeur, des sonorités tribales et slaves où violon, rhombe, mandoline, bouzouki et didgeridoo viennent se greffer sur des instruments électroniques et traditionnels.
"The Dreaming" est un rêve éveillé, rempli de sons, de textures, de couleurs, mais "The Dreaming" malgré toutes ses qualités sera un échec commercial cuisant. Le disque deviendra par la suite un véritable objet de culte et tous les fans s'accordent aujourd'hui pour admettre que c'est le sommet de sa discographie.
"The Dreaming" est une oeuvre d'art où Kate Bush change le registre sa voix, l’emmenant dans des tessitures graves, déchirantes, inédites, sur des morceaux d’une beauté fascinante.
Un gros 5/5 qui j'espère vous donnera envie de rentrer dans le monde de Kate Bush.
5
Sep 16 2024
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Dirt
Alice In Chains
Mélange de punk hardcore, de heavy metal et de rock indépendant, le grunge a surtout servi au début des années 90, de "tiroir" où les critiques ont pu classer facilement des groupes qui ne rentraient pas dans leurs cases pré-établies.
C’est en 1992 qu’Alice in Chains sort l’album "Dirt". Un disque emmené par la guitare lourde et acérée de Jerry Cantrell et le chant de Layne Staley dont les textes torturés et mélancoliques rentreront dans la légende.
Décrit par le chanteur comme étant un album à la fois beau, laid et sombre, "Dirt" est un exutoire où Layne Staley exprime le cercle nuisible que sa dépendance à l’héroïne lui a fait prendre.
Solitude, colère, dépression et, surtout, addiction à l'héroïne et ses conséquences tel est le constat effrayant que le frontman, conscient de sa lente autodestruction dont il n’a de cesse de tenter de s’extirper sans succès, aborde au travers des textes de "Sickman", "Junkhead" et "God Smack".
"Dirt" est aussi un disque émouvant, car dans un monde où la réussite fait figure de nouvelle religion, la fragilité de certains a été un fardeau trop lourd à porter ; et comme souvent dans ces cas-là, la drogue fût une réponse...
Le 5 avril 2022, Layne Staley succombera à une overdose, 8 ans, jour pour jour après un certain Kurt Cobain.
Un album à écouter et un gros 4/5 pour un disque d'une époque révolue, où grunge et metal passaient aux heures de grande écoute sur les chaînes généralistes.
4
Sep 17 2024
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Tommy
The Who
En 1969, The Who sort un album concept qui raconte l'histoire d'un garçon sourd, muet et aveugle nommé Tommy.
"Tommy" est considéré comme l'un des opéras rock les plus influents de tous les temps, mélangeant une musique puissante avec un récit complexe et introspectif.
L'album présente un large éventail de styles musicaux allant des hymnes hard-rocking comme "Pinball Wizard" aux ballades acoustiques délicates comme "Listening to You".
Les thèmes de "Tommy" explorent les traumatismes de l'enfance, l'illumination spirituelle et le pouvoir de la musique à guérir et à transformer. L'album est un véritable reflet socio-économique d’une époque d’après-guerre.
Il reste à ce jour une oeuvre majeure dans le monde du rock et elle apportera aux Who et à son créateur, Pete Townsend, un statut de légende.
Un 3/5 pour un album à écouter au moins une fois dans sa vie
3
Sep 18 2024
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McCartney
Paul McCartney
En 1970, Paul McCartney lance sa carrière solo après avoir quitté les Beatles. Son premier album, simplement intitulé "McCartney", a mis en valeur son talent brut et ses prouesses d'écriture de chansons, libre des contraintes de son groupe précédent.
Multi-instrumentiste, McCartney a joué de tous les instruments sur l'album, démontrant sa polyvalence musicale et son indépendance.
Un album à écouter et un tout petit 3/5 pour un album qui ne restera pas dans mes annales.
3
Sep 19 2024
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Bluesbreakers
John Mayall & The Bluesbreakers
En 1966, John Mayall propose à Eric Clapton de le rejoindre au sein de son groupe. Le résultat est un excellent album de blues rock nommé simplement "Blues Breakers With Eric Clapton"
Eric Clapton, au sommet de son art, obtiendra d'ailleurs son surnom de "God" grace à cet album de 12 titres où il mélange les reprises (Ray Charles, Robert Johnson, Otis Rush) et des titres spécialement écris pour l'occasion.
Dès le premier titre, Eric Clapton nous offre un son limite agressif et hyper saturé avec les potards à fond sur son ampli.
De cet intermède musical entre les Yardbirds et Cream, il en résultera un chef d'oeuvre entre stoner, rythm’& blues et cuivres représentant l’apogée du blues-rock british.
Un gros 3/5 pour un très bon disque de blues rock.
3
Sep 23 2024
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Graceland
Paul Simon
Lors de sa sortie en 1986, "Graceland" de Paul Simon a été acclamé par la critique grâce à son mélange harmonieux de rythmes et mélodies sud-africains et du style d'écriture de Paul Simon.
"Graceland" est la rencontre de deux mondes, il est à la fois rétro et innovant, multiculturel et intime. Il reste le plus grand succès commercial de la carrière de Paul Simon.
"Graceland" est sans conteste l'un des meilleurs albums des années 80 tous genres confondus et récupère un gros 4/5 pour un excellent album de World Music.
4
Sep 24 2024
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The Marshall Mathers LP
Eminem
J'adore Eminem et noter l'un de mes albums préférés va être difficile tellement je prends du plaisir à chacune de ses écoutes.
En 2000, quand "The Marshall Mathers LP" sort, ce fut l'effet d'une bombe. Comment un petit blanc sur 18 titres pouvez lancer des flows aussi dévastateurs ? Comment un blanc est arrivé si rapidement au même niveau que les pointures "black" du rap US ?
Pour sortir du lot, le réponse est simple "I don’t do black music/I don’t do white music", comme il le précise sur le titre "Who Knews".
"The Marshall Mathers LP" est avant tout un album de combat où tout le monde en prend pour son grade... "I make fight music, for high-school kids"... la presse, ses fans, ses collègues rappeurs, la musique pop en général, le gouvernement, sa mère, la télévision, sa petite amie, ses amis, sa maison de disques, la radio, d'autres membres de sa famille, Dieu, son propre moi.
Eminem est provocateur, et pour la pousser à son paroxysme, il utilise et continuera à utiliser par la suite, son double "Slim Shady" dans des registres racistes, sexistes, misogynes, homophobes, narcissiques et xénophobes. Et même dans la pire des provocations, Eminem reste un artiste qui fait de la vulgarité une poésie.
Reconnu pour avoir popularisé le hip-hop parmi les classes moyennes et supérieures des États-Unis, Eminem est considéré comme l'un des plus grands rappeurs de tous les temps.
Sorti il y a plus de vingt ans, "The Marshall Mathers LP" n'a pas pris une ride, il est et reste un incontournable du rap américain et une pièce maîtresse dans la discographie d'Eminem (ex aequo pour moi avec "The Eminem Show").
Un gros 5/5 et si ma note vous déplaît... "So you can suck my dick if you don't like, my shit"
5
Sep 25 2024
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Hybrid Theory
Linkin Park
En 2000, Linkin Park débarque dans les charts avec le single fusion rap metal "One step closer" qui sera suivi par l'album "Hybrid Theory".
Symbole des années 2000 et de la démocratisation du nu metal (fusion mêlant metal, hip-hop, electro, rock, funk et pop), "Hybrid Theory" est considéré comme un chef d'oeuvre par les fans et reste un énorme succès critique et commercial avec 27 millions de copies vendues à travers le monde.
Pour ma part et après une écoute difficile de ce "Hybrid Theory", et malgré quelques légers dodelinements de la tête, j'ai surtout vu face à moi un album neo-métal commercial et aguicheur pour ados en manque de sensations.
"Hybrid Theory" n'a donc rien de bien révolutionnaire, le groupe s'étant contenté de reprendre à son compte tous les ingrédients brassés par les Korn, Slipknot et autres Deftones.
Au final, ce sera un petit 1/5, car je n'ai absolument pas accroché ce trip "nu metal".
1
Sep 26 2024
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GREY Area
Little Simz
Ce projet d'écouter 1001 albums (et quelques bonus) vient de m'apporter de nouveau une très belle découverte.
Sorti en 2019, "GREY Area" de Little Simz est un album de rap anglais percutant. Avec un débit élastique, un flow nerveux, une voix uppercut et souple, cet album est un concentré parfait de modernité et d’influences old school.
Produit par Inflo, cet album est tantôt brut et puissant, tantôt mélodique et envoûtant. Piochant dans des influences parfois punk, parfois R’n’B/Soul/Lounge, voire carrément horrifiques et cinématographiques, et même dans des sonorités qu’on penserait tout droit venues du continent asiatique, "GREY Area" surprend continuellement.
Little Simz y aborde sa vie, ses propres névroses en faisant son auto-thérapie et, par la même occasion, en profite pour fermer quelques bouches. Elle assume également son énorme égo, et se défend de travailler dur et de ne pas avoir volé sa réussite.
Au final, j'ai été agréablement surpris par cette artiste que je ne connaissais pas et je commence sérieusement à m'y intéresser en écoutant ses autres productions.
Un beau 4/5
4
Sep 27 2024
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Oracular Spectacular
MGMT
En 2007, sort le 1er album de MGMT "Oracular Spectacular" qui a connu un véritable buzz sur Internet et qui a fait une entrée fracassante dans le monde de la musique. La critique comme les fans se sont prosternés devant cette oeuvre indie-pop.
Duo de la scène néo psyché de Brooklyn, le groupe joue une électro-pop psychédélique, portait par le single pardon l'hymne générationnel "Time to Pretend" puis par les tubes "Electric Feel" et "Kids".
Une note de 3/5 pour un album d'une génération qui a marqué l'année 2008 et qui est considéré comme l'un des meilleurs albums de sa décennie.
3
Sep 30 2024
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The Fat Of The Land
The Prodigy
Je ne suis pas un grand fan de techno ou d'électro, mais je ne suis pas réfractaire non plus au genre. Le plus souvent, je résume mes goûts dans l'électronica par une poignée de noms... Autechre, Underworld, Chemical Brothers, Fatboy Slim, Daft Punk, Portishead et j'en passe... donc pas de jungle, pas de trance goa, pas de house, pas de merde radiophonique...
En 1997, Prodigy groupe de rave britannique sort "The Fat of the Land". Porté par les tubes "Breath", "Firestarter" et le très controversé "Smack My Bitch Up" aux paroles misogynes, "The Fat of the Land" a connu un succès commercial en devenant l'un des albums les plus influents du genre.
"The Fat of the Land" reste une oeuvre révolutionnaire et emblématique dans l'histoire de la musique électronique avec textes contestataires, cadence infernale, guitares saturées et hip-hop subversif.
"The Fat Of The Land" est la naissance d'une techno furieuse qui revisite le punk des années 70. Conçue pour être écoutée à des niveaux sonores que la raison ignore, la musique de Prodigy prend aux tripes quitte à s'en rendre malade avec son lot d'infrabasses.
Un gros 4/5 pour un album à écouter très fort ;-)
4
Oct 01 2024
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At Newport 1960
Muddy Waters
L'album live de Muddy Waters, enregistré au Newport Jazz Festival en 1960, est doté d'une énergie débordante et de rythmes puissants. Il est tout simplement l'un des meilleurs albums de blues.
Muddy Waters a été l'un des premiers à introduire la guitare électrique dans le blues, et cet enregistrement live est l'une des meilleures vitrines de son talent.
Beaucoup d’artistes qui suivront (Rolling Stones, Jimi Hendrix, Led Zeppelin…) s’inspireront de ce blues électrique, sauvage et brut incarné par ce disque incontournable qui mènera vers le hard rock.
Un gros 4/5 pour un grand album de blues.
4
Oct 02 2024
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OK
Talvin Singh
En 1997, Talvin Singh, célèbre joueur de tabla et producteur, sort "OK" son premier album solo.
Pionnier du genre "tabla-tronics", cet album est important dans la fusion techno/asiatique, car Talvin Singh mélange magistralement les instruments traditionnels asiatiques avec des "beats de bhangra" et des rythmes électroniques.
Réinterprétation de musique classique indienne avec une abondance de flûtes, sitar et évidemment tabla, l'une des percussions les plus difficiles à jouer, "OK" est un album innovant qui prouve que le mélange de sons électro avec la musique classique asiatique est une des meilleures trouvailles musicales de ces dernières années.
Pour autant et malgré sa production 5 étoiles, je n'ai pas accroché plus que cela cet album.
Le voyage est là, le dépaysement musical aussi, mais j'ai trouvé que l'ensemble tournait en rond. J'ai eu l'impression étrange d'écouter le même morceau.
Dans le genre fusion, je préfère beaucoup plus des groupes comme Asian Dub Foundation, Cornershop ou Badmarsh and Shri pour ne citer qu'eux.
Un petit 3/5 pour un album à écouter au moins une fois dans sa vie.
3
Oct 03 2024
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Pink Flag
Wire
Parmi les groupes "punk" de la deuxième moitié des années 70, il y a les incontournables "Sex Pistols", les plus commerciaux "Clash", et puis il y a les autres...
Sorti en décembre 1977, le premier album de Wire est un chef d'oeuvre punk de 21 morceaux et 35 minutes (le morceau le plus court ne fait que 29 secondes).
Album révolutionnaire et minimaliste, album fondateur de la culture punk, "Pink Flag" ouvrira par la suite la voie aux groupes "hardcore" avec ses 21 morceaux taillés à la hache.
Plus de 45 ans après, "Pink Flag" reste toujours aussi frais et efficace et s'impose comme un bon et grand disque de punk anglais. Et nous prouve que le plus important n'est pas la musique en elle-même, mais plutôt comment on la joue.
Un gros 5/5 pour un incontournable du punk Britannique.
5
Oct 04 2024
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You've Come a Long Way Baby
Fatboy Slim
Sorti en 1998, le deuxième album de Fatboy Slim, "You've Come a Long Way, Baby" est un mélange étonnant de rythme funky-house, de scratch et de boucles d'échantillons.
Malgré son âge, "You've Come a Long Way, Baby" a résisté à l'épreuve du temps et reste une oeuvre agréable et influente dans le monde de la musique dance.
Un 4/5 pour un album Big Beat, Scratch and Sample qui est (peut être) le chef d'oeuvre du style "Big Beat".
4
Oct 07 2024
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Speakerboxxx/The Love Below
OutKast
En 2003, Outkast sort "Speakerboxxx/The Love Below", un double album qui met en valeur le talent du duo d'Atlanta.
D'un côté, nous avons, "Speakerboxxx" de Big Boi qui offre un rap old school, provocant et calibré. Big Boi frime, il la ramène, il nous parle de filles, de Cadillacs, de fringues et de godasses, parfois de choses plus sérieuses comme la guerre, le péché ou la solitude.
De l'autre "The Love Below" d'André 3000, un album sur le thème de l'amour avec un grand A. Soit l'amour sous toutes ses formes, les crues, les touchantes ou les fleurs bleues. Un album expérimental qui nous rappelle par moment un certain Prince.
"Speakerboxxx/The Love Below" est un album révolutionnaire et influent qui reste un point de repère dans l'histoire du hip-hop.
Un gros 4/5 pour un album fou et créatif... Un gros 4/5 pour 2h15 de plaisir.
4
Oct 08 2024
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Debut
Björk
Sorti en 1993, son premier (*) album solo mélange des éléments de dance, de jazz et de pop. (* le 2eme si on compte son disque enregistré en 1977 quand elle avait 12 ans).
"Debut" est un album qui alterne singles efficaces et qu'on retient encore après autant d'années ("Human Behaviour", "Venus as a boy", "Violently Happy" ou "Big Time Sensuality") et des titres beaucoup plus anecdotiques.
Si musicalement, "Debut" a pris un coup de vieux, il reste avant tout un beau témoignage de la naissance d'une artiste qui deviendra l’une des plus importantes de son époque, entre pop expérimentale, rock et musiques électroniques.
Un 3 sur 5 pour un album à découvrir.
3
Oct 09 2024
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Country Life
Roxy Music
Sorti en 1974, "Country Life" le 4e album de Roxy Music est un mélange de glam rock, d'art rock et de pop.
Malgré sa pochette controversée, qui a été interdite aux États-Unis. L'album qui explore les thèmes de l'hédonisme, du désir et de la poursuite de sensations fortes, a été encensé par le public.
Album audacieux, "Country Life" est un très bon album, plus dense que son prédécesseur, et qui est le dernier de la grande époque du groupe.
Un 3/5 pour un classique du glam rock.
3
Oct 10 2024
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The Bends
Radiohead
Après le carton mondial du single "Creep" extrait de leur 1er album, Radiohead sort en 1995 "The Bends" qui a marqué les esprits avec un changement radical vers le mouvement rock artistique expérimental et progressif.
Avec son chant plus affirmé et ses compositions plus solides, Radiohead a confirmé ses prouesses musicales en laissant une marque indélébile dans le paysage musical. Avec ses explorations musicales, "The Bends" est un chef d'oeuvre au même titre que leur album culte "OK Computer".
Un 5/5 pour un album majeur des années 90.
5
Oct 11 2024
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Black Monk Time
The Monks
En 1966, The Monks (groupe de GI américains basé en Allemagne) a sorti "Black Monk Time" son seul et unique album.
Pionniers du proto-punk, du proto-krautrock et du proto-VU, ce groupe au style provocateur (tout de noir vêtu et avec une tonsure de moine) a ouvert la voie à des centaines de groupes qui officieront par la suite dans des styles pourtant très éloignés les uns des autres. Cités en tant que référence autant par les White Stripes que par The Fall (excusez du peu), leur musique décomplexée et très corrosive pour l’époque au son très brut fait des Monks un excellent groupe de rock garage voir un groupe punk avant l'heure.
Voix déglinguée, paranoïaque ou explosives, guitares saturées, enregistrement lo-fi et rythmique en avant, les Monks se font plaisir en jouant leur musique.
Comme les Beatles, ils ont joué dans les mêmes salles de concert et les mêmes bars à putes d'Hambourg et certainement attrapé les mêmes maladies vénériennes. Mais à la différence des Beatles, ils resteront totalement inconnus du grand public.
Un album à écouter, un groupe à découvrir et un joli 4/5... Allons, soyons fou et rendons à César ce qui appartient à César… Ce sera à un beau 5/5.
5
Oct 14 2024
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The Specials
The Specials
Le premier album éponyme de The Specials, sorti en 1979 résume parfaitement avec leur mélange de ska, de punk, de reggae, de rocksteady et de dancehall, le mouvement ska 2-Tone.
Avec des titres comme "A Message to You Rudy", "Do the dog", "(Dawning of A) New Era", "Too Much Too Young" et l'immense "Monkey Man", l'album est un condensé de tubes.
Dans l'ensemble, le premier album de The Specials est un classique intemporel avec sa musique contagieuse et ses paroles engagées. L'album est un incontournable pour les fans de ska, de punk et de reggae, ainsi que pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la musique et de la culture britanniques.
Un gros 4/5 et pour continuer l'aventure du Ska, je ne peux que vous inviter à piocher dans des labels comme Trojan Records, Studio 1 et 2 Tone Records pour ne citer qu'eux.
4
Oct 15 2024
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Back At The Chicken Shack
Jimmy Smith
Jimmy Smith, le pionnier du "soul jazz", a connu dans les années 60 un immense succès chez Blue Note Records.
"Back At The Chicken Shack" sorti en 1963 en est le parfait exemple. Il met en vedette son Orgue Hammond ainsi que les talents du saxophoniste Stanley Turrentine et du guitariste Kenny Burrell et propose un album intemporel.
Un album à écouter au moins une fois dans sa vie et un 1/5, car malgré la présence de bons titres, l'album dans l'ensemble ne m'a pas plus enthousiasmé que cela.
1
Oct 16 2024
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Eliminator
ZZ Top
En 1983, ZZ Top sort son 8eme album "Eliminator", qui est certainement l'album le plus connu du groupe avec son mélange de guitares blues, de synthétiseurs et de séquenceurs.
"Eliminator" a été un tournant important dans leur carrière, en leur apportant un immense succès commercial et une reconnaissance mondiale. Car "Eliminator" est une usine à hits avec cinq singles dont trois qui vont terminer leur course dans le top 10 des charts américains. Et avec les vidéos qui ont tourné en boucle sur les chaînes américaines, ZZ Top a changé carrément de statut en devenant un groupe énorme.
Mais "Eliminator" n'est pas un excellent album, "Eliminator" est juste un bon album de Boogie Rock. Il n'ira donc pas au-dessus d'un 3/5
3
Oct 17 2024
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Crooked Rain Crooked Rain
Pavement
Formé en 1988 par Stephen Malkmus, Pavement sort en 1994 son 2e album "Crooked Rain, Crooked Rain".
"Crooked Rain, Crooked Rain" est un album fantastique et avec des titres comme "Gold Soundz", "Silence Kit", "Cut Your Hair" et "surtout "Range Life", Pavement a pris à contre-pied la scène grunge du début des années 90 et a fait de cet album un indispensable.
Pavement, le groupe le plus cool des années 90 a sorti avec "Crooked Rain, Crooked Rain" des chansons pop, mélodiques, décontractées et biscornues aux influences californiennes, surf-pop, surf rock.
"Crooked Rain, Crooked Rain" est un album majeur des années 90, un album plus travaillé, mieux produit avec un son un peu moins crade que le précédent, mais bien plus puissant.
Un beau 4/5 pour un album indispensable.
4
Oct 18 2024
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Scissor Sisters
Scissor Sisters
En 2004, les Scissor Sisters ont sorti leur 1er album qui est un mélange de pop, de disco et de rock. Avec des influences aussi multiples que les Bee Gees, David Bowie, Elton John, Queen, Chic... Leur premier album nous donne, dès les premières secondes, une folle envie de nous déchaîner sur les dance floor.
Bourré de tubes en puissance, ce premier album est une machine ouvertement gay, exubérante et flamboyante.
Un excellent premier album et un gros 4/5
4
Oct 21 2024
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Cosmo's Factory
Creedence Clearwater Revival
1970 est l'année de ma naissance, mais surtout en ce qui nous concerne, l'année de sortie de "Cosmo's Factory" le 5e album de Creedence Clearwater Revival.
"Cosmo's Factory" résume à lui seul toutes les facettes du groupe un mélange de rock, de blues et de country. En alignant un nombre stupéfiant de classiques intemporels, l'album offre l'image d'un groupe au sommet de son art. "Cosmo's Factory" reste un immense succès populaire et donne au rock (de bouseux) ses lettres de noblesse.
Un grand disque que je ne peux que conseiller et un grand 4/5
4
Oct 22 2024
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Abraxas
Santana
Je ne suis pas un grand fan des guitar hero comme Santana, mais je dois bien l'avouer, il est un excellent guitariste et son 2e album reste un classique.
Sorti en 1970, soit 1 an après sa révélation auprès du grand public lors du festival de Woodstock. L'album est un mélange de musique latine, de jazz, de salsa et de solos aux accents psychédéliques.
3 des meilleurs morceaux de Santana sont disponibles sur l'album, "Oye Como Va", "Samba Pa Ti" et "Black Magic Woman".
Un 3/5, car comme précisé je ne suis pas un grand fan des guitar hero.
3
Oct 23 2024
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Head Hunters
Herbie Hancock
En 1973, l'album "Head Hunters" a marqué la carrière d'Herbie Hancock en le propulsant des clubs de jazz enfumés à la célébrité.
Album Jazz-Funk par excellence, "Head Hunters" est surprenant, envoûtant, mélodique, voir même psychédélique à certains moments.
Je ne suis pas un grand amateur de jazz, et même si je ne suis pas hermétique non plus. "Head Hunters" reste un bon album, mais je n'ai pas accroché plus que cela.
Un 1/5 pour un disque à écouter au moins une fois dans sa vie.
1
Oct 24 2024
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Come Find Yourself
Fun Lovin' Criminals
Sorti en 1996, le premier album du trio new-yorkais Fun Lovin' Criminals, intitulé "Come Find Yourself", a eu un énorme impact sur la scène musicale avec son mélange de beats hip-hop, de rock et de blues.
Porté par leur premier single "Scooby Snacks" (célèbre pour ses extraits des films Reservoir Dogs et Pulp Fiction de Tarantino), l'album a rapidement atteint le sommet des charts.
Un album qui (presque) 30 ans après n'a pas pris une ride et qui se doit d'être découvert.
Un 3/5 pour un bon album de rap rock.
3
Oct 25 2024
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Violator
Depeche Mode
Groupe incontournable dans l'histoire post-70, Depeche Mode est devenu au fil des ans un groupe culte.
En 1990, "Violator" sort dans les bacs et propose un album très sombre en abordant les thèmes du sexe, de la dépendance, de la culpabilité et des conséquences des mensonges.
Considéré comme une référence pour sa fusion entre danse, rock gothique, synth-pop, funk Motown et rock'n'roll. "Violator" est considéré par les fans comme leur meilleur album voir comme un chef d'oeuvre.
Album de la maturité, "Violator", en enfonçant les clous du cercueil des années 80, a permis à Depeche Mode de rentrer dans les années 90 par la grande porte.
Un gros 5/5 pour un album de référence.
5
Nov 04 2024
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Tapestry
Carole King
En 1971, sort "Tapestry" le 2e album de Carole King qui met en évidence la transition d'une auteure-compositrice à succès à une auteure-compositrice-interprète célèbre, rompant par la même occasion la chaîne de production conventionnelle de l'époque.
"Tapestry" est un joyau de la pop et un chef-d’oeuvre de la musique américaine. La performance vocale de haute volée de Carole King s’impose comme une véritable claque envers toutes les pseudo-chanteuses des 30 dernières années, ces fameuses chanteuses kleenex que les médias nous abreuvent.
"Tapestry" reste un classique intemporel totalement indémodable, un album référence. Il a été aussi l'album solo le plus vendu de tous les temps jusqu'en 1982 et la sortie de "Thriller" de Michael Jackson.
Un 4/5 pour un excellent album et un grand classique de la musique américaine.
4
Nov 05 2024
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Out Of The Blue
Electric Light Orchestra
Sorti en 1977, "Out of the Blue" de Electric Light Orchestra est un album de rock orchestral avec sons synthétiques et vocodés.
"Out of the Blue" est également la meilleure contrefaçon des Beatles avec les mêmes enchaînements harmoniques, les mêmes mélodies, les mêmes arrangements et par moment le même timbre de voix.
Au final et après une écoute (difficile), je ne conseille pas cet album que j'ai trouvé trop long et trop mou.
Un 1/5 pour un album pompeux et prétentieux.
1
Nov 06 2024
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The Coral
The Coral
En 2002 sort le premier album de The Coral qui est un incroyable album fourmillant d'idées et de créativité.
Album jeune et plein de fougue grâce à son mélange de mariachis mexicains, de psychédélisme californien, de dub jamaïcain, de groove drogué de Madchester, de pop scintillante de Liverpool, de rock extrême. Cet album lors de sa sortie fut une véritable bouffée d'air pur.
Un premier album à découvrir et un gros 3 sur 5
3
Nov 07 2024
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Crosby, Stills & Nash
Crosby, Stills & Nash
Le premier album éponyme du supergroupe de folk-rock Crosby, Stills and Nash, sorti en 1969, est un classique du rock américain.
L'album contient certaines des chansons les plus connues du groupe, dont la chanson d'amour épique "Suite : Judy Blue Eyes", la chanson folk-pop "Pre-Road Downs", et la puissante mise en accusation de l'assassinat de Robert Kennedy "Long Time Gone".
Un 3/5 pour un bon album à écouter, mais que je trouve en dessous du très bon "Déjà Vu" sorti sous le nom Crosby, Stills, Nash & Young
3
Nov 08 2024
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Live At Leeds
The Who
Pour une fois, je vais commencer directement par la note en mettant un tout petit 1/5
Pourquoi cette note ?
J'ai toujours aimé les albums live, car ils offrent une prestation brute et sans filtre d'un groupe. Une prestation qui se veut excellente car elle sera gravée dans le marbre pour l'éternité.
J'aime beaucoup les enregistrements live (officiels ou non) mais ceux des groupes que j'affectionne au plus haut point et dont je connais leur discographie. Ceci afin de pouvoir situer un titre sur un album ou une époque ou le rapprocher d'un souvenir voir d'un sentiment (comme une petite madeleine de Proust).
L'album des Who "Live at Leeds" sorti en 1970 et tout l'inverse de ce que j'ai précédemment avancé. Les Who sont pour moi un groupe anecdotique, et même s'il est et restera un grand groupe qui a toute sa place dans l'histoire du rock. J'ai vaguement écouté leur discographie et j'ai d'ailleurs posé un petit 3/5 au fameux "Tommy" qui est juste un bon album.
Les Who ne me représentent pas, car ils n'appartiennent pas et surtout, ils n'appartiendront jamais à la bande son de ma vie donc le "Live at Leeds" est pour moi sans aucun intérêt et il ne mérite pas plus que 1/5.
Je pourrai finir en paraphrasant la chanson "My Generation", mais à celle-ci, je préfère l'une de ma bande son :
Burn down the disco
Hang the blessed DJ
Because the music that they constantly play
It says nothing to me about my life
Hang the blessed DJ
1
Nov 12 2024
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Achtung Baby
U2
U2 c'est un peu mon côté bipolaire, d'un côté, j'adore le groupe pour ses nombreux morceaux emblématiques et de l'autre, je le déteste pour ce qu'il est devenu.
En 1991, quand U2 sort "Achtung Baby", nous n'attendons plus plus grand chose d'eux à part un air de déjà vu. Mais quelle erreur car "Achtung Baby" apporte un changement significatif à la ligne créatrice du groupe avec ses influences électroniques et industrielles.
Dès le 1er titre de l'album, le ton est donné et avec sa guitare déformée et ses voix abrasives, l'album se veut comme un pont entre les années 80 et la décennie à venir.
Enregistré à Berlin, "Achtung Baby" est une réelle prise de risque. Album froid, théâtral, industriel et accouché difficilement et dans le doute, il est aussi l'album le plus courageux de la discographie du groupe.
Une note de 5/5 pour le meilleur album du groupe ou (selon moi) le meilleur ex aequo avec "The Joshua Tree".
Petit bémol tout de même, l'album manque cruellement d'énergie. Seul "Acrobat" sur ce point sort du lot en offrant une rythmique digne de ce nom.
5
Nov 13 2024
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Introducing The Hardline According To Terence Trent D'Arby
Terence Trent D'Arby
Sorti en 1987, l'album "Introducing the Hardline According to Terence Trent D'Arby" de Terence Trent D'Arby est un album remarquable de Soul Music et ceci malgré l'arrogance de l'artiste.
Arrogant, l'artiste l'est par ses déclarations... "Mon album est meilleur que le Sergent Pepper's des BEATLES", "Je suis un génie"... et suite à celles-ci, la presse l'attendra au tournant et ne le loupera pas pour son 2eme album.
Mais revenons au 1er album qui avec son écriture exceptionnelle, sa voix soul et sa production de premier ordre, en font un chef d'oeuvre intemporel.
Véritable succès commercial et acclamé par la critique, l'artiste sera récompensé d'un Grammy Award pour la meilleure performance vocale R&B masculine.
Un 3/5 pour un excellent album de Soul à écouter ou à découvrir.
3
Nov 14 2024
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Pearl
Janis Joplin
3 mois après que Janis Joplin ait décidé (2 semaines après Jimmy Hendrix), d'arrêter sa carrière pour faire son entrée dans le club très sélect des 27 (comme Hendrix d'ailleurs et Morrison quelques mois plus tard); "Pearl" sort en 1971.
Considérée comme la plus grande chanteuse de rock, soul et blues des années 60, Janis Joplin nous livre avec "Pearl" dix titres incontournables qui bénéficient d’une superbe production qui met parfaitement ses qualités vocales en avant. "Pearl" est son chef-d'oeuvre. Un disque testament, rempli de titres iconiques et qui sont parmi les meilleurs qu'elle aura jamais enregistrés.
Baptisé Pearl en référence au surnom qui était donné à l'artiste, l'album présente sa voix unique qui se brise sur des titres rock, soul, folk, country et bien entendu blues. Sur "Pearl", c'est la diversité qui domine comme pour nous prouver que sa voix s'adapte à tous les genres.
Pearl est toujours 50 ans après un grand disque de blues rock soul psychédélique et à qui je donne une note de 4/5
4
Nov 15 2024
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Marquee Moon
Television
En 1977, sort le premier album de Television "Marquee Moon".
Television c'est l'un des groupes les plus fascinants de la période punk et "Marquee Moon" c'est l'excellence du rock new-yorkais.
Television c'est aussi un ovni dans le paysage punk de l'époque. Pas vraiment punk, pas complètement rock, flirtant avec le jazz, Television c'est avant tout une esthétique post-punk mélodique.
Television c'est aussi un jeu de guitare extraordinaire de deux solistes. Quand la guitare de Tom Verlaine, torturée et chaotique rencontre celle de Richard Lloyd, lumineuse bien que plus classique. Le mélange des deux procure une atmosphère à la fois sereine et bucolique, alternant arpèges, riffs et solos.
Un 5/5 pour un album culte d'un groupe encore beaucoup trop méconnu du grand public.
5
Nov 18 2024
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Rio
Duran Duran
Sorti en 1982, l'album "Rio" de Duran Duran a propulsé le groupe vers la célébrité mondiale grâce à des titres emblématiques comme "Rio", "Hungry Like the Wolf" et "Save a Prayer".
L'album est un mélange de pop et de new wave grâce à ses mélodies accrocheuses, ses rythmes dansants et sa production soignée.
Un très bon disque et peut être le meilleur album du groupe, un 3/5 pour un disque à découvrir.
3
Nov 19 2024
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Kid A
Radiohead
En 2000, sort "Kid A" le chef d'oeuvre expérimental de Radiohead.
Musique introspective et minimaliste, travail sur la texture du son, effets électroniques, "Kid A" signe l'abandon du rock au profit d'une approche expérimentale.
Avec un son détaché, clinique, dépourvu de structures de chant traditionnelles et motivé par une énergie rythmique. "Kid A" intègre des influences de la musique électronique, en particulier des artistes de Warp Records, et présente des instruments non-conventionnels.
"Kid A" est un album exceptionnel qui demande de nombreuses écoutes avant d'apprécier à sa juste valeur les différents morceaux.
Un beau 5/5 pour un véritable ovni de musique avant-gardiste.
5
Nov 20 2024
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Red Headed Stranger
Willie Nelson
Sorti en 1975, l'album "Red Headed Stranger" de Willie Nelson est considéré comme une oeuvre majeur dans la musique country.
Album conceptuel sur un prédicateur en fuite après avoir assassiné sa défunte épouse et son nouvel amant, "Red Headed Stranger" est conté à l'aide de brefs poèmes.
Ses arrangements épurés mettent en valeur la voix pleine d'émotions de Willie Nelson et le récit captivant, qui explore les thèmes de l'amour, de la perte et de la recherche du réconfort.
En 1975, rien de tel n'avait été tenté dans le genre country et malgré l'inquiétude de Columbia, l'album s'est vendu à des millions d'exemplaires en se classant numéro 1 dans les charts country.
Un beau 4/5 pour l'un des meilleurs albums de Willie Nelson.
Un beau 4/5 pour du pur americana.
4
Nov 21 2024
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Music Has The Right To Children
Boards of Canada
Sorti sur l'excellent label Warp en 1998, l'album "Music Has the Right to Children" de Boards of Canada reste à ce jour leur album le plus facile d'accès.
"Music Has the Right to Children ", c'est 17 morceaux que l'on écoute sans le moindre effort. Des boucles qui se répètent, des beats lents, des touches subtils de synthé, des voix robotiques et métalliques, un sample de Sesame Street.
La mélancolie profonde des morceaux ravive des souvenirs d'enfance et nous touche en plein coeur. La froideur de la pochette se retrouve dans la quasi-intégralité des titres avec son atmosphère glaciale.
Suite à cet album, Boards Of Canada est devenu une énorme source d’inspiration et de respect.
Un album hors du temps et un gros 5/5 pour un pur moment de bonheur.
5
Nov 25 2024
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In-A-Gadda-Da-Vida
Iron Butterfly
En 1968, sort "In-A-Gadda-Da-Vida" de Iron Butterfly.
Grâce à cet album, Iron Butterfly se détachera immédiatement des autres formations de rock psychédélique et marquera par la même occasion le rock, grâce à son titre principal de plus de 17 minutes.
Pour le reste de l'album, les morceaux sont intéressants, mais ils seront toujours systématiquement supplantés par le terrible morceau qui a attiré toutes les attentions et qui continue à fasciner encore des décennies plus tard.
Au final un 1/5 pour un album qui a marqué l'histoire grâce à un seul titre mais qui dans l'ensemble a bien mal vieilli.
1
Nov 26 2024
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Electric Ladyland
Jimi Hendrix
Sorti en 1968, "Electric Ladyland" a marqué un moment charnière dans la carrière de Jimi Hendrix, mettant en valeur son génie musical et sa liberté créative.
Malgré les défis des tournées sans fin et le départ de son manager, Hendrix a canalisé son énergie dans la création d'un album exceptionnel.
L'album explore tous les genres qu’affectionne le guitariste. La soul, le blues, le rock, le psychédélisme, la pop et enfin le funk.
L'album contient deux titres épiques qui résument les divers talents de Hendrix : "Voodoo Chile" (une jam session de 15 minutes), tandis que "1983... (A Merman I Should Turn To Be) est un chef-d'œuvre psychédélique avec des éléments expérimentaux.
Un gros 4/5 pour un album majeur.
4
Nov 27 2024
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Come Away With Me
Norah Jones
"Come Away With Me" de Norah Jones, paru en 2002, est une invitation à un voyage intérieur, une parenthèse mélancolique et douce-amère qui a conquis le cœur de millions de mélomanes.
La voix de Norah Jones est au cœur de cet album. Grave, sensuelle et empreinte d'une émotion palpable, elle caresse les oreilles et pénètre l'âme. Chaque note est posée avec une délicatesse qui rappelle les grandes chanteuses de jazz, tout en apportant une fraîcheur et une modernité indéniables.
L'album est baigné d'une atmosphère intime et feutrée, propice à la rêverie. Les arrangements sont sobres et élégants, mettant en valeur la voix de Norah Jones et créant une ambiance à la fois jazzy et folk. Les mélodies sont simples et accrocheuses, mais leur profondeur émotionnelle les rend inoubliables.
"Come Away With Me" a rencontré un succès phénoménal à sa sortie et a propulsé Norah Jones au rang de superstar. Cet album a remporté de nombreux prix, dont cinq Grammy Awards, et a marqué le début d'une carrière prometteuse.
Un beau 4/5 pour un album à réécouter.
4
Nov 28 2024
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Beauty And The Beat
The Go-Go's
Sorti en 1981, le premier album des Go-Go's "Beauty and the Beat" est un excellent album pop/punk.
Né de la vague punk, c'est à Los Angeles que The Go-Go’s (groupe 100% féminin) a pris à rebours les attentes du public punk en s'orientant vers un son plus pop et des chansons accrocheuses.
"Beauty and the Beat" est un album efficace qui a bien supporté le poids des années. Un album entre power pop, surf rock et riot grrrls, un mix entre pop et punk.
Un album qui 40 ans après est toujours aussi frais et qui gagne un joli 3/5
3
Nov 29 2024
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Hearts And Bones
Paul Simon
Sorti en 1983, "Hearts and Bones" de Paul Simon est, bien qu'il soit un échec commercial, l'un des albums les plus personnels et ambitieux.
Musicalement, l'album mélange les diverses influences de l'artiste, jazz fusion, doo-wop et rock & roll tout en incorporant des sons contemporains grâce à ses collaborations avec le producteur de musique de danse Nile Rodgers et le compositeur minimaliste Philip Glass.
L'album le plus sous-estimé de Paul Simon, offre une exploration unique de la croissance personnelle et de l'expérimentation musicale de l'artiste.
Un beau 4/5 pour un chef d'oeuvre sous-estimé.
4
Dec 02 2024
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Dookie
Green Day
Sorti en 1994, "Dookie" de Green Day est un classique punk-pop qui en 15 morceaux et 38 minutes offre une attitude punk, des guitares bruyantes, des basses funky et des paroles énervées.
30 ans après, l'album garde, surtout si vous étiez en ce temps-là le genre à aimer le rap mais sans plus et qui ne pouvait saquer les musiques électroniques, une place dans ce pays merveilleux qu’on appelle la nostalgie.
Mais la nostalgie ne fait pas tout, car les 15 morceaux offrent sensiblement la même recette. Il y a bien quelques variations de tempo, quelques approches un peu différentes, mais ça ne sert pas à grand chose, car au final, l'album est devenu au fil du temps trop gentil.
Au final, "Dookie" est juste un bon album quand on est jeune en 1994 car en 2024, on devient un vieux con qui attend autre chose d'une bande de gosses.
Une note qui tourne en 2024 autour de 3/5
3
Dec 03 2024
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Dummy
Portishead
Sorti en 1994, le premier album de Portishead "Dummy" est une expérience sonore unique et immersive.
Avec ses paysages sonores étranges, son électronique troublante et la voix obsédante de Beth Gibbons, l'album vient de fêter ses 30 ans.
Malgré sa nature non conventionnelle, "Dummy" a connu un succès commercial et a été acclamé par la critique. Il reste une oeuvre déterminante du genre trip hop et continue de captiver les auditeurs par son originalité et sa profondeur émotionnelle.
Grâce à "Dummy", Portishead est devenu l'un des groupes les plus innovants et influents des années 1990.
Un beau 5/5 pour album novateur.
5
Dec 04 2024
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São Paulo Confessions
Suba
Encore une belle découverte avec "São Paulo Confessions" l'album posthume de Suba.
Sorti en 1999, "São Paulo Confessions" met en valeur le travail de Suba qui est de mélanger des sons traditionnels avec des techniques de production modernes soit une musique électronique imprégnée de rythmes brésiliens, de bossa nova et d'acid jazz.
"São Paulo Confessions" a contribué à établir la scène électronique brésilienne et 25 ans après sa sortie, il continue d'être une référence pour les musiciens qui cherchent à mélanger la musique électronique avec des sons organiques.
Un gros 4/5 pour un très bon album innovant.
4
Dec 09 2024
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So
Peter Gabriel
Sorti en 1986, "So" de Peter Gabriel est considéré comme l’un de ses meilleurs albums.
Album de tous les tubes avec "Sledgehammer", "Don't Give Up", "Big Time", "Red Rain" et "In Your Eyes", on retrouve dans "So" le sens mélodique de Peter Gabriel, ainsi que l’influence de la musique africaine, de la pop jangly et de la soul music, apportant à sa musique une fraîcheur nouvelle.
Un 4/5 pour l'un des meilleurs albums de Peter Gabriel.
4
Dec 10 2024
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Rubber Soul
Beatles
Sorti en décembre 1965 (soit juste à temps pour Noël), le 6eme album des Beatles "Rubber Soul" est l'album de la maturité.
Après l'excellent "Help" qui sonnait comme une apothéose de la première partie de leur carrière avec de grands titres pop, les Beatles décident d'être encore plus inventifs et audacieux avec "Rubber Soul".
Nouvelles structures musicales, nouveaux instruments, nouvelles techniques, nouvelle coupe de cheveux… Les Beatles sont en profonde mutation.
"Rubber Soul" expérimente pour la première fois le son nasillard et acide de la pédale fuzz pour jouer les lignes de basses et les instruments exotiques (sitar et bouzouki).
L’album est une nouvelle base sur laquelle le groupe s’appuiera pour enregistrer "Revolver", "Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band" ou encore "The Beatles".
Un 3/5 pour l'album de la maturité.
3
Dec 11 2024
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C'est Chic
CHIC
L'album "C'est Chic" de Chic sort en 1978 et il est immédiatement salué par la critique comme étant l'un des meilleurs albums des années 70.
Presque 50 ans plus tard, l'album a pas trop mal vieilli. Album incontournable de la musique "black" avec ses arrangements soignés, l'album respecte à la fois les codes de la musique "soul" et qui est, de surcroît, une véritable machine à danser.
Porté par le tube planétaire et indémodable "Le Freak", l'album est un exemple convaincant de musique faite pour bouger son corps.
Un 3/5 pour la bande-son d’une époque de liberté avec la pilule et avant le sida où Noir·e·s, Blanc·he·s, homos et hétéros se frottaient sur la piste.
3
Dec 12 2024
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People's Instinctive Travels and the Paths of Rhythm
A Tribe Called Quest
Avec ses paroles positives, inspirantes et son ambiance décontractée, le premier album de A Tribe Called Quest contraste fortement avec les thèmes agressifs et violents de la musique rap de la fin des années 80.
Sorti en 1990, "People's Instinctive Travels & The Paths of Rhythm" est un album ambitieux avec une approche innovante grâce à des lignes de basse, des percussions, des cuivres et des samples de jazz.
L'album a considérablement influencé les artistes hip-hop et les techniques de sampling devenant par la suite une référence.
Malgré quelques morceaux en deçà, l'album est considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs de A Tribe Called Quest, il met en valeur le talent, le style et les compétences individuelles des MC Q-Tip, Phife Dawg et Jarobi.
Un 4/5 pour un album de rap innovant.
4
Dec 13 2024
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High Violet
The National
Sorti en 2010, le 5eme album de The National, "High Violet" est un album à la fois sombre et chaleureux.
La voix rauque et désenchantée du chanteur est accompagnée par des guitares évoluant en spirales aériennes et des rythmes à la fois martiaux et souples.
"High Violet" est un chef d'oeuvre de pop rock sombre et mélancolique lardé de post rock et de touches bruitistes.
Un gros 4/5 pour un album à découvrir.
4
Dec 16 2024
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The Band
The Band
Malgré la présence de 2/3 titres qui sortent du lot, j'avoue que l'album éponyme de The Band m'a dans l'ensemble laissé de marbre.
Sorti en 1969 en pleine guerre du Vietnam, les chansons de l'album résonnent avec des thèmes liés à la guerre civile, à la famine et au malheur.
Un album agréable à écouter mais dont la production a bien mal vieilli.
Un 1/5 pour un classique du roots rock américain.
1
Dec 17 2024
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Illmatic
Nas
Sorti en 1994, le premier album de Nas, "Illmatic" est considéré comme un classique du hip-hop, mettant en valeur les compétences lyriques et narratives de l'artiste.
Avec 10 morceaux en 39 minutes, "Illmatic" propose une cohérence avec des morceaux qui se suivent et s'emboîtent facilement.
"Illmatic" est un album intemporel, qui à l'inverse de nombre d'albums de rap ne vieillit absolument pas. Un album sans aucune fausse note, avec un tempo et un flow qui nous prend pour ne plus nous lâcher.
Un gros 4/5 pour un album mature.
4
Dec 18 2024
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The Last Broadcast
Doves
Sorti en 2002, le 2eme album de Doves "The Last Broadcast" offre une musique douce, parfois cotonneuse, psychédélique et chargée de mélodies superbes.
"The Last Broadcast" est un album pop comme seuls les Anglais savent en faire, un album pop classique et indémodable.
Un 3/5 pour un album à découvrir.
3
Dec 19 2024
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Pornography
The Cure
Album sombre et torturé, pièce maîtresse dans la longue discographie de The Cure, "Pornography" sort en 1982.
"Pornography" est une exposition brute de désir, de sexe, de violence et de mort. Premier ou troisième volet d'une trilogie débutée ou terminée par celui-ci (nous ne savons plus vraiment), je peux sans erreur affirmer que "Pornography" est la fin d'un triptyque commencé par "Seventeen Seconds", triptyque constituant la "période noire" du groupe.
"Pornography" avec ses percussions martiales, froides, répétitives, ses guitares distordues, sa basse omniprésente, offre une expérience sonore rarement atteinte dans la discographie du groupe. Il reste à ce jour l'album le plus difficile d'accès.
"Pornography" à travers ses textes et sa musique est un album noir, malsain, torturé et déprimant. "Pornography" est à l'image de son créateur, un Robert Smith dépressif et paranoïaque qui ne voyait qu'une réponse à son mal être soit se suicider soit exorciser ses démons à travers cet album.
Un 5/5 pour l'un des meilleurs albums du mouvement coldwave, un 5/5 pour l'un des meilleurs album des années 80 et un 5/5 pour l'un des meilleurs albums du groupe.
5
Dec 20 2024
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Penthouse And Pavement
Heaven 17
Créé sur les cendres de Human League, Heaven 17 sort en 1981 son premier album "Penthouse and Pavement".
"Penthouse and Pavement" possède une particularité, car il est à la fois un vrai album et une démo, un vivier de singles et un terrain de jeu.
Album (presque) fini pour la face A, album expérimental pour la face B, "Penthouse and Pavement" s'appuie sur un son Synthpop ou électro-pop.
Au final, "Penthouse and Pavement" est un disque plus intéressant qu'agréable.
Une note de 3/5 soit une note presque finie ou une note expérimentale.
3
Dec 27 2024
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Here's Little Richard
Little Richard
"Here's Little Richard" est le premier album de Little Richard, sorti en 1957 et il faut bien avouer qu'à l'époque personne n'avait jamais rien entendu de tel.
Avec ses hurlements, son piano cavaleur, son enthousiasme contagieux et ses tenues flamboyantes, il inventait avec quelques autres le rock'n'roll.
Avec son hit dévastateur "Tutti Frutti", Little Richard fut le premier à recevoir des petites culottes durant ses shows, dès 1956, quand ce n'était pas des spectateurs rendus fous qui tentaient de sauter des balcons.
Un 3/5 pour un pilier du rock'n'roll.
3
Dec 30 2024
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Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
Beatles
Je n’aime pas les Beatles ou plus exactement, je supporte les Beatles dans mon paysage musical. Excepté l’album “Blanc” et quelques morceaux deci delà, je n’ai jamais trouvé une quelconque raison à m’adonner au culte des 4 de Liverpool.
L’album “Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band” sorti en 1967 ne m’a pas estomaqué et excepté 2 voir 3 morceaux qui sortent du lot, je n’arrive pas à comprendre l’engouement que cet album suscite 60 ans après sa sortie.
Malgré sa complexité et sa recherche créatrice, malgré la cohérence entre les titres, je ne suis pas fan du travail accompli. Malgré son classicisme, l’album innove avec ses textures psychédéliques car l’album “Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band” incorpore des éléments de la tradition anglaise avec l’exotisme oriental.
Un 3/5 pour un album à découvrir.
3
Dec 31 2024
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Fulfillingness' First Finale
Stevie Wonder
Pas un grand disque mais un bon disque, voici comment je pourrais résumer cet avis.
Sorti en 1974 sur le label Motown, "Fulfillingness' First Finale" de Stevie Wonder est le quatrième des cinq albums réalisés pendant sa "période classique" au cours des années 1970 avec "Music of My Mind", "Talking Book", "Innervisions", et "Songs in the Key of Life".
Loin de l'étiquette de "black music (trop reductrice), "Fulfillingness' First Finale" propose avec ses rythmes latinos, samba funky, reggae, funk, cool, soul/swing, gospel, un "bon" disque mais moins énergique, moins cohérent, moins parfait que "Innervisions".
Un disque qui commence à exploiter les sons électroniques et synthétiques et la programmation du moog.
Un bon disque à écouter et à découvrir et une note de 3/5
3
Jan 02 2025
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Horses
Patti Smith
Le premier album de Patti Smith, "Horses", sorti en 1975, est un mélange de poésie, de spoken word et d'énergie musicale brute.
Produit par John Cale, "Horses" présente la voix puissante de Patti Smith et ses paroles personnelles qui explorent les thèmes du sexe, de la religion, de la mort et de l'aliénation.
"Horses" comprend des morceaux remarquables comme le provocateur "Gloria : In Excelsis Deo", "Redondo Beach" infusé de reggae, et l'épopée "Land : Horses", inspiré de Hendrix.
Avec son mélange de rock and roll brut, de paroles poétiques et de narration intensément personnelle, "Horses" est considéré comme un album marquant des années 70.
Un beau 4/5 pour un album majeur des années 70.
4
Jan 03 2025
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Only Built 4 Cuban Linx
Raekwon
Après Method Man et Ol’ Dirty Bastard, Raekwon est le troisième membre du Wu-Tang à sortir, le 1er août 1995, son album solo produit par RZA.
Considéré comme l'un des plus grands albums de rap de tous les temps, "Only Built 4 Cuban Linx…" met l'accent sur la mafia américaine et le crime organisé. Pionnier du rap mafioso, "Only Built 4 Cuban Linx…" a eu un impact énorme sur la production musicale rap des années 2000.
L'album propose un arc narratif qui suit Raekwon et les autres membres du groupe comme des criminels naviguant dans le trafic de drogue, la production de RZA est elle fortement influencée par les films de John Woo, créant un paysage sonore sombre et cinématographique.
"Only Built 4 Cuban Linx…" est un classique du Clan qui, comme tous les classiques du Clan, est un classique du rap.
Un beau 4/5 pour un album majeur du rap US.
4
Jan 06 2025
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Abattoir Blues / The Lyre of Orpheus
Nick Cave & The Bad Seeds
En 2004, le plus sombre des compositeurs rock contemporain sort le double album "Abattoir Blues / The Lyre of Orpheus". Un double album qui comme les deux faces d'une même pièce, montre les deux visages de Nick Cave.
D'un côté "Abattoir Blues" est son rock intense, incantatoire et rageur. De l'autre "The Lyre of Orpheus" qui est majoritairement composé de ballades.
Au final, ce sera un 3/5 pour un double album qui aurait mérité d’être condensé en un seul disque d’une petite dizaine de chansons... Car sur 18 morceaux, seul un petit nombre peuvent être qualifiés de vraiment indispensables.
3
Jan 07 2025
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Ellington at Newport
Duke Ellington
Sorti en 1956, le "Ellington at Newport" de Duke Ellington, a relancé sa carrière en déclin.
Duke Ellington est un génie musical dont la carrière a été confrontée à des limitations raciales et esthétiques quand il s'est produit au Newport Jazz Festival. En effet le début de sa performance a eu lieu face à un public indifférent.
Celle-ci a néanmoins changé d'une façon spectaculaire quand a été présenté une pièce de blues mettant en vedette le solo de saxophone ténor de Paul Gonsalves.
Cette performance de Newport a marqué un moment important dans la carrière de Duke Ellington, démontrant sa résilience artistique et le pouvoir durable de sa musique pour captiver et unir un public diversifié.
Au final ce sera un 1/5 pour un disque à découvrir.
1
Jan 09 2025
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The Wildest!
Louis Prima
Sorti en 1956, "The Wildest !" de Louis Prima est un disque où règne le swing, la bonne humeur et le plaisir.
L'album emmené par le titre "I just a gigolo", offre des versions retravaillées des plus anciennes chansons de Louis Prima comme "The Lip" et "Oh Marie", ainsi qu'un remake de son single de 1950, "Buona Sera".
Suite à sa performance en 1954 au Sahara de Las Vegas, Walt Disney lui offrira le rôle du Roi Louie du Livre de la jungle.
Un beau 3/5 pour un bon disque de jazz plein de bonne humeur.
3
Jan 10 2025
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The Good, The Bad & The Queen
The Good, The Bad & The Queen
Le premier album de The Good, The Bad & The Queen, nouveau super groupe avec Damon Albarn (Blur), Paul Simonon (The Clash), Simon Tong (The Verve) et Tony Allen (batteur de Fela Kuti), sort en 2007.
Ce premier album se veut comme un "Parklife 2" centré sur la vie dans l’Ouest de Londres et se révèle être une collection de chansons mélancoliques, à l’ambiance feutrée. L'album est servi par un son aéré, inventif et produit par Danger Mouse qui a su insuffler une chaleur soul aux compositions de Damon Albarn.
Mais ce disque de ce "super-groupe" tourne un peu en rond et ne décolle jamais vraiment et les morceaux donnent parfois l'impression de se ressembler tous un peu.
Au final, ce sera une note mitigée de 3 sur 5 car même si l'album ne décolle jamais vraiment, il reste plaisant à réécouter.
3
Jan 13 2025
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It's Blitz!
Yeah Yeah Yeahs
En 2009, sort le 3e album des Yeah Yeah Yeahs "It’s Blitz !".
L'album produit par David Sitek, le sorcier de TV On The Radio tranche radicalement avec les deux précédents. Adieu la période "guitare ", car l’électronique et des sonorités eighties sont venues s’inviter sur une grande majorité des morceaux.
Malgré un son électro-pop entrainante, je ne sais pas sur quel pied je dois danser. Il y a bien 2 ou 3 très bons titres, mais dans l'ensemble l'album ne décolle jamais vraiment.
Au final, ce sera un 3/5, soit une note mi-figue mi-raisin pour un album qui n'est pas un mauvais album.
Un album commercial oui, un mauvais album non...
3
Jan 14 2025
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Bookends
Simon & Garfunkel
Enregistré entre 1966 et 1968, le 4eme album de Simon & Garfunkel "Bookends" sort en 1968.
"Bookends" est un album-concept sur la vieillesse et grâce au titre "Mrs Robinson", Simon & Garfunkel atteindront le sommet de leur carrière.
Minutieusement travaillé, qu'il s'agisse des paroles, de la mélodie, du son, de l'harmonie, des voix, ce quatrième album est d'une qualité sonore irréprochable.
Un très bon album et un gros 4/5
4
Jan 20 2025
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The Stone Roses
The Stone Roses
En 1989, le premier album des Stone Roses (groupe de branleurs prétentieux) fait un carton en Angleterre.
Considéré comme un classique, l'album marie la pop psychédélique avec des grooves de danse et permettra aux Stone Roses de s'affirmer comme étant l'un des groupes les plus novateurs de la fin des années 80.
Produit et arrangé par John Leckie, ce premier album éponyme est une véritable machine à danser à l'image des deux titres historiques que sont "I am The Ressurection" et "I Wanna Be Adored".
Avec ses arrangements, son utilisation des instruments, ses nappes sonores psychédéliques et envoûtantes, les Stone Roses entendaient réconcilier rave culture et indie rock.
En ouvrant la voie à tout un courant indie-dance, les Stones Roses deviennent les fers de lance de la scène "Madchester" de la fin des années 80.
Un gros 5/5 pour un album cosmique.
5
Jan 21 2025
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Neon Bible
Arcade Fire
Sorti en 2007, le très attendu 2eme album des canadiens d'Arcade Fire "Neon Bible" est un disque profondément marqué par la religion.
Enregistré dans une église, "Neon Bible" est un disque sombre, introspectif mais puissant voire grandiloquent... Et toujours rock.
"Neon Bible" est un excellent disque, mais pas si exceptionnel que ça. On y trouve à boire et à manger comme des montagnes russes avec beaucoup de sommets, mais également pas mal de creux.
Un album qui s'en sort avec un beau 4/5
4
Jan 22 2025
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Whatever
Aimee Mann
"Whatever" le premier album solo de Aimee Mann sort en 1993.
Avec cet album, l'ex Til Tuesday s'inspire des Beatles et des Byrds et met en valeur son talent d'auteur-compositeur.
Album pop-rock et folk-rock, les morceaux alternent d'un genre à l'autre mais dans l'ensemble j'ai préféré le coté folk-rock.
L'album n'est pas mauvais, il y a de bon morceaux mais dans l'ensemble il a mal vieilli.
Un 3/5 pour un album à écouter au moins une fois dans sa vie.
3
Jan 23 2025
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Sulk
The Associates
Sorti en 1982, le 3eme album de The Associates "Sulk" est une oeuvre unique dans leur discographie.
Avec cet album, The Associates délaissent les guitares post-punk pour les claviers new-wave.
La première moitié de l'album penche vers les sensibilités pop des années 80, tandis que la seconde moitié passe à un ton plus sombre et plus dramatique, illustré par des morceaux comme "No", une pièce gothique avec des voix intenses et un travail au piano.
Mention spéciale à la reprise "Gloomy Sunday" qui reste un choix audacieux compte tenu de son histoire et de son association avec les suicides. Le suicide tragique du chanteur en 1997 ajoute un poids supplémentaire à ce choix.
Un album à découvrir et un gros 4/5.
4
Jan 24 2025
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The Doors
The Doors
Le premier album des Doors sorti en 1967, est bien plus qu'un simple disque. C'est une véritable révélation, un mélange détonant de rock psychédélique, de poésie et de provocations.
L'album regorge de classiques qui ont traversé les décennies "Break on Through", "Light My Fire" ou "The End".
Le groupe, mené par le claviériste Ray Manzarek, propose une musique riche et complexe, mêlant des rythmes bluesy à des expérimentations psychédéliques. La voix de Jim Morrison gutturale et sensuelle est la marque de fabrique du groupe. Elle donne vie à des textes souvent énigmatiques, explorant des thèmes universels comme la mort, la sexualité et la rébellion.
Le premier album des Doors a marqué profondément l'histoire du rock. Il a ouvert la voie à de nombreux groupes et a influencé des générations d'artistes. Aujourd'hui encore, cet album continue de fasciner et de séduire, tant par sa musique que par ses paroles.
Un 4/5 pour un album légendaire.
4
Jan 27 2025
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Foo Fighters
Foo Fighters
Le 8 avril 1994, Kurt Cobain est retrouvé mort dans sa maison à Seattle. Il se serait suicidé d'une balle dans la tête trois jours plus tôt. Nirvana n'y survivra pas.
Dave Grohl, batteur du groupe, se lance alors dans un projet personnel qui va lui servir d'exutoire. S'occupant de tous les instruments ainsi que du chant, il enregistre un album en six jours contenant 12 titres.
Évidemment, Dave Grohl n'est pas Kurt Cobain, son chant ne possède pas la même force et musicalement, les différences ne sont pas non plus énormes avec notamment des guitares majoritairement saturées qui forment bien souvent un mur de son.
Le premier album des Foo Fighters sorti en 1995 reste un exutoire et il faut le prendre comme cela. Il faudra attendre les albums suivants pour qu'enfin la chenille se transforme en papillon.
Un 3 sur 5 pour un album ni bon ni mauvais... Un 3 sur 5 pour un album où aucun titre ne sort réellement du lot.
3
Jan 28 2025
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On The Beach
Neil Young
Sorti en 1974 et très loin des mélodies ensoleillées de "Harvest", "On the Beach" de Neil Young est un album sombre et introspectif.
Avec "On the Beach", Neil Young livre une musique brute, empreinte de mélancolie et de désespoir, reflétant une période de profonde remise en question.
L'album aborde divers thèmes comme Nixon et l'industrie pétrolière, mais aussi ses propres luttes (ses problèmes conjugaux, la perte d'un ami, le succès commercial de CSN&Y qui n'a pas réussi à lui apporter du réconfort).
Il reflète la tourmente personnelle et la désillusion de Neil Young face à la contre-culture et marquera le début de la période noire du Loner.
Même s’il a quelque peu dérouté le public et les critiques à sa sortie, "On the Beach" demeure un des grands albums de Neil Young.
Un gros 4/5 pour un grand album.
4
Jan 29 2025
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My Life In The Bush Of Ghosts
Brian Eno
"My Life in the Bush of Ghosts" est un album de Brian Eno et David Byrne sorti en 1981.
Mélange de funk, de post-punk et de musique du monde. L'album se caractérise par son utilisation intensive d'échantillons, qui sont tirés d'une variété de sources, notamment des émissions de radio, des émissions de télévision et des enregistrements de musique du monde.
Oeuvre importante dans le développement de la musique électronique, l'album aborde des sujets tels que la technologie, la culture et la mondialisation. Il explore également la relation entre l'homme et la machine, et il examine l'impact de la technologie sur la société.
Au final, c'est une note de 3/5 car bien que l'album n'ait pas vieilli et qu'il bénéficie d'une production léchée, il donne au bout de quelques titres l'impression que c'est le même morceau qui tourne en boucle.
3
Jan 30 2025
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Third/Sister Lovers
Big Star
Troisième album du groupe de rock américain Big Star, "Third" est sorti en 1978.
Considéré comme l'un des albums les plus importants et influents de l'histoire du rock, il a été enregistré dans une période difficile pour le groupe (perte de deux de ses membres-fondateurs, problèmes de drogue et de tensions internes, crise existentielle et artistique du leader Alex Chilton).
Album sombre, mélancolique et expérimental, les chansons sont souvent courtes et fragmentées avec des paroles introspectives et poétiques, il aborde les thèmes de la mort, l'amour, la perte et la solitude.
Salué pour sa beauté, sa complexité et son originalité, et bien qu'il a été un échec commercial à sa sortie, il est devenu un album culte au fil des ans.
Un beau 4/5 pour un album à découvrir ou à réécouter.
4
Jan 31 2025
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Calenture
The Triffids
Sorti en 1987, "Calenture" est le troisième album du groupe australien de rock alternatif The Triffids.
Considéré comme leur chef-d'oeuvre et comme l'un des meilleurs albums des années 1980. Les paroles sombres et mélancoliques abordent des thèmes tels que l'amour, la perte, la mort et l'isolement.
Un 3 sur 5 pour un album à découvrir.
3
Feb 03 2025
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James Brown Live At The Apollo
James Brown
Enregistré en 1962 au légendaire Apollo Theater de Harlem, l'album "Live at the Apollo" de James Brown est un témoignage de l'énergie brute et du talent James Brown.
Sorti en 1963, l'album nous plonge dans l'atmosphère électrique du concert. La voix puissante de Brown, ses pas de danse légendaires et l'interaction avec son groupe créent une expérience sonore immersive.
Il témoigne également de la diversité musicale de l'artiste. Gospel, Blues, R&B et Soul, James Brown mélange ces différents styles pour créer un son unique qui a influencé de nombreux artistes par la suite.
Un 3/5 pour un album débordant d'énergie.
3
Feb 04 2025
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The College Dropout
Kanye West
En 2004, Kanye West, rappeur et producteur, fait ses débuts avec l'album "The College Dropout".
L'album bénéficie d'une production soignée avec des mélodies riches, originales et accrocheuses, des rythmes entraînants et des samples intelligents de soul et de gospel.
Combinaison de thèmes introspectifs et d'observations sociales, "The College Dropout" parle des expériences, des doutes et des ambitions de Kanye West.
Il aborde des sujets comme la pression sociale, le matérialisme et le racisme.
L'album a été acclamé par la critique dès sa sortie, il a été un succès commercial, ce qui a propulsé la carrière de Kanye West au sommet de l'industrie musicale.
Un excellent album de hip-hop, mais seulement sur la 1ere moitié, car la 2eme (à partir du 11eme titre) est vraiment en dessous.
Au final, ce sera un 3 sur 5
3
Feb 05 2025
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A Grand Don't Come For Free
The Streets
Sorti en 2004, "A Grand Don't Come For Free" est le deuxième album de The Streets, le projet musical de Mike Skinner.
Album concept, il raconte l'histoire de Dave, un jeune londonien typique, qui fait face aux aléas de la vie quotidienne avec ses problèmes de coeur, ses soucis d'argent, sa relations avec ses amis, et chaque chanson représente une étape de sa vie.
Les textes de Mike Skinner, acérés et écrits dans un argot londonien, décrivent les joies et les peines de la jeunesse britannique. Ils abordent des thèmes variés tels que l'amour, l'amitié, la famille, la drogue, la violence.
L'album aux rythmes entraînants mélange des influences comme le hip-hop, le grime, l'électro et le garage.
"A Grand Don't Come For Free" est plus qu'un album, il est également un témoignage sociologique sur la vie des jeunes britanniques au début des années 2000. Un album qui a marqué son époque et qui continue de résonner aujourd'hui.
Un beau 5/5 pour un album concept original et immersif.
5
Feb 06 2025
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Roxy Music
Roxy Music
Roxy Music, groupe de rock britannique a sorti son premier album éponyme en 1972.
Mêlant rock, pop, glam rock et musique expérimentale, l'album est novateur et audacieux.
L'album propose un univers sonore à la fois familier et surprenant et ceci grâce au chant théâtral et sophistiqué de Bryan Ferry, aux mélodies accrocheuses et les arrangements audacieux, aux solos de guitare de Phil Manzanera et aux sonorités électroniques expérimentales de Brian Eno.
Dès sa sortie, "Roxy Music" a rencontré un succès critique et commercial retentissant, en se classant notamment dans le top 10 des ventes d'albums au Royaume-Uni. Son influence sur la scène musicale a été considérable, inspirant de nombreux artistes et groupes.
Tout comme "Country Life", ce sera un 3/5 pour un autre classique du glam rock.
3
Feb 07 2025
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Chelsea Girl
Nico
Attention chef-d'oeuvre...
Le premier album de Nico, "Chelsea Girl" est sorti en 1967.
Mélange de folk, de pop et de musique baroque, l'album aux arrangements soignés, aux mélodies douces et mélancoliques est un album vénéneux, froid et mélancolique.
Les textes souvent poétiques et introspectifs évoquent la solitude, l'amour perdu et la nostalgie.
Presque 60 après, cet album qui n'a pas vieilli, reste une oeuvre majeure dans l'univers du Velvet Underground.
un 5/5 pour une pépite de mélancolie et de poésie.
5
Feb 10 2025
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More Songs About Buildings And Food
Talking Heads
Le 2eme album des Talking Heads "More Songs About Buildings and Food" est sorti en 1978.
L'album est un mélange de punk rock, de funk et de musique du monde. Les paroles souvent absurdes et humoristiques abordent des thèmes sérieux tels que l'anxiété, l'aliénation, la société de consommation et la condition humaine.
Au final, ce sera un 3/5 pour un album énergique.
3
Feb 11 2025
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Iron Maiden
Iron Maiden
Sorti en 1980, le premier album d'Iron Maiden se caractérise par le son typique de la New Wave of British Heavy Metal (NWOBHM), le mouvement musical dont Iron Maiden est l'un des principaux représentants.
Avec un son brut et énergique, des guitares puissantes et incisives, une section rythmique solide et le chant de Paul Di'Anno énergique et expressif. L'album est un succès retentissant dès sa sortie et permet à Iron Maiden de se faire connaître du grand public et de s'imposer comme l'un des groupes phares de la NWOBHM.
Aujourd'hui encore, "Iron Maiden" (le premier album) est considéré comme un album majeur de l'histoire du heavy metal.
Au final, je pose une note de 1/5, car malgré la présence de 2/3 très bons morceaux et que dans l'ensemble chaque titre proposent de bonnes mélodies... Il faut systématiquement qu'ils soient pollués par les solos typiquement heavy (solos qui me gonflent au plus au point et qui en y réfléchissant bien ne servent strictement à rien)
1
Feb 12 2025
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Physical Graffiti
Led Zeppelin
Sorti en 1975, "Physical Graffiti" le sixième album de Led Zeppelin est considéré comme l'un de leurs meilleurs albums.
Énorme succès commercial et critique, l'album s'est vendu à des millions d'exemplaires dans le monde entier et a été salué par la critique pour sa qualité musicale et sa diversité.
"Physical Graffiti" présente un large éventail de styles musicaux, du hard rock, du blues, du folk, de la country et du rock progressif. Démontrant ainsi l'éclectisme du groupe
Au final, je lui mets une note de 1/5, car même si je respecte le groupe pour leur travail, je n'ai jamais aimé leur musique.
1
Feb 13 2025
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Konnichiwa
Skepta
Skepta, figure emblématique de la scène grime britannique, a sorti son quatrième album "Konnichiwa" en 2016.
"Konnichiwa" est un album profondément ancré dans le grime, ce genre musical énergique et brut né dans les rues de Londres. Skepta y déploie un flow puissant et percutant, rappant avec une énergie communicative sur des beats minimalistes et sombres. Les paroles sont souvent crues et réalistes, abordant des thèmes tels que la vie dans les quartiers défavorisés, la violence ou encore l'ambition.
L'album a propulsé le rappeur sur le devant de la scène internationale et il a été salué par la critique, remportant même le prestigieux Mercury Prize.
L'album compte également des collaborations prestigieuses, avec notamment Pharrell Williams sur le titre "Numbers" et ASAP Nast sur "Ladies Hit That". Ces featuring apportent une touche de fraîcheur et de diversité à l'ensemble, sans pour autant dénaturer l'identité sonore de Skepta.
Un gros 4/5, car même si l'album est très bon, il y a quelques titres légèrement en dessous des autres.
4
Feb 14 2025
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Rum Sodomy & The Lash
The Pogues
Sorti en 1985, le deuxième album des Pogues, "Rum Sodomy & the Lash" est un mélange de folk irlandais traditionnel, de punk rock et de poésie urbaine.
L'album, véritable manifeste de l'identité du groupe et de leur vision de la musique, propose une musique énergique, festive et profondément ancrée dans la culture irlandaise.
Les paroles, souvent inspirées de la littérature irlandaise et de la vie quotidienne des pubs et des rues de Dublin, sont à la fois poétiques, drôles et parfois cyniques. Shane MacGowan manie l'humour noir et l'ironie avec une virtuosité rare, décrivant avec une tendresse amère les réalités de la vie populaire irlandaise.
Produit par Elvis Costello, l'album est un véritable tour de force. Les instruments traditionnels irlandais, comme le tin whistle, l'accordéon et le banjo, se mêlent aux guitares électriques et à la batterie pour créer un son unique.
Un gros 5/5 pour un album qui fleure bon l’ambiance de pub et l’écume marine.
5
Feb 17 2025
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Bryter Layter
Nick Drake
Album essentiel de la musique folk britannique, le deuxième album de Nick Drake "Bryter Layter" est sorti en 1970.
Oeuvre mélancolique et poétique, l'album marque une évolution par rapport à son premier album, "Five Leaves Left".
L'album s'ouvre sur une pièce instrumentale entraînante et mélancolique, et nous invite dans l'univers de Nick Drake. Les compositions sont plus sophistiquées que sur le premier album, avec des arrangements plus riches et une instrumentation plus variée. La voix de Nick Drake, toujours aussi fragile et intimiste, est mise en valeur grâce aux mélodies accrocheuses.
Les textes poétiques et introspectifs, évoquent la solitude, le doute et la mélancolie. L'album est rempli de références à la nature et aux saisons, créant une atmosphère à la fois onirique et mélancolique.
Malgré toutes ses qualités, "Bryter Layter" fut un immense échec commercial et critique. Nick Drake va alors connaître ses premières grosses dépressions, accentuées par la drogue. Des jours sombres s’annoncent…
Un gros 4/5 pour un album mélancolique.
4
Feb 18 2025
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Violent Femmes
Violent Femmes
Le premier album éponyme des Violent Femmes, sorti en 1983, est un mélange brut et puissant d'énergie punk et d'instrumentation acoustique.
Violent Femmes est certainement, l'un des premiers groupes du courant punk-folk qui propose un mélange de punk, de folk et de rockabilly. L'album est porté par la voix inimitable de Gordon Gano et par des compositions originales et énergiques.
Dès les premières notes de "Blister in the Sun", on est frappé par l'énergie brute et la fraîcheur de la musique. Les morceaux s'enchaînent à un rythme effréné, avec des mélodies accrocheuses et des paroles souvent sombres et ironiques. Le son unique du groupe, mélange d'instruments acoustiques et électriques, fait merveille.
Plus de 40 ans après sa sortie, le premier album de Violent Femmes reste une référence pour de nombreux groupes et continue d'influencer la scène musicale actuelle. Son énergie, son originalité et son authenticité en font une œuvre à part, qui a su traverser les époques sans prendre une ride.
Un album à (re)découvrir d'urgence et un gros 4/5
4
Feb 19 2025
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The Yes Album
Yes
Rebelote, après "Close to the Edge" écouté le 28 Juin 2024, je viens de supporter durant 41 minutes le 3eme album du groupe, le "The Yes Album" du groupe Yes.
Comme je l'avais précédemment écrit, "The Yes Album" est comme pour "Close to the Edge" un résumé de tout ce que je n'aime pas... Un groupe, un genre, une décennie ou plus exactement le son d'une période.
Et ici, le trio gagnant sera de nouveau Yes, le progressive rock et le son des années 70.
Au final, après une écoute attentive et complète de l'album qui explore une variété de thèmes, allant de la nature et de la spiritualité à la technologie et à la société moderne.
Je pose la note de 1/5, car quand on n'aime pas, on n'aime pas.
1
Feb 21 2025
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Triangle
The Beau Brummels
Sorti en 1967 et considéré comme un classique de la pop psychédélique et du folk baroque, "Triangle" est le quatrième album du groupe de rock américain The Beau Brummels.
Mélange de différents styles musicaux, allant de la pop psychédélique au folk baroque en passant par le rock. Les chansons sont entraînantes et mélodiques, avec des arrangements riches et inventifs. Les paroles sont souvent poétiques et énigmatiques.
Malgré ses qualités, "Triangle" n'a pas connu un grand succès commercial à sa sortie. Il est aujourd'hui considéré comme un album majeur de la pop psychédélique et du folk baroque, et a influencé de nombreux artistes.
Un album à découvrir ou à redécouvrir (découverte pour ma part), "Triangle" s'en sort avec une note de 3/5.
3
Feb 24 2025
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Fear Of Music
Talking Heads
"Fear of Music", sorti en 1979, est le troisième album des Talking Heads. Il est considéré comme l'un de leurs meilleurs albums, un album de new wave paranoïaque et dansant.
Groupe novateur et original, les Talking Heads propose un album marqué par une atmosphère sombre et paranoïaque. Les paroles de David Byrne sont toujours aussi intelligentes et cyniques, évoquant les angoisses de la vie moderne. La musique est toujours aussi dansante et entraînante, avec des rythmes africains et des influences funk.
Un 4 sur 5 pour un album essentiel à découvrir ou à redécouvrir.
4
Feb 25 2025
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The Clash
The Clash
Monument du punk rock, le premier album de The Clash sorti en 1977, capture l'énergie brute et la colère de la jeunesse britannique de l'époque.
Avec un son brut et minimaliste, des guitares tranchantes, une section rythmique puissante et la voix distinctive de Joe Strummer; l'album propose des titres courts, rapides et intenses, qui abordent des thèmes tels que le chômage, la violence policière et l'injustice sociale.
Bien qu'il soit un album de punk rock, on trouve également des éléments de reggae, de rock 'n' roll et de ska. Une diversité musicale qui témoigne de l'ouverture d'esprit du groupe et de sa volonté d'expérimenter.
Un 3/5, car l'album reste bien en dessous du grand "London Calling" qui sortira en 1979.
3
Mar 04 2025
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American Gothic
David Ackles
"American Gothic" de David Ackles, sorti en 1972, est un album conceptuel qui dépeint une vision sombre et complexe de l'Amérique rurale.
Avec ses influences théâtrales qui rappellent Jacques Brel et qui mettent en valeur la voix forte et l'écriture dramatique de David Ackles. L'album nous emmène dans un voyage à travers des histoires de personnages marginaux et désespérés. Les textes sont riches en images et en métaphores, et la musique, qui oscille entre le folk, le rock et le théâtre musical, crée une atmosphère à la fois envoûtante et inquiétante.
Salué par la critique à sa sortie, il a acquis au fil des ans le statut d'album culte, bien qu'il n'ait jamais rencontré un succès commercial retentissant.
Un 3/5 pour un album complexe et exigeant. Un 3/5 pour un album à découvrir si ce n'est pas encore fait.
3
Mar 05 2025
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Nothing's Shocking
Jane's Addiction
Sorti en 1988, "Nothing's Shocking" de Jane's Addiction est un album qui mélange des éléments de rock alternatif, de punk, de metal et de funk.
Une fusion audacieuse qui a permis au groupe de se démarquer et d'innover dans le paysage musical de la fin des années 80.
"Nothing's Shocking" a également suscité la controverse en raison de sa pochette provocatrice, conçue par Perry Farrell.
Un beau 4 sur 5 pour un album à découvrir.
4
Mar 06 2025
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Electric Prunes
The Electric Prunes
Le premier album des Electric Prunes, sorti en 1967, est un disque de rock psychédélique de la scène garage de Los Angeles.
Il a été acclamé pour son son innovant, ses effets sonores expérimentaux, tels que le trémolo inversé de guitare, qui créent une atmosphère sombre et angoissante, renforcée par des voix distordues.
Malgré ces qualités, l'album manque dans l'ensemble de cohérence passant d'un style musical à un autre sans transition claire. Également la production de l'album peut sembler datée aux oreilles modernes, avec un son parfois brouillon et saturé.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour disque de rock psychédélique à découvrir.
3
Mar 07 2025
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Broken English
Marianne Faithfull
Oeuvre d'art brute et viscérale, témoignage poignant d'une renaissance artistique et personnelle, "Broken English" de Marianne Faithfull sort en 1979 et marque le retour fracassant de Marianne Faithfull après des années d'excès.
"Broken English" s'inscrit dans la mouvance new wave, avec des sonorités électroniques, des rythmes froids et des atmosphères sombres.
Mais c'est la voix de Marianne Faithfull, rauque et profonde, chargée d'émotion et de vécu, devient l'instrument central de l'album, portant des paroles crues et introspectives.
"Broken English" a été acclamé par la critique et a connu un succès commercial inattendu. Il est considéré comme l'un des meilleurs albums de Marianne Faithfull.
Un 5 sur 5 pour un album culte.
5
Mar 10 2025
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Elephant
The White Stripes
Album minimaliste (guitare, voix, batterie) au son brut et authentique, "Elephant" le 4eme album des White Stripes est sorti en 2003.
"Elephant", mélange de garage rock et de blues est l'album qui a confirmé le statut du duo comme étant l'un des groupes de rock les plus importants des années 2000.
L'album contient le single "Seven Nation Army", avec son riff de guitare immédiatement reconnaissable, qui est devenu un classique du rock.
Un gros 4/5 pour un album majeur.
4
Mar 11 2025
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Live!
Fela Kuti
L'album "Live!" de Fela Ransome-Kuti est sorti en 1971. L'album est un document historique et musical exceptionnel, car il capture une période charnière de la carrière de Fela.
En 1971, Fela est en pleine transition vers l'afrobeat, genre qu'il a lui-même créé en fusionnant le highlife, le jazz, le funk et les rythmes traditionnels yoruba.
"Live!" témoigne de cette évolution, avec des morceaux longs et hypnotiques qui permettent aux musiciens de s'exprimer pleinement.
Cet album marque également le début de l'engagement politique de Fela. Ses paroles, en pidgin anglais, dénoncent la corruption, l'oppression et les injustices sociales.
"Live!" est considéré comme l'un des meilleurs albums de Fela Kuti, et comme un classique de l'afrobeat.
Un gros 3 sur 5 pour un album à découvrir.
3
Mar 12 2025
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Orbital 2
Orbital
Le deuxième album du groupe de musique électronique britannique Orbital, "Orbital 2", également connu sous le nom de "Brown Album", est sorti en 1993.
Mélangeant techno, ambient, acid techno et trance, "Orbital 2" propose une exploration sonore et une expérience d'écoute cohérente.
Néanmoins et malgré la présence de bonnes idées, certains morceaux tournent en rond sans que l'on sache où le groupe veut aller.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un album qui donne une impression de remplissage.
3
Mar 13 2025
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Heroes to Zeros
The Beta Band
Sorti en 2004, "Heroes to Zeros" de The Beta Band est souvent considéré comme un adieu en demi-teinte du groupe écossais.
"Heroes to Zeros" conserve la signature sonore de The Beta Band, signature qui mêle des influences variées allant du folk psychédélique à l'électronique. Avec des morceaux hybrides (hip-hop, funky, pop, folk à la fois) et expérimentaux, l'album reste pourtant très accessible.
Malheureusement, l'album manque de cohérence, la cause étant à un assemblage de morceaux disparates, sans véritable fil conducteur. Mais également, certains titres manquent de la magie et de l'énergie qui faisaient la force des précédents travaux du groupe.
Au final, ce sera un 3/5 pour un album en demi-teinte, qui ne parvient pas à égaler les précédents titres de The Beta Band.
3
Mar 14 2025
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After The Gold Rush
Neil Young
Considéré comme l'un de ses chefs-d'œuvre, "After the Gold Rush" le troisième album studio du Loner sort en 1970.
"After the Gold Rush" est un mélange de folk, de country et de rock, avec des paroles poétiques et souvent énigmatiques comme la perte, l'environnement et la condition humaine. Et 50 ans après, on constate que les thèmes utilisés sont toujours d'actualité aux Etats-Unis.
Enregistré dans le sous-sol de la maison de Neil Young, et la production dite lo-fi apporte volontairement à l'ensemble un côté brut, intime et authentique.
"After the Gold Rush" est un album intemporel et qui s'en sort avec un gros 4 sur 5.
4
Mar 17 2025
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Rage Against The Machine
Rage Against The Machine
Le premier album de Rage Against the Machine, sorti en 1992, est un véritable coup de poing musical et politique.
Avec ses riffs de guitare reconnaissables entre mille et son flow incisif, l'album apporte une signature sonore unique. En fusionnant le rap, le metal et le funk, il a contribué à façonner le son du rock alternatif et du nu metal des années 1990.
Les paroles sont un cri de ralliement contre l'injustice sociale, le racisme, l'oppression gouvernementale et le capitalisme. Et des chansons comme « Killing in the Name » et « Bullet in the Head » sont des hymnes de protestation qui résonnent encore aujourd'hui.
Un gros 3 sur 5 pour un album qui a marqué l'histoire de la musique grâce à sa combinaison de son innovant, de paroles puissantes et d'engagement politique.
3
Mar 19 2025
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Parklife
Blur
Sorti en 1994, "Parklife" de Blur est l'album qui a défini le son de la Britpop, mais qui a surtout consolidé la place de Blur comme l'un des groupes les plus importants des années 90.
"Parklife"est un véritable kaléidoscope de styles, passant du rock énergique de "Girls & Boys" à la ballade mélancolique de "This Is a Low". Cette diversité témoigne du talent du groupe et de sa capacité à explorer différents genres.
Avec des éléments de pop, de punk, de new wave, et même de musique de music-hall, l'ensemble crée un paysage sonore riche et captivant.
Damon Albarn livre des paroles qui dressent un portrait précis et souvent humoristique de la vie britannique de l'époque. Les thèmes abordés incluent la culture de la classe ouvrière, la monotonie de la vie quotidienne et les excentricités de la société britannique.
"Parklife" est un album essentiel des années 90, un album qui s'en sort avec un 4 sur 5.
4
Mar 20 2025
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This Nation’s Saving Grace
The Fall
Sorti en 1985, "This Nation's Saving Grace" est le huitième album de The Fall, et il est un sommet dans la carrière du groupe.
"This Nation's Saving Grace" est un album à la fois déroutant et captivant, un mélange unique de pop, de post-punk, d'art-rock, de garage rock et d'expérimentation sonore.
Bien que l'album soit souvent classé dans le post-punk, il est bien plus que cela. La musique est complexe et inventive, avec des rythmes répétitifs, des guitares dissonantes et des claviers étranges. Le groupe utilise une grande variété de textures sonores, créant un paysage sonore riche et immersif. Quant à la voix de Mark E. Smith, elle est un instrument à part entière. Il gronde, il marmonne, il crie.
Chef-d'oeuvre complexe, l'album dégage une atmosphère sombre et claustrophobe avec des paroles cryptiques et satiriques, qui dépeignent un monde dystopique et aliéné.
"This Nation's Saving Grace" est au au final et si le genre devait être créé, un album de post-post-punk ou d'art-punk.
"This Nation's Saving Grace" est considéré comme l'un des meilleurs albums du groupe, et il faudra presque 20 ans pour que le groupe fasse un album aussi bon.
Un beau 5 sur 5 pour un grand et excellent album de post-punk.
5
Mar 21 2025
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Yeezus
Kanye West
L'album "Yeezus" de Kanye West, sorti en 2013, se distingue par un son expérimental, mêlant des éléments de hip-hop industriel, de musique électronique et de punk.
L'album offre une approche minimaliste avec des rythmes abrasifs, des synthétiseurs distordus et des samples audacieux.
Les thèmes abordés dans "Yeezus" sont sombres et provocateurs. Kanye West y exprime sa frustration face aux inégalités sociales, au racisme et à la célébrité. Les paroles sont souvent crues et agressives, reflétant la colère et le malaise de l'artiste.
"Yeezus" a suscité des réactions contrastées. Certains critiques et auditeurs ont salué l'audace et l'originalité de l'album, le considérant comme une oeuvre visionnaire. D'autres ont critiqué sa production abrasive et son contenu controversé.
Au final, ce sera un 4 sur 5 pour un album complexe et controversé qui ne laisse personne indifférent.
4
Mar 24 2025
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Reggatta De Blanc
The Police
Sorti en 1979, "Reggatta de Blanc" est le deuxième album du groupe de rock britannique The Police.
Ce qui frappe immédiatement, c'est que le premier morceau de chaque face (dans le cas d'un vinyle) est les deux singles extraits soit "Message in a Bottle" et "Walking on the Moon". Face à ces deux tubes mondialement connus, les autres titres sonnent irrémédiablement comme des faces B.
Dans l'ensemble l'album est un mélange de reggae, de rock, de punk et de new wave. La production reste minimaliste et épurée et met en avant l'interaction entre les trois musiciens.
Au final, l'album reste agréable à écouter mais il n'ira pas plus haut qu'un 3 sur 5 soit une note mi-figue mi-raisin.
3
Mar 25 2025
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MTV Unplugged In New York
Nirvana
Sorti en 1994, l'album "MTV Unplugged in New York" de Nirvana a été enregistré quelques mois avant la mort tragique de Kurt Cobain.
Contrairement aux performances électriques qui ont fait la renommée de Nirvana, cet album acoustique révèle une vulnérabilité et une sensibilité poignantes. Et les arrangements dépouillés mettent en lumière la qualité brute des chansons de Cobain, ainsi que sa voix chargée d'émotion.
L'atmosphère de l'album est à la fois intime et solennelle. L'ambiance tamisée du plateau de MTV, l'éclairage feutré et la présence de bougies contribuent à créer une atmosphère presque funéraire.
La performance de Cobain est particulièrement émouvante, sa voix oscillant entre douceur et intensité. Il semble habité par une mélancolie profonde, ce qui confère à l'album une dimension tragique à la lumière des événements qui ont suivi.
"MTV Unplugged in New York" est considéré comme l'un des meilleurs albums live de tous les temps. Il a remporté le Grammy Award du meilleur album de musique alternative en 1996.
Un gros 5 sur 5 pour un album à écouter, réécouter. Un album qui n'a pas pris une ride en 30 ans.
5
Mar 26 2025
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A Girl Called Dusty
Dusty Springfield
Le premier album de Dusty Springfield "A Girl Called Dusty" est sorti en 1964. Il reste une étape importante dans la carrière de l'artiste, car il marque surtout son départ du groupe The Springfields.
"A Girl Called Dusty" est un album de pop britannique des années 60, avec un mélange de soul, de pop et de R&B. Il comprend une sélection éclectique de reprises et de chansons originales. La voix de Dusty Springfield y est puissante et émouvante.
L'album est typique de l'époque, avec des arrangements orchestraux luxuriants qui complètent parfaitement la voix de Dusty. Bien que l'album soit un classique, il reflète aussi les conventions de son époque. Certaines chansons peuvent sembler datées aux oreilles modernes.
Au final, ce sera un 3 sur 5 car même si l'album est un classique, il reste en dessous du "Dusty in Memphis".
Album à qui j'ai donné la note de 4 sur 5, ici même, il y a quelques mois.
3
Mar 27 2025
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Yankee Hotel Foxtrot
Wilco
Sorti en 2002, "Yankee Hotel Foxtrot" de Wilco est un album qui a marqué un tournant dans l'histoire du groupe en offrant un album complexe et innovant.
L'album est un mélange de rock alternatif, de pop, de musique électronique et de sons expérimentaux. Avec l'utilisation de boucles sonores, de distorsions et d'effets électroniques, le groupe crée une atmosphère à la fois mélancolique et hypnotique.
Les textes, souvent abstraits et poétiques, explorent des thèmes tels que l'isolement, la confusion et la recherche de sens.
"Yankee Hotel Foxtrot" a été acclamé par la critique et est considéré comme l'un des meilleurs albums des années 2000. Il a permis à Wilco de gagner en notoriété et de se positionner comme un groupe majeur de la scène rock indépendante.
Un 3 sur 5 pour un album à découvrir.
3
Mar 28 2025
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Dust
Screaming Trees
Sorti en 1996, "Dust", le septième et dernier album des Screaming Trees est un album complexe de blues hanté, enregistré au crépuscule du Grunge.
"Dust" est une exploration musicale riche et texturée qui transcende l'étiquette grunge afin d'explorer des racines psychédéliques et folk-rock. Une attention particulière est portée à la richesse de la production et à la complexité des arrangements, avec l'ajout d'une instrumentation variée incluant des guitares acoustiques, des sitars, des cordes, des percussions exotiques et les claviers de Benmont Tench.
Les thèmes abordés dans "Dust" sont essentiellement sombres et introspectifs. La perte et le deuil dans des morceaux comme "Dying Days", qui évoque les nombreuses disparitions au sein de la communauté musicale de Seattle.
Mais aussi l'addiction et ses conséquences dans "Sworn and Broken", morceau souvent interprété comme un reflet des propres luttes de Mark Lanegan contre la toxicomanie.
Souvent considéré comme l'album le plus abouti et le plus complexe du groupe, "Dust" reste avant tout un signe avant-coureur de la carrière solo de Mark Lanegan.
Un 3 sur 5 pour un album post-grunge à découvrir.
3
Mar 31 2025
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The Freewheelin' Bob Dylan
Bob Dylan
Bob Dylan, figure emblématique de la musique folk, a marqué l'histoire par sa poésie incisive et son engagement social. Son deuxième album, "The Freewheelin", sorti en 1963 représente un tournant majeur dans sa carrière.
"The Freewheelin" a été enregistré dans un contexte socio-politique américain marqué par le Mouvement des droits civiques et sa lutte acharnée contre la ségrégation raciale, la Guerre froide et la menace constante d'une guerre nucléaire.
Les paroles de l'album qui explorent un éventail de thèmes allant de la protestation et au commentaire social, en passant par l'amour et la réflexion personnelle, témoignent de la maturité d'écriture de l'artiste.
Le style musical de l'album s'inscrit principalement dans les genres folk et blues, et il se caractérise par la voix singulière de Bob Dylan, souvent décrite comme brute et parfois nasillarde, mais toujours expressive et distinctive. L'instrumentation est volontairement minimaliste, se limitant principalement à la guitare acoustique de Bob Dylan et à son harmonica. Cette approche épurée met en avant l'intimité des paroles et de la performance.
"The Freewheelin" a non seulement propulsé Bob Dylan sur la scène nationale, mais a également amorcé son ascension au statut de "voix d'une génération", bien qu'il ait lui-même rejeté cette étiquette.
Au final ce sera un 3 sur 5 car l'album reste en dessous du très bon "Highway 61 Revisited"
3
Apr 01 2025
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Harvest
Neil Young
Neil Young, figure emblématique de la musique folk rock, a marqué l'année 1972 avec la sortie de son quatrième album "Harvest".
Fusion de folk rock et de country rock, l'utilisation d'instruments acoustiques, notamment la guitare acoustique, le piano et l'harmonica, confère à l'album une intimité et une chaleur particulière. L'influence du folk se manifeste dans les mélodies simples et les arrangements épurés de nombreux morceaux, tandis que des éléments de country rock, tels que la pedal steel guitar et le banjo sur "Old Man", ajoutent une couleur américaine rurale distinctive. La voix nasillarde et reconnaissable de Neil Young, souvent empreinte d'une certaine fragilité, est au cœur de l'album et contribue à son authenticité émotionnelle.
Plusieurs titres de "Harvest" sont devenus des classiques incontournables de Neil Young. "Heart of Gold" qui explore la quête de l'amour véritable, est sans doute la chanson la plus célèbre de l'album, voire de toute sa discographie. "Old Man", inspirée par le contremaître du ranch de Neil Young, Louis Avila, est une réflexion touchante sur le vieillissement et les similitudes entre les jeunes et les personnes âgées. La chanson titre, "Harvest", est une ballade douce et mélancolique, portée par la pedal steel guitar de Ben Keith et le piano de John Harris. Les paroles évoquent l'amour naissant avec l'actrice Carrie Snodgress et une interrogation sur la capacité à gérer une relation intense.
"Harvest" est devenu l'un des albums les plus acclamés de Neil Young et un classique du rock. Son succès commercial a contribué à populariser le genre singer-songwriter et a ouvert la voie à d'autres artistes folk rock et country rock. En 2015, "Harvest" a été intronisé au Grammy Hall of Fame, soulignant son importance culturelle.
Un gros 5 sur 5 pour un album majeur de la discographie de Neil Young.
5
Apr 02 2025
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London Calling
The Clash
Le troisième album du groupe The Clash "London Calling" est sorti en 1979 en Angleterre (1980 pour les USA).
Le mouvement Punk étant sur le déclin, les Clash ont décidé de se démarquer avec un album qui mélange habilement le punk rock avec le reggae, le rockabilly, le ska, le R&B, la pop et le jazz. Cette fusion de styles a été un élément clé de son succès critique et commercial.
Les thèmes abordés et dénoncés à travers les morceaux sont le chômage, la consommation de drogues, les conflits raciaux, la politique ainsi que les responsabilités des adultes dans la société.
Les critiques ont été extrêmement positives, soulignant l'aspect novateur de l'album qui a repoussé les frontières du punk. L'album est une oeuvre marquante qui a influencé de nombreux artistes par la suite.
Considéré comme le chef-d'oeuvre des Clash, "London Calling" s'en sort avec une note de 3 sur 5.
3
Apr 03 2025
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Miriam Makeba
Miriam Makeba
Sorti en 1960, le premier album de Miriam Makeba, affectueusement surnommée Mama Africa, a été un véritable pont culturel entre l'Afrique et l'Occident.
L'album a joué un rôle fondamental dans l'introduction de la "world music" avec un mélange d'éléments musicaux occidentaux familiers et de sonorités africaines authentiques. Un album qui propose une fusion de mélodies traditionnelles sud-africaines, notamment issues des cultures Xhosa, Zoulou et Sotho, harmonisées avec des influences jazz et des prémices de l'afropop.
60 ans après l'album a remarquablement bien vieilli, la voix et les arrangements sont encore aujourd'hui un pur plaisir à écouter. Ce premier album a été une vrai découverte pour ma part, car je ne connaissais pas l'artiste, et même si le titre "Mbube" est reconnaissable entre mille grâce à sa reprise sous le titre "The Lion Sleeps Tonight".
Au final, l'album s'en sort avec un 3 sur 5.
3
Apr 04 2025
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Astral Weeks
Van Morrison
L'album "Astral Weeks" de Van Morrison, sorti en 1968, marque une rupture radicale avec les succès pop antérieurs de Van Morrison, tels que "Brown Eyed Girl".
"Astral Weeks" tisse une toile sonore mêlant des éléments de folk rock, de folk jazz, de folk progressif, de blue-eyed soul, de blues et de styles classiques. Une fusion audacieuse qui a contribué à forger sa réputation durable de chef-d'œuvre, le plaçant fréquemment en tête des listes des "meilleurs albums de tous les temps".
Les thèmes abordés sont vastes et profonds comme l'amour romantique, l'amour perdu, le désir, le chagrin, la renaissance et l'union mystique. La nature abstraite et souvent non-linéaire des paroles et de la musique invite à une expérience d'écoute profondément personnelle.
A sa sortie, "Astral Weeks" n'a pas bénéficié d'une promotion importante de la part de sa maison de disques et le manque d'enthousiasme des critiques et du public souligne la nature non-conventionnelle de l'album, qui a peut-être été difficile à saisir.
Cependant, la réputation et l'appréciation critique de l'album ont considérablement augmenté au fil du temps. Les critiques ont loué le chant, les arrangements et l'écriture de Van Morrison. "Astral Weeks" est désormais reconnu comme l'un des albums les plus grands et les plus importants de l'histoire du rock.
Un 3 sur 5 pour album à découvrir.
3
Apr 08 2025
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The Suburbs
Arcade Fire
En 2010 sort le troisième album d'Arcade Fire, "The Suburbs"
L'album présente une analyse critique de la vie en banlieue, abordant la monotonie, l'aliénation et le désir d'évasion. Mais également des thèmes plus larges comme les divisions de classes, la guerre et l'impact de la technologie. Un autre thème central est la transition vers l'âge adulte, avec l'exploration des thèmes du passage à l'âge adulte, de la perte d'innocence et des complexités de la vie adulte.
Le son et la production de l'album sont décrits comme un mélange d'art rock des années 70 et de chamber pop. Il a été qualifié de "stadium glo-fi", combinant l'indie rock avec une ambiance plus disco.
Arcade Fire est un groupe de rock indépendant canadien reconnu pour sa musique ambitieuse et chargée d'émotion.
L'album se caractérise d'ailleurs par des contrastes dynamiques, passant de moments énergiques à des moments plus sobres.
"The Suburbs" est un album indie rock important des années 2010, il a d'ailleurs été largement salué par la critique et il a figuré sur de nombreuses listes des "Meilleurs albums de l'année".
Au final, ce sera un 4 sur 5 pour un album à découvrir.
4
Apr 09 2025
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Homework
Daft Punk
Le premier album de Daft Punk, "Homework", sorti en 1997, a propulsé Daft Punk sur la scène internationale, établissant ainsi leur réputation d'innovateurs sonores et en leur ouvrant la voie à une carrière emblématique.
Contrairement à une approche conventionnelle de la création d'album, Daft Punk a produit les morceaux qui allaient composer "Homework" sans intention initiale de les compiler en un seul disque. Selon Thomas Bangalter, c'est après avoir accumulé une quantité significative de titres sur une période de cinq mois qu'ils ont réalisé qu'ils avaient suffisamment de matière pour un album cohérent. Le titre "Homework" reflète la nature artisanale et domestique de la production de l'album, réalisé à la maison, avec des moyens limités, rapidement et de manière spontanée. Le processus d'enregistrement aurait duré environ 160 heures réparties sur cinq mois, à raison d'environ huit heures par semaine. L'album a été entièrement mixé et enregistré dans leur studio personnel, baptisé Daft House, situé à Paris.
"Homework" a engendré plusieurs titres qui ont marqué la musique électronique et ont contribué au succès retentissant de l'album. Parmi les morceaux les plus populaires et influents, on retrouve "Da Funk", "Around the World", "Revolution 909", "Burnin'", "Alive", "Fresh", "Phoenix" et "Rollin' & Scratchin'".
Ces titres phares ont non seulement défini le son de "Homework" mais ont également repoussé les limites de la musique électronique à l'époque de sa sortie, influençant de nombreux artistes et façonnant le paysage de la musique dance. Leur utilisation novatrice de la répétition, leur conception sonore unique et leurs accompagnements visuels mémorables ont établi de nouvelles normes pour la production et la performance de la musique électronique.
L'album "Homework" se distingue par un style musical éclectique qui puise dans diverses influences de la musique électronique. Trois éléments stylistiques ressortent particulièrement : l'utilisation créative des samples, les rythmes et textures caractéristiques de la house, et l'intégration d'influences disco.
Au final, ce sera un 3 sur 5 car "Homework" sonne trop house à mon goût.
1001albums.medira.org
3
Apr 10 2025
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Parsley, Sage, Rosemary And Thyme
Simon & Garfunkel
Sorti en 1966, "Parsley, Sage, Rosemary et Thyme" le 3e album de Simon & Garfunkel a mis en valeur un mélange de folk traditionnel avec un son contemporain des années 1960, le tout explorant des thèmes comme l'amour, la guerre et les commentaires sociaux.
"Parsley, Sage, Rosemary and Thyme" marque une étape décisive dans la carrière de Paul Simon et Art Garfunkel, les propulsant au rang de forces créatives majeures et d'artistes parmi les plus vendeurs de leur époque. Plus qu'une simple collection de chansons, l'album se révèle être une oeuvre complexe et nuancée, reflétant les tensions et les aspirations d'une époque charnière tout en posant les bases d'un héritage musical durable.
La sortie de "Parsley, Sage, Rosemary and Thyme" s'inscrit dans un paysage musical et social particulièrement dynamique. Le milieu des années 60 voit l'explosion du folk-rock, un genre hybride né de la fusion entre la musique folk traditionnelle et les sonorités électrifiées du rock'n'roll. Initié par des artistes comme Bob Dylan, qui électrifie sa musique au grand dam de certains puristes, et popularisé par des groupes comme The Byrds avec leur reprise de "Mr. Tambourine Man" de Dylan, le folk-rock devient rapidement la bande-son d'une génération en quête de sens et de changement.
L'album "Parsley, Sage, Rosemary and Thyme" a bénéficié pour la première fois d'un contrôle artistique total, le duo s'accorde une période de gestation plus longue, environ trois mois, ce qui était inhabituel à l'époque mais essentiel pour peaufiner leur vision. Egalement, il se distingue par sa palette sonore riche et ses arrangements soignés, qui vont au-delà du simple folk acoustique. Bien que la guitare acoustique de Paul Simon reste centrale, l'instrumentation se diversifie considérablement d'une piste à l'autre, créant des contrastes saisissants. On y entend des carillons délicats, des embellissements de clavecin, des claquements de cordes de contrebasse, des bongos frénétiques, une basse syncopée, et même des incursions dans des styles plus électriques et jazzy. Mais la caractéristique la plus emblématique de l'album demeure les harmonies vocales du duo. Le mélange des voix de Simon et Garfunkel, souvent décrit comme "angélique" ou "éthéré" pour Garfunkel et plus "terre-à-terre" pour Simon, atteint ici un niveau de perfection et de symbiose remarquable.
Au final, ce sera un 4 sur 5 pour un album intemporel.
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4
Apr 11 2025
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Scum
Napalm Death
Le premier album de Napalm Death "Scum", sorti en 1987 est une déflagration sonore, un acte de naissance brutal et fondateur pour un nouveau genre musical : le grindcore.
"Scum" c'est trente-trois minutes et quatre secondes réparties sur vingt-huit pistes qui ont redéfini les notions de vitesse, d'agressivité et d'extrémisme dans la musique heavy. Vingt-huit morceaux, dont "You Suffer" qui détient le record Guinness de la chanson la plus courte jamais enregistrée avec 1.316 secondes.
"Scum" c'est un album brut de décoffrage, une expérience sonore extrême, un assaut auditif où la vitesse et le bruit deviennent des éléments constitutifs du message. Un message dont les thèmes abordés sont variés, mais qui convergent vers une critique acerbe du système capitaliste, de l'autoritarisme et de l'aliénation sociale.
"Scum" c'est aussi un album enregistré avec deux formations distinctes pour chacune des faces du vinyle original.
D'un côté, la formation Nicholas Bullen (chant, basse), Justin Broadrick (guitare) et Mick Harris (batterie) joue avec l'héritage Punk/Hardcore du groupe. De l'autre coté, la formation Lee Dorrian (chant), Bill Steer (guitare), Jim Whitely (basse) et Mick Harris (batterie) joue la carte Metal Extrême.
Au final, ce sera un 4 sur 5 pour un album extrême et novateur. Un album à écouter fort, quitte à en avoir mal aux oreilles...
Un album qui est aussi une belle porte d'entrée vers trois de mes groupes préférés Godflesh (avec Justin Broadrick), Scorn et Painkiller (avec Mick Harris).
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4
Apr 14 2025
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Doolittle
Pixies
Sorti en avril 1989, "Doolittle", le deuxième album studio des Pixies, fut une déflagration abrasive, débordant de mélodies tordues, de paroles surréalistes et d'une dynamique sonore révolutionnaire. "Doolittle" a non seulement consolidé le statut culte du groupe de Boston, mais a également jeté les bases d'une grande partie du rock alternatif qui allait définir la décennie suivante.
Mélange de mélodies pop déconstruite, d'énergie punk et de surf rock, "Doolittle" conserve une énergie constante, sans points faibles, dépassant leur précédent album, "Surfer Rosa", en force et en cohérence.
L'album est célèbre pour son mélange de titres rapides et agressifs comme "Tame" et "Crackity Jones" et de morceaux plus calmes, lents et mélodiques tels que "Silver" ou "Here Comes Your Man". Cette fusion crée une tension constante, une imprévisibilité qui maintient l'auditeur en haleine.
La caractéristique la plus célèbre et influente de "Doolittle" est sans doute sa maîtrise de la dynamique "loud-quiet-loud" (fort-calme-fort). Cette technique consiste en des couplets calmes et sobres, souvent portés par la basse de Kim Deal et la batterie de David Lovering, qui explosent soudainement en refrains bruyants et intenses avec l'ajout des guitares saturées de Black Francis et Joey Santiago et le chant hurlé de Black Francis. Cette structure a été systématisée et popularisée par les Pixies, devenant une signature de leur son et un modèle largement imité par la scène grunge et alternative des années 90.
Les 38 minutes de l'album comportent 15 chansons qui explorent un univers sombre et décalé, mêlant imagerie surréaliste, violence biblique, torture, mutilation, mort, sexualité non-conventionnelle, et préoccupations environnementales, le tout avec la voix distinctive de Black Francis et les harmonies contrastées de Kim Deal.
L'histoire de "Doolittle" et des Pixies illustre un phénomène intéressant : celui de l'influence paradoxale d'un groupe "culte". Souvent décrits comme des héros de l'underground ou des "artistes pour artistes", les Pixies n'ont jamais atteint de leur vivant le succès commercial stratosphérique des groupes qu'ils ont massivement inspirés, comme Nirvana, Radiohead, PJ Harvey, The Smashing Pumpkins, Weezer, Pavement, The Strokes, Blur, et même David Bowie, qui était un grand admirateur et a repris "Cactus" de Surfer Rosa.
"Doolittle" est considéré comme l'un des albums les plus importants et influents jamais réalisés, ayant "changé la face du rock alternatif" et "pavé la voie" pour la génération de groupes des années 90.
Au final, ce sera un immense 5 sur 5 pour un chef d'œuvre intemporel qui 35 ans après n'a pris une ride et que j'écoute encore et encore avec toujours le même plaisir.
Et à chaque écoute, j'espère au fond de moi que le singe est bien monté au paradis.
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5
Apr 15 2025
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Lust For Life
Iggy Pop
Sorti en 1977, "Lust for Life" n'est pas simplement le deuxième album solo d'Iggy Pop, c'est surtout une déflagration d'énergie brute et le fruit d'une collaboration mythique avec David Bowie.
"Lust for Life" marque un retour aux sources du rock'n'roll pour l'Iguane, car "Lust for Life" c'est avant tout l'oeuvre d'un artiste qui, après avoir frôlé l'anéantissement personnel et professionnel, retrouve une vitalité féroce et la canalise dans neuf titres devenus pour la plupart emblématiques.
"Lust for Life" c'est un mélange des genres, rock'n'roll, hard rock et garage rock, rappelant par moments l'énergie brute des Stooges. L'album est souvent qualifié de proto-punk ou de new wave.
L'album déroule une série de morceaux devenus, pour la plupart, des classiques du répertoire d'Iggy Pop. Les paroles tissent une toile complexe de thèmes récurrents, miroirs de l'état d'esprit et du contexte de leur auteur. Des thèmes comme la survie, la résilience, l'hédonisme, l'excès, les addictions.
Au final ce sera un 3 sur 5 pour un album à découvrir.
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3
Apr 16 2025
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The Renaissance
Q-Tip
Le 4 novembre 2008 marque une date doublement significative : l'élection historique de Barack Obama à la présidence des États-Unis et, dans la sphère musicale, le retour discographique très attendu de Kamaal Ibn John Fareed, mieux connu sous le nom de Q-Tip. Figure emblématique du hip-hop, MC légendaire et architecte sonore principal du groupe A Tribe Called Quest.
Produit par Q-Tip, "The Renaissance" offre une "sensation sonore hip-hop" authentique, un son "pur" enrichi par l'apport d'instruments réels. "The Renaissance" c'est des vraies batteries, de vraies émotion et des musiciens jouant des solos.
L'album navigue avec aisance entre différents genres, puisant dans le Hip Hop, le Jazz, le Funk/Soul, et même l'Electronique , tout en étant profondément ancré dans une sensibilité Néo Soul. Le sampling, technique fondatrice du hip-hop et pierre angulaire du son de Q-Tip depuis A Tribe Called Quest, reste présent mais s'intègre de manière organique. L'artiste est d'ailleurs représenté sur la pochette avec une MPC2000XL, machine emblématique de cet art.
La force indéniable de "The Renaissance" réside dans sa capacité à offrir une diversité de sons, d'ambiances et de thèmes tout en maintenant une remarquable cohérence. La production maîtrisée de Q-Tip et son flow unique agissent comme des fils conducteurs, unifiant l'ensemble.
"The Renaissance" est une oeuvre pensée et exécutée avec une vision artistique claire, un "album complet" dont l'écoute d'une traite est une expérience particulièrement gratifiante.
Au final, ce sera un 3 sur 5 car je n'ai pas plus accroché que cela cet album.
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3
Apr 17 2025
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Chirping Crickets
Buddy Holly & The Crickets
Sorti en 1957, "The Chirping Crickets" des Crickets est bien plus qu'un simple premier album. C'est l'unique album studio paru du vivant de Buddy Holly avec son groupe The Crickets, c'est un disque fondateur qui a non seulement catapulté le jeune Texan et ses acolytes vers la célébrité, mais a aussi redéfini les contours du rock'n'roll naissant.
"The Chirping Crickets" s'inscrit fermement dans le rock and roll et le rockabilly, il fusionne habilement les influences country, rhythm and blues et le blues, créant un son à la fois familier et radicalement nouveau pour l'époque.
L'instrumentation, bien que classique en apparence, est cruciale dans la définition de ce son et du modèle du groupe de rock. La formation standard comprend Buddy Holly à la guitare solo et au chant principal, Niki Sullivan à la guitare rythmique, Joe B. Mauldin à la contrebasse, et Jerry Allison à la batterie. Cette configuration guitare-basse-batterie, avec un chanteur-guitariste leader, deviendra la norme pour d'innombrables groupes à venir.
La structure des chansons privilégie l'efficacité : des formats courts (souvent moins de trois minutes), des mélodies accrocheuses et des refrains mémorables. Les arrangements sont directs, sans fioritures inutiles. Cette apparente simplicité est en réalité une force majeure de l'album. Plutôt que de chercher la complexité instrumentale, Holly et les Crickets se concentrent sur l'essence de la chanson : le rythme, la mélodie, l'émotion brute.
Les paroles de l'album gravitent principalement autour des thèmes universels de l'adolescence : l'amour naissant, les relations amoureuses, le désir, la séduction, mais aussi le chagrin d'amour et l'incertitude.
L'importance historique de l'album est immense. Il est considéré comme l'un des débuts les plus significatifs de l'histoire du rock, aux côtés de ceux d'Elvis Presley ou des Beatles. Son influence la plus profonde réside peut-être dans l'établissement du modèle du groupe de rock autonome : quatre musiciens (chant/guitare, guitare rythmique, basse, batterie) jouant leurs propres instruments et écrivant leurs propres chansons.
Cette formule a eu un impact démesuré sur la scène britannique naissante, les Beatles, en particulier, doivent beaucoup aux Crickets. Mais aussi sur des artistes aussi divers que Bob Dylan, Eric Clapton, The Hollies, Elvis Costello, Elton John, Bruce Springsteen et le Grateful Dead.
"The Chirping Crickets" demeure un monument incontournable du rock'n'roll et il s'en sort avec une note de 3 sur 5 car on ressent à l'écoute le poids des âges (presque 70 ans).
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3
Apr 18 2025
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Stories From The City, Stories From The Sea
PJ Harvey
En 2000 sort "Stories from the City, Stories from the Sea", le 5e album de PJ Harvey.
L'inspiration principale de l'album puise ses racines dans l'expérience new-yorkaise de l'artiste, l'énergie frénétique, les contrastes et l'aura mythique de la ville nourrissent les textes et insufflent une dynamique nouvelle à une partie de l'album. Mais des chansons ont également été écrites à Londres et dans son Dorset natal, créant un dialogue implicite entre l'agitation urbaine ("the City") et un espace plus intime, peut-être lié à ses origines ("the Sea").
Classé dans la catégorie rock alternatif, "Stories from the City, Stories from the Sea" se distingue par une approche sonore résolument plus accessible et mélodique que ses prédécesseurs. Le son est décrit comme "luxuriant", "vibrant", "poli", attirant l'auditeur par sa plénitude plutôt que par l'abrasivité caractéristique des premiers albums. Si la production est plus lisse, l'intensité et la tension chères à PJ Harvey demeurent palpables, créant un équilibre fascinant entre une sensibilité quasi-pop et une énergie rock affirmée, parfois qualifiée de "poppy-garage rock".
L'instrumentation, bien que centrée sur le trio guitare-basse-batterie, s'enrichit de textures subtiles. Les guitares sont particulièrement mises en avant, avec des riffs clairs, des arpèges chatoyants et des couches mélodiques travaillées. S'y ajoutent des touches de piano, d'orgue, d'harmonium, de clavecin, de maracas, et même des cordes discrètes ou un vibraphone, qui viennent colorer l'ensemble sans l'alourdir. Malgré cette richesse apparente, les arrangements conservent souvent une certaine économie de moyens, laissant respirer la musique et mettant en valeur la force des compositions.
Ce son plus "poli" marque une évolution stylistique claire, contrastant avec la crudité viscérale des ses premiers albums comme "Dry" ou "Rid of Me", ou même avec le blues plus sombre de "To Bring You My Love"
La voix de PJ Harvey, elle aussi, semble évoluer. Tout en conservant sa puissance expressive et son timbre "fiévreux", elle paraît plus détendue, plus maîtrisée. Capable de murmures intimes comme de cris rock'n'roll, elle navigue avec aisance entre les différentes atmosphères de l'album.
L'amour s'impose comme le thème lyrique prédominant de l'album, exploré sous de multiples facettes : passionné, joyeux, parfois jusqu'à l'obsession. C'est un amour qui rend "immortel", qui submerge et simplifie l'existence. La vulnérabilité et la beauté irradient de ces textes, offrant une vision plus lumineuse des relations que dans ses œuvres précédentes.
L'album est construit avec une dynamique interne réfléchie. Il démarre sur les chapeaux de roues avec l'urgence rock de "Big Exit", puis alterne habilement les morceaux énergiques et les plages plus calmes, atmosphériques ou mélancoliques. La tension monte et redescend, pour finalement s'achever sur la quiétude éthérée de "We Float", une conclusion apaisée et flottante.
Dès sa sortie, "Stories from the City, Stories from the Sea" reçoit un accueil critique extrêmement favorable, frôlant l'unanimité. Ce succès critique se double d'une réussite commerciale notable. Il devient le deuxième plus grand succès de PJ Harvey après To Bring You My Love (1995), dépassant le million d'exemplaires vendus dans le monde.
La consécration arrive en 2001 avec le Mercury Prize, récompense très prisée au Royaume-Uni. PJ Harvey devient ainsi la première artiste féminine solo à remporter ce prix, marquant l'histoire de la récompense. L'album récolte également deux nominations aux Grammy Awards. La cérémonie du Mercury Prize se déroule le 11 septembre 2001, une date qui confère une signification particulière et poignante à la victoire de cet album si intimement lié à New York.
Au final, ce sera un 4 sur 5 car ma préférence reste toujours sur les premiers albums de PJ.
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4
Apr 22 2025
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Getz/Gilberto
Stan Getz
En 1964, le label Verve Records publiait un album qui allait marquer l'histoire de la musique : "Getz/Gilberto". Fruit de la collaboration entre le saxophoniste ténor américain Stan Getz et le guitariste et chanteur brésilien João Gilberto, cet enregistrement mettait également en vedette le pianiste et compositeur Antônio Carlos Jobim, architecte de nombreuses pièces de l'album.
La magie de "Getz/Gilberto" réside dans la fusion extraordinairement réussie de deux sensibilités musicales distinctes mais profondément compatibles : le cool jazz incarné par Stan Getz et la bossa nova portée par João Gilberto et Antônio Carlos Jobim. Une fusion portée à un niveau d'élégance et de séduction rarement égalé.
"Getz/Gilberto" a connu un énorme succès grâce au son single "Ipanema" qui est devenu un classique et l'album lui-même qui a remporté les Grammys pour l'enregistrement de l'année, l'album de l'année, le meilleur album de jazz instrumental et le meilleur album d'ingénierie, consolidant sa place en tant que classique de la bossa nova.
Un 3 sur 5 pour un classique intemporel.
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3
Apr 23 2025
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Fisherman's Blues
The Waterboys
Sorti en octobre 1988, "Fisherman's Blues" des Waterboys n'est pas simplement le quatrième album studio du groupe, c'est une déclaration, une réorientation audacieuse, et un voyage musical qui a emmené Mike Scott et ses compagnons loin des rivages de leur "Big Music" précédente pour explorer les eaux profondes et riches de la musique folk irlandaise, écossaise, country et rock and roll.
"Fisherman's Blues" se définit principalement comme un album de folk rock et de celtic rock, mais sa palette sonore est bien plus large en intégrant des éléments de country, de blues, et même de gospel, styles explorés abondamment durant les longues sessions d'enregistrement de l'album.
Le résultat est un son organique, souvent acoustique et l'arrivée du violoniste Steve Wickham comme membre officiel en 1985 n'est pas étrangère à cela. Son violon ("fiddle") devient un élément central, tissant des mélodies entraînantes, créant des atmosphères envoûtantes et offrant un contrepoint émotionnel constant à la voix de Scott.
Le son de "Fisherman's Blues" est celui d'un groupe qui respire, explore et célèbre la musique de manière collective et spontanée. Plusieurs thèmes majeurs traversent l'album comme la liberté et l'évasion, les quêtes spirituelles, l'amour et les relations humaines.
"Fisherman's Blues" est une célébration de l'Irlande, de ses paysages, de sa culture et de son héritage musical et littéraire. Cela se manifeste par l'adaptation de poésie irlandaise, les collaborations avec des musiciens locaux, et même le remplacement des noms de lieux américains par des noms irlandais dans la reprise de "This Land Is Your Land".
Au final, ce sera un 3/5 pour une pierre angulaire du folk-rock et du rock celtique.
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3
Apr 24 2025
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Private Dancer
Tina Turner
En 1984, le monde de la musique assiste au retour triomphal de Tina Turner, car à 44 ans, elle revient sur le devant de la scène avec "Private Dancer"
Bien plus qu'une simple collection de chansons, "Private Dancer" est la preuve qu'une artiste peut se réinventer et atteindre des sommets inédits, défiant les conventions de l'âge, du genre et de la race dans l'industrie musicale. Cet album a non seulement redéfini la carrière de Tina Turner, la propulsant au rang de superstar mondiale, mais a également laissé une empreinte indélébile sur le paysage pop-rock des années 80.
"Private Dancer" embrasse un son résolument ancré dans les années 80, mélangeant habilement pop, rock, R&B contemporain, avec des touches de new wave, de smooth jazz, et même de reggae. Cette fusion ne sacrifie jamais l'intensité émotionnelle brute de Tina Turner.
Le succès de "Private Dancer" réside essentiellement dans la performance vocale extraordinaire de Tina Turner. À 44 ans, sa voix a mûri, gagnant en profondeur et en texture sans perdre une once de sa puissance légendaire. Son timbre rauque et immédiatement reconnaissable est l'instrument principal de l'album, capable de transmettre une palette d'émotions allant de la vulnérabilité à la défiance, de la sensualité à la colère.
L'album "Private Dancer" regorge de chansons mémorables, dont pas moins de sept ont été exploitées en single dans différents territoires, témoignant de sa richesse et de son potentiel commercial. Plusieurs de ces titres sont devenus des classiques intemporels et des piliers du répertoire de Tina Turner.
Au-delà de la musique et de la voix, la force de "Private Dancer" réside aussi dans ses thèmes lyriques. L'album tisse une narration cohérente autour de la résilience, de l'indépendance, de la force face à l'adversité et d'une vision souvent complexe, voire cynique, de l'amour.
Quarante ans après sa sortie, "Private Dancer" demeure un monument de la musique populaire. Mais à cause d'un son trop ancré dans les eighties, l'album s'en sort avec un 3 sur 5.
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3
Apr 25 2025
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My Aim Is True
Elvis Costello
En 1977, le paysage musical rock accueillait un nouveau venu au nom provocateur et au talent indéniable : Elvis Costello. Son premier album, "My Aim Is True" est une déflagration en plein période punk et à l'aube la new wave.
Avant de devenir Elvis Costello, Declan Patrick MacManus avait déjà roulé sa bosse sur la scène musicale britannique, sans grand succès. Après des débuts dans des groupes comme Rusty (un duo folk-rock à Liverpool) et Flip City (plus orienté pub rock à Londres), il peine à trouver sa voie et à convaincre les maisons de disques. C'est finalement le jeune et audacieux label indépendant Stiff Records, fondé par Jake Riviera et Dave Robinson, qui lui donne sa chance, d'abord comme auteur potentiel pour d'autres artistes du label, notamment Dave Edmunds.
L'enregistrement de "My Aim Is True" se déroule dans des conditions spartiates, typiques des productions indépendantes de l'époque. Réalisé aux Pathway Studios à Londres, un studio 8 pistes exigu décrit par Costello comme à peine plus grand qu'une cabine téléphonique, l'album est bouclé en six sessions de quatre heures, pour un coût total d'environ 2 000 £.
Pour l'accompagner en studio, Elvis Costello est épaulé par les membres du groupe américain Clover, alors basé à Londres. Ironiquement, Clover, un groupe de country rock californien, n'est pas crédité sur la pochette pour des raisons contractuelles. Parmi ses membres figurent le guitariste John McFee (futur Doobie Brothers), le claviériste Sean Hopper et le bassiste Johnny Ciambotti (qui rejoindront Huey Lewis and The News), ainsi que le batteur Mickey Shine. Cette collaboration inattendue entre le songwriter britannique acerbe et ces musiciens américains aux racines country-rock crée une alchimie particulière est offre un son "Transatlantic pub rock" qui le distingue des albums suivants.
"My Aim Is True" défie toute catégorisation simple. C'est un disque hybride, un carrefour où se croisent l'énergie brute du punk naissant, l'intelligence mélodique de la power pop, l'authenticité du pub rock britannique et les fondations du rock'n'roll des années 50 et 60. On y décèle des échos de rockabilly, de R&B, de country et même des inflexions reggae.
Si la musique de "My Aim Is True" est riche et variée, ce sont sans doute les paroles de Costello qui frappent le plus par leur maturité, leur intelligence et leur causticité. Costello lui-même a résumé ses motivations principales par deux mots : "revanche et culpabilité". Cette affirmation, devenue célèbre, imprègne l'ensemble de l'album, qui explore les recoins sombres des relations humaines et de la société contemporaine.
Les thèmes abordés sont souvent âpres : frustrations amoureuses et sexuelles, trahison, jalousie, ressentiment, amertume face au quotidien et au monde du travail. Costello dissèque les faux-semblants, la médiocrité, l'ennui institutionnalisé.
Dès sa sortie au Royaume-Uni à l'été 1977, "My Aim Is True" a bénéficié d'un accueil critique extraordinairement positif, voire dithyrambique, de la part de la presse musicale britannique.
au final et presque 50 ans après, l'album s'écoute toujours avec le même plaisir. Un bon 3 sur 5 pour un album à découvrir.
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3
Apr 28 2025
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Paranoid
Black Sabbath
Sorti en 1970, "Paranoid", le deuxième album de Black Sabbath, n'est pas simplement un disque, c'est une déflagration sonique, un monolithe sombre qui a non seulement défini un genre naissant mais a aussi capturé l'angoisse et le désenchantement d'une époque.
Venu à peine sept mois après leur premier album éponyme, "Paranoid" a propulsé le groupe au sommet des charts britanniques et a gravé leur nom dans l'histoire du rock.
Le son de "Paranoid" est une alchimie unique, résultant de la convergence des styles individuels des quatre membres, de leurs techniques parfois non conventionnelles et des circonstances particulières de sa création. Il s'agit d'une musique principalement classée comme heavy metal, caractérisée par des riffs de guitare écrasants, une section rythmique puissante et un chant angoissé.
La signature sonore est indéniablement lourde, sombre, menaçante, puissante et brute. Un son qui évoque la désolation et la dépression. L'univers lyrique est aussi sombre et percutant que la musique. Les textes s'éloignent des thèmes rock traditionnels d'amour et de fête pour explorer des sujets plus complexes et anxiogènes, en phase avec les angoisses du monde : la guerre, la maladie mentale, la toxicomanie, la corruption politique et la menace nucléaire.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un monument du metal.
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3
Apr 29 2025
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White Blood Cells
The White Stripes
Le troisième album des White Stripes, "White Blood Cells", sorti en 2001, a permis au groupe de devenir les porte-étendards d'un renouveau garage rock.
"White Blood Cells" incarne le son White Stripes par excellence, avec un mélange détonant de minimalisme et de puissance brute. Caractérisée par des riffs accrocheurs, souvent saturés de fuzz et de feedback, la musique est classée dans le genre garage rock mais "White Blood Cells" explore également des territoires adjacents comme l'alternative rock, l'indie rock et même des touches de blues rock et de country.
Le style musical de l'album repose sur quelques piliers fondamentaux qui définissent l'identité sonore du duo.
La guitare de Jack White est omniprésente et centrale et la batterie de Meg White, souvent qualifiée de "primitive" ou "minimaliste" est l'autre composante essentielle. Son jeu, simple et direct, souvent axé sur la grosse caisse et la cymbale crash, fournit une pulsation métronomique et puissante. Loin d'être une faiblesse, cette approche dépouillée crée un espace sonore que Jack White remplit avec sa guitare et sa voix, et ancre les morceaux dans une énergie viscérale.
Le chant de Jack White est immédiatement reconnaissable : une voix aiguë, nasillarde, souvent à la limite de la rupture, capable d'exprimer une large gamme d'émotions. Parfois comparée à celle d'un jeune Robert Plant ou décrite comme "enfantine", sa voix est un instrument à part entière, ajoutant une couleur unique et une intensité dramatique aux compositions.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un classique moderne indélébile à écouter mais qui est en dessous de leur album de 2003 "Elephant" (notée 4 sur 5 ici même).
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3
Apr 30 2025
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Don't Stand Me Down
Dexys Midnight Runners
Dans le panthéon des albums incompris, peu d'albums suscitent autant de fascination et de débat que "Don't Stand Me Down", le troisième album de Dexys Midnight Runners, paru en 1985.
Succédant au succès planétaire de "Too-Rye-Ay", cet album représente une rupture radicale, un geste artistique audacieux qui aliéna public et critiques à sa sortie, avant d'être progressivement réhabilité au rang de classique culte.
Kevin Rowland, insatisfait malgré le succès de "Too-Rye-Ay", désire pour son troisième album d'explorer de nouveaux chemins musicaux, plus expérimentaux et complexes, s'éloignant ainsi des attentes de la maison de disques.
L'enregistrement s'avère long et coûteux, marqué par le perfectionnisme obsessionnel de Kevin Rowland, et dans un geste commercialement suicidaire pour l'époque, il refuse de sortir le moindre single de l'album, estimant que l'œuvre doit être appréhendée dans son intégralité. Et il rejette également toute forme de promotion traditionnelle.
Si les premiers albums de Dexys Midnight Runners abordaient des thèmes sociaux, politiques et d'identité culturelle, "Don't Stand Me Down" opère un glissement notable vers le personnel et l'introspectif. L'album devient une plateforme pour les réflexions, les doutes et les affirmations de Kevin Rowland.
A sa sortie en septembre 1985, "Don't Stand Me Down" fut accueilli par une combinaison d'indifférence et d'hostilité, marquant un échec commercial et critique cuisant pour un groupe au sommet de sa popularité trois ans plus tôt. L'échec de l'album, couplé à une baisse de fréquentation des concerts, conduisit à la dissolution du groupe en 1987.
Mais au fil des années, l'album initialement conspué ou ignoré a progressivement acquis le statut d'œuvre majeure, un "chef-d'œuvre négligé" et un "classique culte". Et ce qui était perçu comme une "folie artistique" ou un échec est devenu, pour une partie croissante de la critique et du public, un témoignage d'intégrité et d'ambition rares. L'album incarne désormais les caractéristiques souvent associées aux œuvres cultes : marginalité par rapport aux normes de son époque, rejet initial, développement d'un public dévoué mais minoritaire, transgression des conventions, et une aura iconique liée à la personnalité de Rowland.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un album à découvrir.
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3
May 02 2025
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Germfree Adolescents
X-Ray Spex
Sorti en 1978, "Germfree Adolescents" est le premier et unique album de la formation originelle du groupe punk rock/new wave londonien X-Ray Spex.
"Germfree Adolescents" se distingue par une signature sonore immédiatement reconnaissable, fusionnant l'urgence brute du punk rock avec des sensibilités new wave et une instrumentation audacieuse. Des guitares incisives et nerveuses, souvent avec des riffs simples mais efficaces, le tout propulsé par une section rythmique solide et dynamique. L'élément le plus frappant et le plus commenté de la musique de X-Ray Spex est l'utilisation du saxophone qui n'est pas un simple ornement. Il est une voix à part entière, tissant des lignes mélodiques parfois dissonantes, parfois étonnamment accrocheuses, qui contrepointent ou renforcent les riffs de guitare et la voix de Poly Styrene et qui confère au groupe une texture unique dans le paysage punk, le rapprochant parfois d'une sensibilité plus pop ou même free jazz par moments, tout en conservant une agressivité typiquement punk.
Au centre de cet univers sonore se trouve la voix de Poly Styrene. Loin des canons esthétiques traditionnels, sa voix est puissante, stridente, parfois criarde, mais toujours chargée d'émotion et d'une conviction désarmante. Son style vocal distinctif, oscillant entre le chant scandé, le cri perçant et des lignes mélodiques plus affirmées, est l'outil parfait pour véhiculer l'urgence et la critique contenues dans ses paroles. Elle ne cherche pas à séduire par la douceur, mais à interpeller par la force et l'authenticité de son expression. Cette approche vocale non conventionnelle, combinée à son image anti-glamour (elle portait un appareil dentaire et des vêtements fluo criards), a fait d'elle une figure emblématique et profondément originale.
Au-delà de sa musique distinctive, "Germfree Adolescents" tire sa force de ses paroles incisives et thématiquement riches. Poly Styrene y déploie une critique virulente et souvent visionnaire de la société moderne, s'attaquant principalement au consumérisme naissant, à l'artificialité et à la construction de l'identité.
D'ailleurs, dès le premier morceau, "Art-I-Ficial", le ton est donné : "I know I'm artificial / But don't put the blame on me / I was reared with appliances / In a consumer society". La chanson critique la pression exercée sur les individus, en particulier les femmes, pour se conformer à des normes de beauté artificielles ("When I put on my makeup / The pretty little mask not me / That's the way a girl should be / In a consumer society") et dépeint un monde où tout devient produit, standardisé et déshumanisé ("I wanna be Instamatic / I wanna be a frozen pea").
L'album explore également la difficulté de forger et de maintenir une identité authentique dans une société qui pousse à la conformité. La chanson "Identity" est emblématique de ce thème. Inspirée par un incident réel où Poly Styrene a vu une jeune femme s'automutiler dans les toilettes du club The Roxy, la chanson dénonce la pression sociale et médiatique qui enferme les individus dans des stéréotypes ("Identity is the crisis, can't you see? / Identity! Identity!"). Elle met en lumière le désespoir engendré par l'incapacité à correspondre aux modèles imposés.
Bien que Poly Styrene ait parfois nuancé la portée féministe de ses textes, insistant sur une critique plus large du capitalisme et de l'esclavage sous toutes ses formes, "Germfree Adolescents" est traversé par une forte conscience des oppressions spécifiques vécues par les femmes.
À sa sortie en novembre 1978, l'album fut bien accueilli par la presse musicale britannique, bien que certaines réserves aient été exprimées. Elles ont reconnue unanimement les paroles géniales, les mélodies astucieuses, l'énergie et l'innocence savante et gagnante. Avec le recul, l'appréciation de "Germfree Adolescents" n'a fait que croître, le consacrant comme un pilier essentiel de l'histoire du punk.
Un 3 sur 5 pour un album précurseur du mouvement Riot Grrrl qui apparaitra au début des années 1990.
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3
May 05 2025
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All Directions
The Temptations
Sorti en 1972, "All Directions" qui représente un moment charnière dans la discographie des Temptations, s'inscrit dans une période de profonde mutation pour le groupe et pour la musique soul américaine.
Le début des années 70 est marqué par l'apogée de la soul psychédélique, un courant musical né à la fin des années 60 qui fusionne la soul, le R&B, le funk naissant et les expérimentations sonores du rock psychédélique et c'est dans ce bouillonnement créatif que le producteur Norman Whitfield qui est fasciné par les textures sonores complexes, les longs formats instrumentaux et les thématiques sociales, enregistre "All Directions".
Norman Whitfield va utiliser abondamment les techniques de studio de l'époque (guitares wah-wah omniprésentes, effets de phasing, multipistes pour les batteries) afin de créer des rythmes complexes et syncopés, et de longs passages instrumentaux. Influencé par l'approche "cinématographique" d'Isaac Hayes, Whitfield conçoit des morceaux comme de véritables paysages sonores, où les instruments (basse proéminente, claviers électriques, cuivres incisifs, cordes dramatiques, percussions latines) jouent un rôle aussi crucial que les voix. Cette prédominance instrumentale, marque de fabrique de Whitfield à cette époque, sera d'ailleurs une source majeure de friction avec les Temptations, qui se sentent parfois relégués au second plan.
Sur le plan thématique, "All Directions" s'éloigne des chansons d'amour légères qui ont fait la gloire initiale de Motown pour aborder des sujets plus sombres et socialement pertinents. L'album reflète les préoccupations de l'époque : les tensions raciales, la pauvreté, la désintégration de la figure paternelle, les critiques sociales et politiques. Cette orientation vers des paroles plus engagées s'inscrit dans la lignée du mouvement des droits civiques et de l'influence croissante de la contre-culture.
"All Directions" est une œuvre emblématique de la soul psychédélique, caractérisée par une fusion audacieuse de styles et une production innovante. Norman Whitfield, en maître d'œuvre, sculpte un son riche et expansif, qui se distingue nettement du "Motown Sound" classique des années 60. L'album explore une palette sonore large, allant du funk brut et hypnotique aux ballades soul plus traditionnelles, en passant par des arrangements orchestraux luxuriants et des expérimentations psychédéliques.
"All Directions" a dominé les classements dès sa sortie en juillet 1972. Il a atteint la deuxième place du Billboard 200 aux États-Unis. Son succès ne s'est pas limité aux États-Unis, l'album figurant également dans les classements internationaux, notamment au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, au Canada et en Espagne. Le succès de l'album fut largement porté par le single "Papa Was a Rollin' Stone". Sorti en septembre 1972 dans une version éditée de près de 7 minutes, il a atteint la première place du Billboard Hot 100 et la cinquième place du classement R&B. Le triomphe d'un single aussi long et complexe témoignait d'une évolution des goûts du public et de la programmation radio, s'éloignant du format strict de la pop de 3 minutes. Le couronnement de ce succès fut la triple victoire de "Papa Was a Rollin' Stone" aux Grammy Awards en 1973. La chanson remporta les prix de la Meilleure Performance Vocale R&B, de la Meilleure Chanson R&B, et de la Meilleure Performance Instrumentale R&B pour la face B du single.
"All Directions" est un album complexe avec une fusion réussie et audacieuse de soul, funk, psychédélisme et d'éléments cinématographiques. La production de Norman Whitfield est magistrale : arrangements ambitieux, utilisation experte des techniques de studio et des talents des Funk Brothers, créant ainsi un son riche, atmosphérique et multi-couches. Malgré les changements de personnel, la performance vocale du groupe reste exceptionnelle. Les Temptations s'adaptent avec brio au nouveau matériel, offrant des voix lead puissantes et variées (la hargne d'Edwards, le fausset de Harris, la douceur de Street, les interjections basses de Franklin) et des harmonies toujours impeccables. La présence de "Papa Was a Rollin' Stone", un chef-d'œuvre incontestable et un succès planétaire, ancre solidement l'album. Enfin, la profondeur thématique, abordant des questions sociales complexes et des récits émotionnels allant au-delà de la romance, confère à l'album une résonance particulière.
"All Directions" est un disque audacieux, ambitieux et extrêmement réussie. Il s'en sort avec un 3/5 car malgré toutes ses qualités il a tendance à manquer de cohésion entre funk psychédélique intense et ballades traditionnelles.
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3
May 06 2025
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This Year's Model
Elvis Costello & The Attractions
Un an après "My Aim Is True", Elvis Costello sort son deuxieme album en 1978 "This Year's Model", album enregistré avec son groupe The Attractions.
Les Attractions ne sont pas simplement un nouveau groupe, c'est l'élément déclencheur qui permet à la vision d'Elvis Costello de prendre pleinement forme. La virtuosité de chaque musicien et leur alchimie collective fournissent la puissance, la précision et la nervosité nécessaires pour traduire l'urgence et la complexité des nouvelles chansons.
"This Year's Model" marque une rupture stylistique nette avec "My Aim Is True". Si le premier album flirtait avec le pub rock et des influences américaines, le second plonge tête la première dans l'énergie de la New Wave britannique, intégrant des éléments de Power Pop, de Punk Rock, voire de Garage Rock. L'album sonne résolument punk dans son urgence et son attitude, même si la sophistication des arrangements et la diversité des influences (allant des Rolling Stones et des Beatles à des touches de reggae ) le distinguent du punk brut de décoffrage. C'est une musique tendue, nerveuse, presque paranoïaque, portée par un groupe qui semble constamment au bord de l'implosion contrôlée.
La production de Nick Lowe est un autre facteur déterminant. Il cherche à obtenir un son plus fort et plus percutant que sur "My Aim Is True". Son objectif principal est de bien asseoir la basse avec la grosse caisse et de mettre la voix de Costello au premier plan. Le résultat est un son direct, puissant, qui capture l'énergie live du groupe tout en conservant une clarté remarquable. Lowe réussit à créer un sentiment de "chaos contrôlé", où l'urgence et la tension coexistent avec une production précise et efficace. Cette approche met en valeur à la fois la virtuosité des Attractions et l'intensité viscérale des compositions de Costello.
Les paroles de "This Year's Model" prolongent la veine acerbe et spirituelle de "My Aim Is True", mais avec une intensité et une concentration thématique accrues. Le ton général est mordant, confrontant, voire venimeux, Elvis Costello adoptant la posture d'un observateur désabusé et cynique. L'album explore principalement les relations amoureuses dysfonctionnelles, la critique sociale et médiatique, et une introspection souvent brutale.
Dès sa sortie "This Year's Model" reçoit un accueil critique extrêmement favorable. Les critiques louent la force de l'écriture, l'énergie des Attractions et la maturité de Costello en tant qu'artiste.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un album à découvrir.
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3
May 07 2025
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Paris 1919
John Cale
Au panthéon des oeuvres singulières qui jalonnent l'histoire du rock, "Paris 1919" de John Cale occupe une place à part.
Sorti en 1973, "Paris 1919" marque une étape importante dans le parcours de John Cale après ses premières tentatives solo plus expérimentales ou brutes.
L'attrait immédiat de cet album repose sur la singularité d'être en équilibre entre une accessibilité mélodique et une production orchestrale d'une élégance rare d'une part, et une profondeur thématique et une complexité lyrique d'autre part. L'album réussit le pari audacieux de marier la sophistication européenne à une certaine sensibilité pop américaine.
Cette tension entre la surface chatoyante et les profondeurs obscures constitue l'une des clés de la fascination qu'exerce l'album. Il ne s'agit pas simplement d'une collection de belles chansons, mais d'une œuvre où John Cale parvient, comme rarement, à marier son penchant pour l'élégance stylistique et une forme de chaos sous-jacent.
Musicalement, "Paris 1919" s'ancre dans une pop orchestrale teintée d'influences baroques. John Cale, avec l'aide du producteur Chris Thomas, façonne un son ample et sophistiqué, où les instruments rock traditionnels dialoguent avec les cordes et les cuivres du UCLA Symphony Orchestra.
"Paris 1919" présente un moment de beauté presque sereine, une perfection formelle que John Cale n'atteindra plus jamais de cette manière spécifique. C'est cette unicité qui renforce son statut d'œuvre à part, un sommet d'élégance dans une carrière par ailleurs marquée par l'expérimentation et la rupture.
Dès sa sortie, Paris 1919 a bénéficié d'un accueil critique chaleureux, posant les bases de son statut actuel de classique. Le magazine Rolling Stone n'hésita pas à le qualifier de "chef-d'œuvre" et comme étant "un des albums les plus ambitieux jamais sortis sous l'étiquette 'pop'".
Bien qu'il n'ait jamais connu un succès commercial foudroyant, "Paris 1919" a progressivement acquis un statut qui dépasse celui de simple album culte. Il est fréquemment cité comme l'œuvre solo la plus accessible et la plus connue de John Cale, servant souvent de point d'entrée à sa discographie foisonnante.
Plus de cinquante ans après sa sortie, "Paris 1919" demeure un sommet incontesté dans la discographie de John Cale et une œuvre majeure du rock des années 1970.
Un gros 4 sur 5 pour un chef d'oeuvre intemporel à découvrir.
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4
May 09 2025
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White Light
Gene Clark
Sorti en 1971, "White Light" est le 2eme album solo de Gene Clark (membre fondateur du groupe The Byrds). Gene Clark a un talent immense, il est le pionnier du country-rock et du folk psychédélique, mais la carrière solo fut un chemin semé d'embûches commerciales, contrastant cruellement avec une richesse artistique indéniable.
"White Light" est un album "dépouillé", "intime", "poignant" et "acoustique", un album de folk-rock épuré constitué par des guitares acoustiques qui s'entrelacent, créant une toile de fond délicate et mouvante. Une toile de fond subtilement rehaussé par une guitare électrique, notamment la guitare bottleneck jouée avec une sensibilité bluesy, par un harmonica plaintif, par les nappes chaleureuses d'un orgue, par des touches de piano, par une basse mélodique et profonde, et enfin par des percussions discrètes. L'ensemble se veut "majoritairement acoustique... l'instrumentation est limitée pour ne fournir que ce que les chansons exigent. Les guitares, claviers et percussions sont parfaitement équilibrés et rien n'est surproduit". Souvent, les morceaux se contentent de "guère plus que la voix et la guitare".
La production de Jesse Ed Davis joue un rôle prépondérant dans cette esthétique. Son approche, qualifiée de "brute" et minimaliste, a su magnifier l'intimité des compositions. En évitant toute surcharge orchestrale, Ed Davis a laissé l'espace nécessaire aux mélodies et à la voix de Clark pour respirer et toucher l'auditeur au plus profond. Comme le souligne une réédition audiophile, "moins de production ici est incommensurablement plus musicalement". C'est cette retenue qui confère à l'album sa force et sa beauté singulière.
La voix de Gene Clark sur "White Light" est un instrument d'une rare expressivité. elle est "claire, douce et passionnée", parfois même "angélique". Elle est utilisée avec une émotion palpable, véhiculant avec une justesse désarmante la mélancolie, la vulnérabilité et parfois la douleur sourde qui habitent ses textes.
Les thèmes explorés dans "White Light" sont le reflet direct de l'introspection qui a présidé à sa création. L'album nous plonge au cœur des questionnements et des sentiments de l'artiste. La nature est une source d'inspiration récurrente, elle est souvent utilisée comme métaphores des états d'âme. L'amour, qu'il soit perdu, idéalisé ou source de tourments, la résignation face au destin ou aux déceptions, et le passage inexorable du temps sont autant de sujets abordés avec une sensibilité poétique.
Au final, ce sera un 3 sur 5 car malgré les mélodies finement ciselées, j'ai l'impression d'avoir écouté le même morceau.
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3
May 12 2025
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Aqualung
Jethro Tull
Sorti en 1971, le 4eme album de Jethro Tull "Aqualung" est un amalgame de "Rock-Folk-Hard-Progressif" abordant des sujets sociétaux comme la marginalisation sociale, la religion organisée et l'hypocrisie sociétale.
"Aqualung" est l'album le plus vendu avec sept millions d'exemplaires écoulés et propose une toile sonore complexe, mêlant la puissance du hard rock, la délicatesse du folk acoustique et les prémices d'un rock progressif en pleine affirmation. Il se dégage une confrontation entre les riffs de guitare massifs, voire telluriques, et les passages acoustiques d'une grande finesse, créant une dynamique interne qui est l'une des signatures de l'album.
L'instrumentation d'Aqualung est un modèle de cohésion au service d'une vision artistique singulière. La flûte traversière en est l'élément le plus immédiatement identifiable. Loin d'être un simple ornement, elle s'impose comme un instrument soliste à part entière, insufflant une couleur folk unique et une énergie parfois surprenante, voire agressive, qui distingue Jethro Tull de toutes les autres formations rock. Face à elle, la guitare électrique déploie des trésors de puissance et de créativité. Ses riffs, reconnaissables entre mille ("Aqualung", "Cross-Eyed Mary", "Locomotive Breath"), ancrent solidement l'album dans le registre du hard rock, tandis que son solo sur la chanson-titre, empreint d'une urgence et d'une inventivité remarquables, est entré dans la légende. Les claviers (piano, orgue Hammond, Mellotron) jouent un rôle crucial en apportant une richesse harmonique et des textures variées, essentielles pour sculpter les ambiances contrastées de l'album. Enfin, la section rythmique, basse et batterie, assure une assise à la fois solide et flexible, capable de naviguer avec aisance entre les déferlements sonores les plus intenses et les moments d'accalmie les plus feutrés.
L'originalité instrumentale d'Aqualung ne se limite donc pas à l'usage iconique de la flûte. Elle réside dans cette alchimie subtile où chaque instrument contribue à une palette sonore d'une richesse et d'une cohérence rares, permettant à l'album de transcender les étiquettes de genre. La flûte elle-même, souvent associée à la douceur pastorale, se métamorphose ici en un instrument capable d'une véritable véhémence rock, illustrant la capacité du groupe à détourner et à réinventer les codes instrumentaux.
La première partie (face A) de l'album, intitulée "Aqualung", offre une galerie de personnages marginaux, observés avec une acuité et une franchise rares. Le personnage éponyme, Aqualung, est un sans-abri dont la description physique est crue et sans fard : « Le nez qui coule – les doigts graisseux maculant des vêtements minables ». Il est dépeint avec un mélange de dégoût initial (« lorgnant les petites filles avec de mauvaises intentions » ) et d'une pitié grandissante, voire d'une forme d'amitié paradoxale (« Aqualung mon ami – ne t'en va pas inquiet... pauvre vieux bougre, tu vois, ce n'est que moi » ). Inspirée par des photographies de Jennie Anderson, la chanson explore les thèmes du jugement social, de la misère et de la manière dont la société perçoit et traite ses exclus. "Cross-Eyed Mary" poursuit cette exploration des marges en brossant le portrait d'une jeune prostituée qui fréquente les écoliers, une autre figure de l'innocence bafouée et de la vulnérabilité sociale. D'autres titres comme "Cheap Day Return", évoquant une visite de Ian Anderson à son père gravement malade, ou "Mother Goose", avec ses observations poétiques de la vie à Hampstead Heath, complètent cette fresque. Ainsi, bien que présentant des "esquisses de personnages" distinctes , la Face A tisse un fil conducteur puissant autour de la vulnérabilité humaine face à la précarité et au regard des autres, interrogeant la responsabilité collective et la nature de notre empathie.
La seconde parte (face B) de l'album, qui porte le sous-titre "My God", s'attaque de front à la religion organisée et explore ce que le groupe a appelé « la distinction entre religion et Dieu ». La chanson "My God" est une critique virulente de l'Église institutionnalisée, accusée d'avoir « enfermé Dieu dans une cage dorée » , et dénonce l'hypocrisie, le dogmatisme et l'absurdité qui peuvent en découler. "Hymn 43" poursuit cette charge sur un mode plus direct et rock, ciblant particulièrement le christianisme et ses contradictions. Enfin, "Wind-Up" conclut l'album sur cette thématique religieuse, avec une approche plus théâtrale et introspective.
Cinquante ans après sa sortie, Aqualung jouit d'un statut iconique. Il est unanimement considéré comme un classique incontournable, l'un des meilleurs albums de Jethro Tull, voire le meilleur par de nombreux admirateurs et critiques. Il marque indéniablement le point de départ de la période la plus créative et la plus audacieusement progressive du groupe, une ère faste qui s'étendra sur une bonne partie des années 70.
Au final ce sera un 3 sur 5 pour le meilleur album de Jethro Tull à découvrir.
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3
May 13 2025
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Metallica
Metallica
Au seuil des années 1990, Metallica n'était déjà plus une promesse mais une certitude sismique de la scène metal. Forts d'une ascension fulgurante depuis leur formation en 1981, les Californiens s'étaient imposés comme les architectes incontestés du thrash metal, un genre qu'ils avaient largement contribué à définir et à populariser avec des albums comme "Master of Puppets" (1986) et le techniquement complexe "...And Justice for All" (1988).
C'est dans ce contexte qu'émerge an 1991, leur cinquième album studio, sobrement intitulé Metallica. Rapidement et universellement surnommé "The Black Album" en raison de sa pochette d'un noir quasi intégral, ornée seulement du logo du groupe et d'un serpent discrètement embossés, cet opus allait marquer une rupture radicale avec leur passé et s'imposer comme un véritable phénomène culturel.
Le "Black Album" marque une inflexion stylistique majeure dans la discographie de Metallica. Le thrash metal rapide, aux structures labyrinthiques et aux riffs frénétiques qui caractérisaient leurs quatre premiers opus, cède la place à un son résolument plus lent, d'une lourdeur tellurique, et axé sur le groove. Les compositions gagnent en concision et en immédiateté, abandonnant les longs développements instrumentaux au profit de structures couplet-refrain plus traditionnelles, mais non moins efficaces.
Parallèlement à la révolution sonore, le "Black Album" témoigne d'une évolution significative dans l'écriture de James Hetfield. Les thématiques sociales, politiques ou inspirées par la littérature et la mythologie, qui dominaient les albums précédents, laissent place à une exploration plus personnelle, introspective, centrée sur des émotions et des expériences universelles. Ce virage vers l'intime a paradoxalement conféré aux textes une portée plus universelle, permettant à un public plus large de s'identifier aux questionnements et aux sentiments exprimés.
Le paysage sonore du "Black Album" quant à lui, est dominé par une clarté et une puissance sonore inédites pour le groupe, où chaque instrument trouve sa place avec précision. Cette production léchée, fut un facteur indéniable de l'accessibilité et du succès phénoménal de l'album.
La place du "Black Album" dans le paysage musical des années 1990 est particulièrement intéressante. Sa sortie coïncide avec l'explosion du mouvement grunge, venu de Seattle, qui balayait alors une grande partie du hard rock et du metal des années 1980, jugés excessifs ou superficiels. Pourtant, Metallica, avec cet album, n'a pas seulement survécu à la vague grunge ; il a prospéré, coexistant avec des groupes comme Nirvana ou Pearl Jam.
Alors que le grunge était souvent perçu comme une réaction anti-metal des années 80, le "Black Album", tout en restant fondamentalement metal, partageait avec ce mouvement une certaine forme de "retour à l'essentiel" et une introspection lyrique marquée.
Au final, l'album éponyme de Metallica, par sa production révolutionnaire pour l'époque, son orientation musicale audacieuse et ses thèmes à portée plus universelle, n'a pas seulement propulsé le quatuor au rang de superstars planétaires. Il a profondément redéfini les contours du heavy metal pour le grand public, l'extirpant de sa niche pour l'exposer à une audience mondiale, tout en suscitant, paradoxalement, un débat passionné et durable au sein même de sa fanbase originelle, débat qui continue d'animer les discussions plus de trois décennies après sa sortie.
Un 4 sur 5 pour un Monolithe Noir qui a changé la face du Metal.
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4
May 14 2025
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The Rise & Fall
Madness
En 1982, alors que la vague 2-Tone avait déjà déferlé et que Madness s'était solidement établi comme l'un des groupes les plus joyeusement excentriques et populaires du Royaume-Uni, leur quatrième album studio, "The Rise & Fall", est venu marquer un tournant décisif. Loin de se contenter de la formule ska-pop qui avait fait leur succès initial, le septuor londonien a livré une chronique douce-amère de la vie et du temps qui passe, ancrée dans le paysage urbain de leur Londres natale.
Si l'énergie contagieuse et le sens de la mélodie imparable de Madness sont toujours présents, ils sont ici mis au service d'une palette sonore bien plus large et nuancée. "The Rise & Fall" n'est pas un simple album de ska ; c'est un mélange complexe où se mêlent des échos de music-hall anglais, des touches de jazz, des orchestrations pop sophistiquées, et même des clins d'œil à des sonorités plus exotiques, comme sur le morceau "New Delhi", bien que ce dernier puisse diviser certains auditeurs.
L'album qui est souvent considéré comme un album conceptuel, explore les hauts et les bas de l'existence, les souvenirs d'enfance, les désillusions de l'âge adulte et les mutations d'une ville.
L'album contient bien entendu son lot de tubes, et quel tube ! "Our House" est sans conteste la pièce maîtresse, une ode universelle au foyer, à la famille et aux petits riens du quotidien qui est devenue leur plus grand succès international, et notamment leur unique percée dans le Top 10 américain. Sa mélodie entraînante au piano, ses cuivres joyeux et son refrain fédérateur en font un classique instantané, une chanson qui transcende les générations. Mais réduire "The Rise & Fall" à ce seul titre serait une grave erreur.
Les thèmes abordé tout au long de l'album sont la normalité, la folie douce, la routine et l'extraordinaire qui se cache dans l'ordinaire. "The Rise & Fall" est plus qu'un simple album, c'est une lettre d'amour à Londres, à ses habitants, à ses contradictions. C'est le son d'un groupe qui a grandi avec son public, qui a compris que la vie n'est pas qu'une fête ininterrompue, mais qui choisit de la célébrer malgré tout, avec ses joies et ses peines.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un classique à découvrir
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3
May 15 2025
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What's Going On
Marvin Gaye
Cinquante-quatre ans après sa sortie en mai 1971, "What's Going On" de Marvin Gaye demeure une oeuvre d'une pertinence saisissante, un chef-d'oeuvre qui a non seulement redéfini la musique soul, mais a également offert une chronique sociale et politique d'une Amérique en pleine mutation. Cet album concept, porté par la voix suave et poignante de Gaye, reste une écoute essentielle, un voyage musical et émotionnel qui transcende les générations.
Dès les premières notes de la chanson-titre, "What's Going On", on est enveloppé par une atmosphère à la fois douce et mélancolique. Les arrangements orchestraux luxuriants, mêlant cordes, cuivres discrets et percussions subtiles, créent un écrin sonore d'une richesse inouïe. La production, assurée par Marvin Gaye lui-même, est d'une finesse remarquable, chaque instrument trouvant sa place avec une clarté et une chaleur qui servent magnifiquement le propos. C'est une rupture stylistique audacieuse avec le son Motown plus calibré pour les hits radio auquel le public était habitué de la part de l'artiste.
L'album se déroule comme une suite de réflexions, une conversation intime et universelle. Marvin Gaye, inspiré notamment par le retour de son frère Frankie du Vietnam et par les troubles sociaux qui secouaient les États-Unis, abandonne les thèmes romantiques habituels pour aborder des sujets graves et urgents. La guerre du Vietnam, la pauvreté, les inégalités raciales, la brutalité policière, la toxicomanie et, de manière pionnière, l'écologie, sont au cœur de ses préoccupations.
Ce qui frappe à l'écoute de "What's Going On", c'est la manière dont les chansons s'enchaînent de manière fluide, créant une narration continue. Les transitions sont soignées, les motifs musicaux se répondent, renforçant l'impression d'une oeuvre unifiée, d'une véritable symphonie soul. La voix de Marvin Gaye, multiple, capable de passer d'un falsetto éthéré à des intonations plus graves et directes, est l'instrument principal de cette narration. Il ne chante pas seulement, il témoigne, il interroge, il supplie.
En conclusion, "What's Going On" n'est pas seulement le meilleur album de Marvin Gaye ; c'est l'un des albums les plus importants et les plus touchants du XXe siècle. C'est un appel à la compassion, à la réflexion et à l'action, porté par une musique d'une beauté transcendante.
Un 3 sur 5 pour un album majeur.
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3
May 16 2025
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Scott 4
Scott Walker
Lorsque l'on évoque les albums qui ont marqué une époque, non par leur succès commercial immédiat mais par leur audace et leur influence souterraine, "Scott 4" de Scott Walker s'impose comme une évidence. Paru en 1969, cet album représente un tournant radical dans la carrière de l'artiste américain exilé en Angleterre.
Musicalement, "Scott 4" est une splendeur orchestrale sombre et introspective. Scott Walker, s'éloignant quelque peu des arrangements foisonnants de ses précédents albums, opte ici pour une production certes toujours ample et cinématographique, mais peut-être plus retenue, laissant davantage de place à sa voix de baryton, chaude et caverneuse, et à la puissance évocatrice de ses textes. Les influences sont multiples, allant de la musique de film européenne, notamment les westerns spaghetti d'Ennio Morricone que l'on croirait entendre sur l'ouverture épique "The Seventh Seal" (inspirée du film d'Ingmar Bergman), à une pop de chambre sophistiquée, en passant par des incursions surprenantes vers une country mélancolique comme sur "Duchess".
Les arrangements sont d'une finesse inouïe, mêlant cordes somptueuses, cuivres discrets mais percutants, guitares acoustiques délicates et une section rythmique d'une grande subtilité. Chaque note semble pesée, chaque silence chargé de sens. On sent une maîtrise totale de la forme, une ambition de créer une pop adulte, loin des facilités de l'époque.
Les thématiques abordées sont d'une noirceur et d'une complexité rares dans la musique populaire de la fin des années 60. Scott Walker se fait chroniqueur désenchanté des failles de l'âme humaine, des amours perdues, des illusions politiques et des spectres totalitaires.
La force de "Scott 4" réside dans cette alchimie unique entre une sophistication musicale héritée de la tradition européenne et une âme américaine torturée, nourrie aux grands espaces et aux désillusions. La voix de Scott Walker, tour à tour caressante et impérieuse, porte ces récits avec une intensité dramatique qui ne laisse aucun auditeur indifférent. Il y a chez lui une gravité, une profondeur existentielle qui le distinguent de ses contemporains.
Si l'album fut boudé à sa sortie, le temps lui a largement rendu justice. "Scott 4" est une oeuvre d'une beauté ténébreuse, portée par un artiste au sommet de son art, qui a osé, au risque de l'incompréhension, suivre sa propre voie. C'est le testament d'un crooner existentiel, d'un poète sonore dont la voix continue de résonner avec une pertinence et une puissance intactes.
Un beau 4 sur 5
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4
May 19 2025
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Bayou Country
Creedence Clearwater Revival
Paru en janvier 1969, “Bayou Country” est le deuxième album studio du groupe américain Creedence Clearwater Revival (CCR) et constitue une pierre angulaire de leur discographie foisonnante ainsi qu'un acte fondateur pour le genre qu'ils allaient populariser : le swamp rock.
Enregistré aux mythiques studios RCA à Hollywood, en Californie, cet album affirme avec force l'identité musicale unique et la vision artistique de John Fogerty, leader incontesté du quatuor, qui prend avec “Bayou Country” les rênes créatifs. Il signe la majorité des compositions, définit les arrangements et coproduit l'album, imposant une direction artistique claire et un son qui allait devenir leur marque de fabrique.
D'une durée d'un peu moins de 34 minutes, “Bayou Country” est un concentré d'énergie brute et d'authenticité. Il s'éloigne des expérimentations psychédéliques alors en vogue sur la côte Ouest pour proposer un retour aux sources du rock 'n' roll, du blues, de la country et du R&B. Le son est direct, sans fioritures, porté par la voix éraillée et puissante de John Fogerty, ses riffs de guitare incisifs et une section rythmique d'une efficacité redoutable.
L'album s'ouvre sur l'emblématique "Born on the Bayou". Avec son introduction atmosphérique et son riff hypnotique, ce morceau de plus de cinq minutes plonge immédiatement l'auditeur dans l'ambiance moite et envoûtante des marais louisianais. Il deviendra un classique du groupe et un incontournable de leurs concerts, illustrant parfaitement ce "swamp rock" dont CCR devient le fer de lance. Les paroles évoquent une enfance mythique dans le bayou, créant une imagerie puissante qui marquera durablement les esprits.
Vient ensuite "Bootleg", un rock'n'roll plus enlevé qui maintient l'énergie, suivi de "Graveyard Train", un long blues lancinant de près de neuf minutes où l'harmonica de John Fogerty tient une place prépondérante, évoquant les vastes étendues et la mélancolie du Sud.
La face A se conclut, et la face B s'ouvre sur une reprise survitaminée du standard de Little Richard, "Good Golly Miss Molly". CCR s'approprie le morceau avec une fougue communicative, démontrant leur capacité à insuffler leur propre style à des classiques du rock.
"Penthouse Pauper" offre une critique sociale avec un rock teinté de blues, décrivant l'ironie du sort d'un homme riche tombé dans la misère. Puis arrive le joyau de l'album, la chanson qui propulsera Creedence Clearwater Revival au rang de superstars internationales : "Proud Mary". Sortie en single en janvier 1969, cette chanson est un chef-d'œuvre de composition et d'interprétation. L'idée initiale de John Fogerty était de raconter l'histoire d'une blanchisseuse, mais c'est Stu Cook qui lui suggéra le thème du bateau à aubes naviguant sur le Mississippi. Avec sa mélodie accrocheuse, son rythme entraînant et ses paroles évoquant le labeur et l'espoir d'une vie meilleure sur le fleuve, "Proud Mary" devient un succès planétaire, atteignant la deuxième place du Billboard Hot 100 aux États-Unis. La chanson, écrite peu après que Fogerty ait été libéré de ses obligations de réserviste dans l'armée, est devenue un hymne intemporel, repris par d'innombrables artistes, dont la version explosive d'Ike & Tina Turner.
L'album se clôture par "Keep On Chooglin'", un autre long morceau instrumental et vocal, sorte de jam session endiablée qui permet à chaque musicien de s'exprimer et qui capture l'énergie brute du groupe sur scène. Le terme "chooglin'" lui-même, inventé ou popularisé par Fogerty, évoque une sorte de danse ou de mouvement rythmique et insouciant.
À sa sortie, “Bayou Country” reçoit un accueil critique globalement très favorable. Les journalistes musicaux saluent la cohésion de l'album, la puissance des compositions de John Fogerty et l'authenticité du son "roots" du groupe, si différent de la production musicale californienne de l'époque.
50 ans après, “Bayou Country” s'en sort avec un 4 sur 5.
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4
May 20 2025
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Surrealistic Pillow
Jefferson Airplane
Sorti en février 1967, "Surrealistic Pillow" le deuxième albums du groupe Jefferson Airplane est rapidement devenu la bande-son de la contre-culture naissante, propulsant le rock psychédélique sur le devant de la scène internationale et laissant une empreinte indélébile dans l'histoire de la musique populaire.
L'enregistrement de Surrealistic Pillow s'est déroulé à l'automne 1966 dans les studios RCA Victor à Hollywood. Sous la houlette du producteur Rick Jarrard, le groupe allait cristalliser une alchimie unique. Et l'arrivée récente de la chanteuse Grace Slick, transfuge du groupe The Great Society, fut un catalyseur majeur. Avec elle, Jefferson Airplane n'a pas seulement gagné une voix féminine puissante et charismatique, capable de rivaliser avec les ténors masculins du rock de l'époque, mais aussi deux des chansons les plus emblématiques de l'album et de la décennie : "Somebody to Love" et "White Rabbit".
Ces deux titres, originellement interprétés par The Great Society, furent métamorphosés par Jefferson Airplane. "Somebody to Love", est un hymne vibrant à l'amour libre et à la connexion humaine. "White Rabbit" est une pièce maîtresse du psychédélisme. S'inspirant du Boléro de Maurice Ravel pour sa progression crescendo et des aventures d'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll pour ses paroles allusives aux drogues et à l'altération de la perception, la chanson est une invitation hypnotique à explorer les "terriers du lapin" de la conscience. Sa diffusion sur les ondes radio, malgré ses références audacieuses, témoigne de l'audace d'une époque en pleine mutation.
Au-delà de ces deux succès retentissants, qui se hissèrent respectivement à la cinquième et huitième place du Billboard Hot 100, "Surrealistic Pillow" est un écrin de pépites musicales. L'album s'ouvre sur "She Has Funny Cars" une critique subtile du matérialisme américain enveloppée dans un rock énergique aux guitares carillonnantes. La ballade folk-rock "Today" offre un moment de pure poésie et de mélancolie rêveuse.
Le son de l'album est d'une richesse impressionnante, fusionnant les racines folk du groupe avec des explorations psychédéliques audacieuses, des touches de blues et des harmonies vocales complexes qui deviendront l'une de leurs marques de fabrique. La section rythmique ancre solidement les envolées psychédéliques. Le jeu, mélodique et inventif, est particulièrement remarquable, tandis que la batterie, apporte une dynamique et une finesse inhabituelles pour le rock de l'époque. Les guitares, tantôt incisives et bluesy, tantôt planantes et réverbérées, dessinent des paysages sonores fascinants, comme en témoigne le solo emblématique et déformé de "Somebody to Love" ou la délicate pièce instrumentale acoustique "Embryonic Journey", une composition épurée qui clôt l'album original sur une note d'introspection et de beauté intemporelle.
Les contributions vocales de Marty Balin, fondateur du groupe, restent centrales. Sa voix de ténor offre un contrepoint parfait à la puissance affirmée de Grace Slick, créant une dynamique vocale.
À sa sortie, "Surrealistic Pillow" connut un succès commercial considérable, atteignant la troisième place du classement des albums Billboard. Il fut certifié disque d'or par la RIAA peu après sa sortie, puis platine, témoignant de son impact massif sur le public. Plus important encore, l'album est considéré comme l'un des manifestes du "San Francisco Sound" et une œuvre fondatrice du rock psychédélique. Il a ouvert la voie à une nouvelle forme d'expression musicale, plus libre, plus poétique et plus aventureuse.
Il s'en sort avec un 3 sur 5 et cinquante-sept ans après sa sortie, "Surrealistic Pillow" reste un album essentiel. C'est un témoignage vibrant d'une période d'effervescence créative, une capsule temporelle qui nous transporte au cœur du psychédélisme californien, mais aussi une œuvre intemporelle dont la beauté étrange et la puissance évocatrice continuent de fasciner.
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3
May 21 2025
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A Wizard, A True Star
Todd Rundgren
Sorti en 1973, "A Wizard, A True Star" de Todd Rundgren n'est pas simplement un album ; c'est une déclaration, un kaléidoscope sonore qui a dynamité les conventions du rock progressif et de la pop psychédélique.
Oeuvre d'une ambition folle, cet album est souvent cité comme le magnum opus de Todd Rundgren, ou du moins, son disque le plus audacieux et le plus déroutant. Il incarne à la perfection l'esprit d'un artiste total, un "sorcier", un "véritable artiste", qui refuse toute catégorisation et suit sa muse avec une détermination quasi mystique.
Dès les premières notes de "International Feel", l'auditeur est happé dans un tourbillon de textures sonores, de changements de tempo abrupts et de mélodies insaisissables. La première face de l'album (pour les vinyles) est une suite ininterrompue de vignettes, passant d'éclats de génie pop à des expérimentations bruitistes, de ballades éthérées à des commentaires sociaux acerbes. Todd Rundgren, en véritable homme-orchestre, joue de presque tous les instruments, superpose les pistes avec une frénésie créatrice et manipule les sons du studio comme un peintre sa palette.
Des titres comme "Tic Tic Tic, It Wears Off" ou "You Need Your Head" sont des fragments frénétiques, presque punk avant l'heure, tandis que "Never Never Land", reprise d'une comédie musicale, détonne par son innocence apparente au milieu de ce chaos organisé. "Zen Archer", avec ses arrangements luxuriants et sa mélodie planante, offre un rare moment de contemplation avant que l'auditeur ne soit à nouveau bousculé par des morceaux plus abrasifs comme "Rock & Roll Pussy", une critique à peine voilée de John Lennon et de son activisme jugé opportuniste par Rundgren.
Ce qui frappe dans cette première partie, c'est la densité de l'information musicale. Chaque écoute révèle de nouvelles couches, de nouveaux détails cachés dans le mixage. C'est un disque qui exige une attention soutenue, qui défie les habitudes d'écoute passive. Certains y verront un excès d'auto-indulgence, une surcharge sensorielle, mais c'est précisément cette audace, cette volonté de repousser les limites du format album, qui en fait une oeuvre si fascinante. Todd Rundgren semble vouloir condenser l'intégralité de ses influences et de ses idées en un flux continu, une sorte de rêve éveillé musical.
La production, assurée par Todd Rundgren lui-même, est un élément clé de l'identité de l'album. Il utilise le studio comme un instrument à part entière, expérimentant avec les effets, les panoramiques et les techniques d'enregistrement pour créer un paysage sonore tridimensionnel et immersif. L'influence du LSD, que Todd Rundgren a admis avoir consommé durant cette période, est palpable dans l'esthétique psychédélique et déstructurée de l'œuvre.
La seconde face de "A Wizard, A True Star" marque un contraste notable, bien que toujours empreinte de l'éclectisme de son auteur. Elle s'ouvre sur des chansons plus conventionnelles dans leur structure, comme la magnifique ballade soul "Sometimes I Don't Know What to Feel". Ici, la voix de Todd Rundgren, capable de tendresse comme d'agressivité, se déploie avec une émotion palpable.
Le point d'orgue de cette seconde face, et peut-être de l'album tout entier pour certains, est l'incroyable medley de classiques de la soul : "I'm So Proud / Ooh Baby Baby / La La Means I Love You / Cool Jerk". Durant plus de dix minutes, Todd Rundgren rend un hommage vibrant et personnel à ses idoles de la Motown et de la Philly Soul. Loin d'une simple imitation, il s'approprie ces standards avec une sincérité désarmante, démontrant sa profonde compréhension et son amour pour ce répertoire. Cette section ancre l'album dans une tradition musicale tout en soulignant la versatilité de son créateur.
L'album se conclut par l'hymne "Just One Victory", un appel à l'unité et à la persévérance qui prend une résonance particulière après le voyage chaotique et exubérant qui l'a précédé. C'est une fin optimiste, presque triomphale, qui laisse l'auditeur à la fois épuisé et exalté.
"A Wizard, A True Star" n'a pas été un succès commercial immédiat à sa sortie. Sa nature fragmentée et son refus du compromis ont déconcerté une partie du public et de la critique de l'époque. Cependant, son influence n'a cessé de croître au fil des décennies. Des artistes comme Prince, Trent Reznor de Nine Inch Nails, ou encore les Flaming Lips ont cité cet album comme une source d'inspiration majeure. Son approche décomplexée de la production, son mélange des genres et sa structure éclatée ont ouvert la voie à de nombreuses expérimentations dans le rock et la pop.
Plus qu'un simple album, "A Wizard, A True Star" est une expérience. C'est l'oeuvre d'un artiste au sommet de sa créativité, libéré des contraintes commerciales, qui invite l'auditeur à un voyage imprévisible au coeur de sa vision musicale. Ce n'est peut-être pas l'album le plus accessible de Todd Rundgren, mais c'est sans conteste l'un des plus riches, des plus stimulants et, finalement, des plus gratifiants pour qui accepte de s'y perdre. Un disque qui, près d'un demi-siècle après sa sortie, continue de sonner comme une météorite tombée d'une autre galaxie, un testament à la puissance de l'imagination et à la quête incessante de l'inouï. Il demeure une pierre angulaire pour comprendre l'évolution de la musique populaire vers des formes plus libres et personnelles. Une véritable étoile dans le firmament du rock.
Au final ce sera un 3 sur 5 car je ne suis pas rentré dans le délire de l'artiste.
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3
May 22 2025
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Killing Joke
Killing Joke
À l'aube des années 80, le punk commence à battre de l'aile et une nébuleuse de groupes va se détourner du punk originel pour soit un punk plus radical qui deviendra le punk hardcore soit un punk plus froid, gothique à l'étiquette post-punk.
Étiquette post-punk qui progressivement englobera de fil en aiguille la cold wave, le goth-indu pour enfin être avalé sous un nouveau terme fourre-tout, celui de New Wave.
L'année 1980 fut marquée par l'émergence d'une nouvelle décennie, par l'usage des synthétiseur et des boîte à rythmes, mais aussi par la déflagration sonore d'un premier album éponyme celui de Killing Joke.
Formé à Londres à la fin des années 70, le quatuor composé de Jaz Coleman (chant, claviers), Geordie Walker (guitare), Martin "Youth" Glover (basse) et Paul Ferguson (batterie) ne ressemblait à rien de connu. Leur musique, brute, hypnotique et chargée d'une tension palpable, se situait à la croisée des chemins entre le punk finissant, le post-punk naissant et une urgence tribale quasi-industrielle.
Véritable déclaration de guerre musicale, l'album reflète les angoisses d'une époque marquée par la Guerre Froide, la crise économique et la montée du conservatisme.
Dès les premières notes de "Requiem", le morceau d'ouverture, l'auditeur est happé. La basse lourde et vrombissante de Youth, véritable colonne vertébrale du son du groupe, s'entrelace avec la guitare métallique et dissonante de Geordie, créant une atmosphère à la fois menaçante et dansante. La batterie de Ferguson, martiale et précise, ancre le tout dans un rythme implacable. Et puis, il y a la voix de Jaz Coleman, possédée, incantatoire, parfois hurlante, prophétisant un avenir sombre et chaotique. Les thèmes abordés sont à l'avenant : la paranoïa, le contrôle social, la désillusion, l'imminence d'un désastre.
L'album est une descente aux enfers sonique où chaque titre apporte sa pierre à l'édifice d'une angoisse collective. "Wardance", avec son riff de guitare iconique et son rythme frénétique, est un appel à une danse macabre, une transe guerrière face à l'absurdité du monde moderne. Coleman y scande des paroles qui résonnent encore aujourd'hui par leur pertinence.
Des morceaux comme "Bloodsport" ou "The Wait" (qui sera plus tard repris par Metallica, preuve de l'influence transgénérationnelle du groupe) continuent d'explorer ces territoires sonores hostiles. La basse de Youth est souvent mise en avant, non pas comme un simple accompagnement, mais comme un instrument mélodique et rythmique central, créant des grooves hypnotiques et puissants. La guitare de Geordie, quant à elle, est unique : elle ne cherche pas la virtuosité démonstrative, mais tisse des textures sonores abrasives, des riffs anguleux qui lacèrent l'espace.
"Complications" et "S.O.36" (nom d'un célèbre club berlinois) accentuent la dimension sombre et industrielle de l'album. Les claviers de Coleman, discrets mais essentiels, ajoutent une nappe de froideur synthétique, renforçant le climat anxiogène. On sent l'influence du krautrock allemand, mais digérée et régurgitée sous une forme beaucoup plus agressive et primale. Killing Joke ne cite pas ses influences, il les absorbe pour créer quelque chose de radicalement nouveau.
La production, assurée par le groupe lui-même, est rêche, sans fioritures, capturant l'énergie brute de leurs performances live. Elle contribue à donner un sentiment d'urgence et d'authenticité à l'album.
Le premier album de Killing Joke est un jalon essentiel dans l'histoire du rock. Il a posé les fondations d'une carrière longue et sans concession, faisant de Killing Joke l'un des groupes les plus respectés et influents de sa génération et bien au-delà. Un classique absolu qui avec sa puissance, sa noirceur et son refus du compromis, continue à fasciner et d'influencer des générations de musiciens, du metal industriel au rock alternatif en passant par la techno.
Un beau 4 sur 5.
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4
May 23 2025
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Definitely Maybe
Oasis
En 1994, alors que le grunge américain commençait à montrer des signes d'essoufflement et que la scène musicale britannique cherchait un nouveau souffle, un groupe de Manchester, arrogant et plein d'une confiance inébranlable, allait déferler sur le monde avec un premier album.
"Definitely Maybe" fut une déflagration, un hymne à la jeunesse, à l'ambition et une certaine idée du rock'n'roll, brute et sans concession.
Dès les premières notes de "Rock 'n' Roll Star", le ton est donné. Une guitare saturée, une batterie martelée avec conviction et la voix nasillarde et charismatique de Liam Gallagher qui proclame son désir de grandeur. Ce n'est pas une supplique, c'est une affirmation. Oasis ne demande pas la permission d'être des stars, ils le sont déjà dans leur tête, et cet album est la bande-son de cette certitude. L'énergie est palpable, presque électrique. On sent l'urgence, la faim de ces jeunes hommes issus de la classe ouvrière, prêts à conquérir le monde armés de leurs guitares et de leurs refrains fédérateurs.
La production, bien que parfois critiquée pour son côté "mur du son" un peu brouillon, capture parfaitement cette énergie brute. C'est un son massif, taillé pour les stades, même si à l'époque, le groupe n'en remplissait pas encore. Noel Gallagher, principal compositeur, y déploie un talent mélodique indéniable, puisant ses inspirations chez les Beatles, les Who, les Kinks ou encore les Sex Pistols, mais en y injectant une modernité et une attitude typiquement mancunienne. Ses riffs sont instantanément mémorables, ses refrains, des invitations à hurler à pleins poumons.
"Shakermaker", avec son rythme nonchalant et ses paroles un brin surréalistes, évoque une certaine langueur estivale, une jeunesse qui tue le temps en rêvant d'ailleurs. Puis vient "Live Forever", un hymne à la vie, une réponse optimiste et pleine d'espoir au désespoir ambiant du grunge. "Up in the Sky" critique sociale à peine voilée, tandis que "Columbia", avec son groove hypnotique et ses paroles répétitives, est une véritable transe rock. "Supersonic", le premier single du groupe, est un autre moment de bravade pure. Son riff iconique et l'attitude désinvolte de Liam en font un classique instantané, un concentré de l'esprit Oasis : confiance en soi, ambition démesurée et un certain je-m'en-foutisme.
"Bring It On Down" est peut-être le morceau le plus punk de l'album, avec son tempo effréné et son urgence palpable. On y sent l'influence des Sex Pistols, mais toujours avec cette patte Oasis reconnaissable entre mille. "Cigarettes & Alcohol" est un autre hymne hédoniste, une célébration des plaisirs simples et des excès de la jeunesse.
L'album se conclut avec "Married with Children", une pièce acoustique plus introspective, presque une observation ironique sur la vie domestique qui contraste avec l'ambition démesurée affichée au début du disque. C'est une fin plus douce, qui montre une autre facette du groupe, moins tapageuse mais tout aussi talentueuse.
Ce qui frappe avec "Definitely Maybe", c'est sa cohérence et la qualité constante des morceaux. Il n'y a pas de remplissage. Chaque chanson a sa place, chaque riff est pensé pour marquer les esprits. C'est un album qui transpire l'authenticité, même dans son arrogance. Oasis ne jouait pas un rôle, ils étaient ce qu'ils chantaient.
Au-delà des chansons elles-mêmes, "Definitely Maybe" a eu un impact culturel considérable. Il a marqué le début de la Britpop en tant que phénomène majeur, ramenant la guitare rock au premier plan et offrant une alternative britannique fière et assurée à la domination musicale américaine. Il a donné une voix à une jeunesse qui se reconnaissait dans les paroles et l'attitude du groupe. Les frères Gallagher, avec leurs frasques et leurs déclarations tapageuses, sont devenus des icônes, des anti-héros pour certains, des modèles pour d'autres.
L'album a également prouvé qu'il était possible de connaître un succès massif en restant fidèle à ses racines et à ses convictions. Il a ouvert la voie à de nombreux autres groupes britanniques et a rappelé au monde l'importance de la Grande-Bretagne dans l'histoire du rock.
La force de "Definitely Maybe" réside dans cette combinaison unique de mélodies imparables, d'une énergie brute et contagieuse, et d'une attitude qui a défini une époque. C'est un album qui vous attrape dès la première écoute et ne vous lâche plus. Il sent la bière renversée, la fumée de cigarette et les rêves de gloire. Il est le son d'un groupe qui savait qu'il allait devenir le plus grand du monde, et qui a eu l'audace de le clamer haut et fort.
En conclusion, "Definitely Maybe" n'est pas seulement un excellent premier album, c'est un classique instantané qui a résisté à l'épreuve du temps, c'est la pierre angulaire de la discographie d'Oasis et un chapitre essentiel de l'histoire de la musique britannique.
Un 4 sur 5 car même si l'album est toujours aussi bon 30 ans après, Oasis reste avant tout un groupe de branleur ;-)
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4
May 26 2025
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good kid, m.A.A.d city
Kendrick Lamar
Et 200... "good kid, m.A.A.d city" sera donc mon 200ème album écouté dans le cadre de mon projet "1001 albums a écouter avant de mourir".
Autant la 100ème bougie m'avait laissé de marbre avec les Beatles et leur "Rubber Soul" (noté 3 sur 5) autant ici on rentre dans un autre monde.
Sorti en 2012, le deuxième album studio, souvent sous-titré "A Short Film by Kendrick Lamar", n'est pas un simple album mais une immersion dans les rues de Compton, en Californie.
"good kid, m.A.A.d city" est le récit poignant d'un jeune homme, K-Dot, naviguant entre l'innocence de la jeunesse et les dures réalités d'un environnement gangréné par la violence, la drogue et les pressions sociales.
Dès les premières notes, l'album s'impose comme une œuvre conceptuelle ambitieuse. Kendrick Lamar nous invite à monter à bord du van Dodge Caravan de sa mère, et à travers ses yeux, nous vivons une journée type, ou plutôt une série d'événements cruciaux qui vont façonner sa transformation.
Tel un puzzle biographique, chaque morceau est une scène, chaque interlude une transition. L'album tisse une toile complexe d'expériences personnelles qui parlent d'une vérité universelle sur la jeunesse confrontée à l'adversité.
La production, assurée par Dr. Dre, Pharrell Williams, Sounwave, Hit-Boy, et bien d'autres, est d'une richesse et d'une diversité remarquables. Elle oscille entre des ambiances West Coast classiques, teintées de G-Funk, et des sonorités plus modernes et introspectives. Les beats sont tantôt langoureux et atmosphériques, comme sur "Bitch, Don't Kill My Vibe", invitant à la réflexion, tantôt explosifs et urgents, à l'image du titre éponyme "m.A.A.d city", qui dépeint avec une intensité brute la folie ambiante.
Au cœur de cet univers sonore se trouve Kendrick Lamar. Son flow est capable de passer d'un murmure introspectif à une diatribe enflammée en l'espace de quelques mesures. Il incarne différents personnages, module sa voix, joue avec les rythmes et les cadences avec une aisance déconcertante. Ses textes sont d'une densité rare et d'une honnêteté désarmante. Il ne glorifie pas la vie de gangster ; au contraire, il en expose les conséquences tragiques et le cycle infernal.
L'album explore une multitude de thèmes interconnectés. La pression des pairs est omniprésente, comme l'illustre "The Art of Peer Pressure", où Kendrick raconte comment l'influence de ses amis le pousse à commettre des actes qu'il regrettera. La tentation et ses dangers sont au centre de "Swimming Pools (Drank)", un morceau faussement festif qui dénonce en réalité les ravages de l'alcoolisme et la culture de l'excès. La violence est une toile de fond constante, culminant dans des titres comme "m.A.A.d city", avec ses couplets fiévreux et ses sirènes stridentes, ou le poignant "Sing About Me, I'm Dying of Thirst". Ce dernier, divisé en deux parties, est une méditation profonde sur la mort, la mémoire, et la quête de rédemption. Kendrick y donne la parole à ceux qui sont partis trop tôt, et questionne le sens de son propre art face à la tragédie.
Mais "good kid, m.A.A.d city" n'est pas qu'une chronique sombre. C'est aussi l'histoire d'une prise de conscience, d'une quête d'identité et d'une volonté de s'extirper d'un destin qui semble tracé d'avance. Des chansons comme "Good Kid" expriment le sentiment d'être pris au piège entre deux mondes, celui des "bons enfants" et celui de la "ville folle". La spiritualité et la religion apparaissent comme des phares dans l'obscurité, offrant une voie vers le salut, notamment dans les interludes parlés où l'on entend les prières et les conseils de ses parents.
L'album est parsemé de sketchs vocaux impliquant ses parents et ses amis, renforçant l'aspect autobiographique et l'authenticité du récit. Ces moments, souvent empreints d'humour ou de tendresse, ancrent l'histoire dans une réalité tangible et permettent à l'auditeur de s'attacher davantage au jeune Kendrick. Ils servent de liant entre les morceaux, assurant la fluidité du "court-métrage" musical.
L'un des aspects les plus fascinants de l'album est la transformation progressive du personnage principal. De K-Dot, jeune adolescent influençable et parfois naïf, il évolue vers Kendrick Lamar, l'observateur conscient, celui qui a compris les mécanismes de son environnement et qui cherche à briser le cycle. Cette évolution est palpable à travers la narration et la tonalité des morceaux, culminant avec la prise de conscience finale dans "Real".
"good kid, m.A.A.d city" a non seulement propulsé Kendrick Lamar au rang de superstar, mais il a surtout offert un regard nuancé et humain sur la vie dans des quartiers souvent stigmatisés. Il a ouvert des conversations importantes sur la violence urbaine, les inégalités sociales, et la complexité de l'expérience afro-américaine.
Un 4 sur 5 pour un classique instantané, pour un album essentiel à découvrir.
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4
May 27 2025
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Parachutes
Coldplay
En l'an 2000, alors que le nouveau millénaire ouvrait ses portes sur un paysage musical en pleine mutation, un groupe britannique du nom de Coldplay émergeait des profondeurs de l'underground pour offrir au monde "Parachutes", leur premier album studio.
Loin de l'exubérance tapageuse de la Britpop finissante ou des expérimentations électroniques naissantes, "Parachutes" se présentait comme une oeuvre d'une humilité désarmante, une collection de chansons introspectives et mélodieuses qui allait pourtant marquer durablement les esprits et poser la première pierre d'une carrière météorique.
Dès les premières notes de "Don't Panic", l'auditeur est enveloppé d'une atmosphère particulière, un cocon sonore à la fois feutré et chargé d'une douce mélancolie. La guitare acoustique, omniprésente, tisse des arpèges délicats, soutenue par une basse discrète mais essentielle de Guy Berryman et la batterie subtile de Will Champion. La voix de Chris Martin, alors moins assurée qu'aujourd'hui, se pose avec une sincérité à fleur de peau.
"Shiver", l'un des premiers singles, introduit une dynamique rock plus affirmée avec ses guitares électriques légèrement plus incisives, tout en conservant cette mélancolie latente qui traverse l'album. On y sent l'influence lointaine de Jeff Buckley, notamment dans les envolées vocales de Martin.
L'album regorge de moments de grâce pure, comme "Sparks". Ballade acoustique, d'une simplicité biblique, est une déclaration d'amour timide et sincère. La mélodie est d'une beauté désarmante, portée par quelques accords de guitare et la voix émouvante de Martin. C'est le genre de chanson qui semble avoir toujours existé, intime et universelle à la fois.
Et comment ne pas évoquer "Yellow" ? Ce titre est devenu l'hymne involontaire de l'album, le single qui a propulsé Coldplay sur le devant de la scène internationale. Avec son riff de guitare électrique instantanément reconnaissable, sa progression harmonique simple mais diablement efficace, et son refrain fédérateur.
"Trouble", autre single marquant, repose sur un motif de piano mélancolique et entêtant. C'est une complainte, une confession d'erreurs et de regrets. Chris Martin y expose ses faiblesses, sa peur d'avoir blessé l'autre, avec une honnêteté poignante. La chanson monte en intensité de manière subtile, sans jamais perdre de sa finesse. Elle illustre parfaitement cette capacité du groupe à créer une émotion forte avec une économie de moyens.
L'album porte bien son nom, "Parachutes". Il y a cette idée de se laisser flotter, d'une descente en douceur, parfois angoissante, mais toujours contrôlée.
Si "Parachutes" n'a pas la grandiloquence ou la complexité de certaines de leurs productions ultérieures, il possède une pureté, une innocence et une authenticité qui restent profondément touchantes.
Critiquement, "Parachutes" fut bien accueilli, salué pour sa maturité et sa sensibilité. Commercialement, ce fut un succès grandissant, posant les fondations de la future "Coldplaymania".
"Parachutes" n'est pas un album de révolution musicale, mais une affirmation sublime du pouvoir de la mélodie simple et de l'émotion sincère. Il a révélé un groupe capable de toucher le cœur d'un large public sans sacrifier son intégrité artistique.
Vingt-cinq ans plus tard, "Parachutes" conserve intact son charme fragile et une porte d'entrée idéale dans l'univers de Coldplay, un rappel que la beauté réside souvent dans la simplicité et la vulnérabilité.
Un 4 sur 5 pour un album annonciateur d'un groupe au destin hors du commun.
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4
May 28 2025
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(What's The Story) Morning Glory
Oasis
Succédant à l'énergie brute et à l'arrogance juvénile de "Definitely Maybe", "(What's The Story) Morning Glory?" le deuxième album d'Oasis sorti en 1995 allait non seulement cimenter le statut d'Oasis comme l'un des plus grands groupes britanniques de tous les temps, mais aussi devenir la bande-son indélébile de la jeunesse des années 90, l'apogée du mouvement Britpop.
Sur le plan musical, "(What's The Story) Morning Glory?" marque une évolution significative par rapport à son prédécesseur.
Si l'énergie rock est toujours présente, elle est ici canalisée avec plus de sophistication. La production, assurée par Owen Morris et Noel Gallagher lui-même, est plus ample, plus orchestrale par moments, créant ce fameux "mur du son" ("wall of sound") qui donne aux chansons une dimension épique.
Les mélodies, toujours au centre de l'écriture de Noel, sont ici plus ciselées, plus universelles.
On sent une volonté d'écrire des classiques instantanés, des chansons capables de transcender les genres et les générations.
L'album s'ouvre avec "Hello", une introduction tonitruante qui sample "Wonderwall" de manière ironique avant de lancer un riff puissant. C'est une déclaration d'intention, un "nous revoilà, et nous sommes encore meilleurs".
Puis vient "Roll With It", l'un des singles qui a alimenté la fameuse "bataille de la Britpop" contre Blur. C'est un hymne à la résilience, un morceau direct et efficace, typique de l'énergie d'Oasis.
Mais c'est avec les pistes suivantes que l'album atteint des sommets inégalés.
"Wonderwall", ballade acoustique devenue un phénomène planétaire, est sans doute la chanson la plus connue d'Oasis. Sa mélodie mélancolique, portée par la voix éraillée de Liam et des arrangements de cordes subtils, a touché une corde sensible universelle. Les paroles, bien qu'abstraites, évoquent le besoin de soutien et d'amour, résonnant profondément auprès d'un large public. Elle est devenue un standard, repris et adapté à l'infini, prouvant la force intemporelle de son écriture.
Ensuite, "Don't Look Back in Anger", chantée par Noel Gallagher lui-même, est une autre pièce maîtresse. Avec son introduction au piano rappelant John Lennon et son refrain fédérateur, la chanson est un appel à laisser le passé derrière soi et à aller de l'avant. Elle est devenue un hymne de résilience, souvent entonné lors de moments de rassemblement et de commémoration.
"Hey Now!" offre une ambiance plus psychédélique, avec une production dense et des paroles énigmatiques, montrant une facette plus expérimentale du groupe.
La piste titre, "Morning Glory", est un retour à une énergie plus brute, avec un riff incisif et des paroles évoquant l'usage de drogues, un thème récurrent mais traité ici avec une sorte de désinvolture bravache.
L'une des pièces les plus ambitieuses de l'album est sans conteste "Champagne Supernova". Ce morceau épique de plus de sept minutes clôture l'album (avant les pistes cachées) sur une note grandiose et planante.
Au-delà des hits individuels, les thèmes explorés dans "(What's The Story) Morning Glory?" sont ceux d'une génération. On y trouve l'espoir, l'ambition, le désir d'échapper à la monotonie du quotidien.
L'impact de "(What's The Story) Morning Glory?" fut colossal et immédiat. L'album s'est vendu à des millions d'exemplaires à travers le monde, devenant l'un des albums les plus vendus de l'histoire britannique. Il a propulsé Oasis au rang de superstars mondiales, capables de remplir des stades gigantesques, comme en témoignent les concerts historiques de Knebworth en 1996, où plus de 250 000 personnes se sont rassemblées sur deux soirs.
Critiquement, bien que certains aient initialement reproché une production parfois trop lisse ou des paroles jugées simplistes, l'album est aujourd'hui unanimement reconnu comme un classique.
En conclusion, "(What's The Story) Morning Glory?" est une oeuvre majeure, un triomphe artistique et commercial qui a marqué son temps de manière indélébile. Il représente le sommet de la Britpop et l'un des derniers grands moments où le rock'n'roll a véritablement dominé la culture populaire mondiale.
Un album qui s'en sort avec un 4 sur 5
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4
May 29 2025
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Feast of Wire
Calexico
Lorsque l'on évoque Calexico, ce groupe américain originaire de Tucson, Arizona, une imagerie bien particulière vient immédiatement à l'esprit : celle des vastes étendues désertiques du Sud-Ouest américain, des villes frontalières poussiéreuses, des histoires de personnages errants et des mélodies qui semblent flotter comme la chaleur sur l'asphalte.
Et leur quatrième album studio, "Feast of Wire", sorti en 2003, ne fait pas seulement honneur à cette réputation ; il la cimente, l'approfondit et l'emmène vers des sommets de raffinement et d'émotion brute rarement égalés.
Dès l'ouverture, "Sunken Waltz", nous plonge d'emblée dans une ambiance mélancolique et entraînante à la fois. Une valse désabusée, portée par la voix chaude et légèrement éraillée de Joey Burns, des guitares acoustiques délicates et des touches de cuivres qui évoquent un saloon perdu au milieu de nulle part. C'est une invitation à un monde où la beauté se niche souvent dans la tristesse et la solitude.
Puis vient "Quattro (World Drifts In)" avec son introduction instrumentale digne d'une bande originale d'Ennio Morricone, ses trompettes majestueuses et mélancoliques, ses guitares twangy et sa montée en puissance progressive. Ses paroles, elliptiques et poétiques, parlent de frontières, de perte et d'un monde qui semble s'effriter. C'est le son du "desert noir" par excellence, une signature Calexico reconnaissable entre mille.
Mais "Feast of Wire" ne se résume pas à cette seule facette. L'album explore avec une aisance déconcertante une myriade de territoires sonores. On y trouve des ballades folk poignantes comme "Close Behind", où la pedal steel pleure avec une grâce infinie, évoquant les grands espaces et les cœurs brisés. La voix de Joey Burns y est particulièrement touchante, empreinte d'une sincérité désarmante.
L'influence mariachi, toujours présente chez Calexico, se fait entendre de manière éclatante sur des titres comme "Pepita", une pièce instrumentale joyeuse et enlevée, pleine de vie et de couleurs. Les trompettes y sont reines, virevoltantes et festives. On sent l'héritage culturel de la frontière mexicaine, non pas comme un simple gimmick, mais comme une partie intégrante de l'ADN musical du groupe.
L'album sait aussi se faire plus sombre et introspectif. "Black Heart" en est un exemple frappant. Sur un rythme lancinant, presque hypnotique, la chanson déploie une atmosphère de film noir, tendue et mystérieuse. Les arrangements sont subtils, avec des cordes discrètes qui ajoutent à la tension dramatique. C'est une descente dans les ombres, une exploration des tourments intérieurs.
La richesse instrumentale de "Feast of Wire" est l'un de ses atouts majeurs. Burns et Convertino, multi-instrumentistes talentueux, s'entourent ici d'une pléiade de musiciens qui apportent chacun leur pierre à l'édifice. On entend des guitares acoustiques et électriques, des basses profondes, une batterie d'une finesse et d'une inventivité remarquables (la signature de Convertino), mais aussi des trompettes, des trombones, des violons, des violoncelles, un accordéon, un vibraphone, un Wurlitzer, et même un güiro. Chaque instrument est à sa place, chaque note semble nécessaire. Les arrangements sont d'une intelligence rare, créant des textures sonores d'une grande profondeur.
Les incursions jazz ne sont pas rares non plus. "Attack El Robot! Attack!" est un instrumental débridé et foisonnant, où les cuivres s'en donnent à cœur joie sur une rythmique complexe et inventive. Cela démontre la versatilité du groupe, capable de passer d'une ballade épurée à une explosion sonore jubilatoire sans jamais perdre sa cohérence.
Ce qui frappe le plus à l'écoute de "Feast of Wire", c'est sa capacité à créer des images mentales puissantes. Chaque morceau est une petite scène, un fragment de film. On imagine des routes infinies, des ciels étoilés au-dessus du désert, des rencontres fugaces dans des bars enfumés, des histoires d'amour et de trahison. C'est une musique qui stimule l'imagination, qui invite au voyage, tant physique qu'intérieur.
La production de l'album, assurée par le groupe lui-même avec l'aide de Craig Schumacher, est impeccable. Elle sert la musique à la perfection, donnant de l'ampleur aux passages orchestraux tout en préservant l'intimité des moments plus dépouillés. Le son est chaud, organique, analogique dans le meilleur sens du terme.
Les thèmes abordés sont universels : l'amour, la perte, la quête d'identité, le sentiment d'être un étranger, la beauté fragile du monde. Il y a une humanité profonde qui se dégage de ces chansons, une empathie pour les personnages qu'elles dépeignent, qu'ils soient réels ou imaginaires.
En conclusion, "Feast of Wire" est bien plus qu'un simple album de "Tex-Mex" ou d'"indie rock". C'est une œuvre d'art totale, un festin sonore qui nourrit l'esprit et l'âme. Calexico y atteint un sommet de créativité, offrant un panorama musical d'une richesse et d'une beauté époustouflantes. C'est un album essentiel pour quiconque s'intéresse à la musique américaine contemporaine dans ce qu'elle a de plus inventif et de plus émouvant.
Un 4 sur 5
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4
May 30 2025
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Post Orgasmic Chill
Skunk Anansie
A ce jour, je résumais Skunk Anansie à deux dates.
Août 1995 et leur premier concert en France qui m'avait fait l'effet d'une véritable baffe en plein visage. Ceci essentiellement dû à l'énergie brute et la connexion palpable entre les membres du groupe et le public, qui depuis ont contribué à forger la légende de Skunk Anansie sur scène.
Septembre 1995 et leur premier album "Paranoid and Sunburnt" qui m'avait apporté une réelle déception après ce que j'avais vécu quelques semaines auparavant (peut être un effet "Post Orgasmic").
Depuis cette date, j'avais simplement refermé la parenthèse Skunk Anansie.
Aujourd'hui, mon 204ème album à écouter est leur 3ème album "Post Orgasmic Chill" sorti en 1999.
Album complexe et mature, "Post Orgasmic Chill" s'éloigne quelque peu de l'agressivité brute de leurs précédents opus, car cet album explore une palette sonore plus large et des thèmes plus introspectifs.
Dès les premières notes, on retrouve la voix de Skin, toujours aussi puissante, et qui est capable de passer d'une douceur caressante à une rage incandescente en l'espace d'une syllabe. Sa présence magnétique est le fil conducteur de l'album, naviguant avec aisance à travers des paysages musicaux variés. Les riffs de guitare d'Ace, tantôt tranchants et incisifs, tantôt mélodiques et atmosphériques, tissent une toile sonore riche et captivante. La section rythmique, assurée par la basse de Cass Lewis et la batterie de Mark Richardson, est d'une solidité à toute épreuve, conférant à l'ensemble une pulsation viscérale et entraînante.
"Post Orgasmic Chill" se distingue par sa volonté d'explorer de nouvelles sonorités. Si l'on retrouve bien sûr l'énergie rock alternative qui caractérise le groupe, des influences funk, électroniques et même des touches de ballades plus mélancoliques viennent enrichir la proposition.
L'album aborde des thématiques profondes et souvent sombres. Les paroles, majoritairement écrites par Skin, explorent les complexités des relations humaines, la douleur de la trahison, la quête d'identité et la critique sociale. Il y a une honnêteté brute qui se dégage des textes, une volonté de mettre à nu les émotions les plus intenses. La "détente post-orgasmique" du titre peut être interprétée de multiples façons : le calme après la tempête émotionnelle, la lucidité qui suit une période de chaos, ou encore une réflexion sur les conséquences de nos actes et de nos désirs.
À sa sortie, "Post Orgasmic Chill" a reçu un accueil critique globalement positif, beaucoup saluant la maturité et l'audace du groupe. Il a également connu un succès commercial notable, se classant bien dans les charts européens et consolidant la position de Skunk Anansie comme l'un des groupes de rock alternatif les plus importants de la fin des années 90.
Au final, ce sera un beau 4 sur 5 pour un album essentiel de la discographie de Skunk Anansie à découvrir et même s'il ne pourra jamais valoir une de leur prestation scénique.
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4
Jun 02 2025
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Enter The Wu-Tang (36 Chambers)
Wu-Tang Clan
Au panthéon du hip-hop, peu d'albums peuvent se targuer d'avoir eu un impact aussi important que "Enter The Wu-Tang (36 Chambers)" du collectif new-yorkais Wu-Tang Clan.
Dès les premières notes, de ce premier opus sorti en 1993, l'auditeur est happé dans un univers sombre, celui des bas-fonds de Staten Island, surnommée "Shaolin" par les membres du groupe. La production, assurée en grande partie par RZA, est à l'image de cet environnement : minimaliste, poussiéreuse, presque austère, mais d'une efficacité redoutable. Les samples, puisés avec une érudition impressionnante dans les films de kung-fu des années 70, les classiques de la soul et du funk, créent une atmosphère unique, à la fois cinématographique et menaçante. Loin des productions léchées et commerciales qui commençaient à dominer le rap de l'époque, RZA opte pour un son brut, presque lo-fi, qui confère à l'album une authenticité et une urgence palpables. Les basses sont lourdes, les caisses claires claquent comme des coups de fouet, et les mélodies, souvent hypnotiques, s'insinuent durablement dans l'esprit.
Mais la véritable force de "Enter The Wu-Tang" réside dans la diversité et la complémentarité des neuf MCs qui composent le Clan. Chacun possède un flow, une personnalité et un univers lyrique qui lui sont propres, créant ainsi une vraie dynamique de groupe.
Il y a la folie imprévisible d'Ol' Dirty Bastard, dont les couplets déstructurés et les interjections surréalistes apportent une touche de chaos contrôlé. Il y a la technicité et la précision chirurgicale de GZA et Inspectah Deck, maîtres conteurs capables de dépeindre avec une acuité saisissante la dure réalité des rues. Il y a la puissance brute et le charisme de Method Man, dont le flow nonchalant et la voix rauque en ont fait l'une des premières superstars du groupe. Raekwon et Ghostface Killah, quant à eux, excellent dans le "crime rap", tissant des récits mafieux complexes et imagés, préfigurant leur futur chef-d'œuvre commun, Only Built 4 Cuban Linx.... U-God, Masta Killa et Cappadonna (bien que moins présent sur ce premier effort) complètent ce tableau avec leurs styles distincts, apportant chacun leur pierre à l'édifice.
Les thèmes abordés sont variés, mais toujours ancrés dans une réalité crue : la vie dans le ghetto, la violence, le trafic de drogue, la spiritualité, et bien sûr, l'univers des arts martiaux, qui sert de métaphore filée tout au long de l'album.
Des morceaux comme "C.R.E.A.M. (Cash Rules Everything Around Me)" sont devenus des hymnes intemporels, avec son sample mélancolique de The Charmels et ses couplets poignants sur la pauvreté et l'appât du gain. "Protect Ya Neck", le premier single auto-produit qui a mis le feu aux poudres, est une démonstration de force collective, où chaque MC vient prouver sa valeur. "Wu-Tang Clan Ain't Nuthing ta F' Wit" est une déclaration d'intention féroce, tandis que "Method Man" met en lumière le talent unique de son interprète sur une production hypnotique. D'autres titres comme "Shame on a Nigga", "Da Mystery of Chessboxin'" ou "Tearz" explorent différentes facettes du talent du groupe, allant de l'egotrip pur et dur à des réflexions plus introspectives et émouvantes.
L'impact de "Enter The Wu-Tang (36 Chambers)" sur le hip-hop est incommensurable. Il a ouvert la voie à un son plus sombre et plus hardcore, influençant des générations d'artistes. Il a également prouvé qu'un collectif pouvait réussir tout en permettant à ses membres de briller individuellement, un modèle économique et artistique novateur pour l'époque. RZA a non seulement créé un son, mais aussi une mythologie, un univers cohérent et fascinant qui a captivé l'imagination du public.
Un 4 sur 5 pour un album essentiel, une porte d'entrée vers un univers unique, une leçon de style, de flow et d'indépendance artistique.
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4
Jun 03 2025
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Different Class
Pulp
Sorti en octobre 1995, "Different Class" du groupe Pulp, mené par l'iconique Jarvis Cocker, est une fresque sociale acerbe, un regard lucide et souvent hilarant sur les complexités de la société britannique, ses divisions de classes et les aspirations parfois déçues de sa jeunesse.
Dès la pochette, le ton est donné. Une photographie de mariage, choisie parmi plusieurs options alternatives, illustre avec une ironie mordante le thème central de l'album : la confrontation des classes sociales, l'envie, le désir d'appartenir ou, au contraire, de rejeter un certain milieu. Les paroles de Jarvis Cocker, fines, poétiques et souvent teintées d'un humour noir délectable, dissèquent les interactions humaines, les faux-semblants et les angoisses existentielles.
L'album s'ouvre sur le monumental "Mis-Shapes", un appel vibrant aux inadaptés, aux marginaux, à ceux qui ne rentrent pas dans le moule. C'est une déclaration d'intention, une affirmation de la fierté d'être différent. Suivent des titres qui deviendront des classiques, à commencer par l'hymne intergénérationnel "Common People". Cette chanson, basée sur une rencontre réelle de Jarvis Cocker avec une étudiante grecque fortunée fascinée par la "vie des gens ordinaires", est une critique cinglante du "tourisme de la pauvreté" et une exploration poignante du fossé entre les classes. La narration est brillante, l'instrumentation monte en puissance pour culminer dans un refrain fédérateur.
Mais "Different Class" ne se résume pas à "Common People". Chaque piste offre une facette différente du talent de Pulp. "Disco 2000", avec sa mélodie entraînante et sa nostalgie douce-amère, raconte l'histoire d'un amour de jeunesse et le passage du temps, évoquant des souvenirs d'école et des promesses non tenues. C'est une chanson universelle sur l'amitié et les rendez-vous manqués, portée par un optimisme teinté de mélancolie.
L'album explore également des thèmes plus sombres et introspectifs. "Sorted for E's & Wizz" dépeint l'expérience d'un festival de musique et la consommation de drogues avec une honnêteté brute, ce qui valut à l'époque au groupe quelques controverses.
"I Spy" est un autre morceau marquant, avec son ambiance cinématographique et ses paroles provocatrices sur le voyeurisme et la jalousie sociale. Jarvis Cocker y incarne un personnage observant avec envie et ressentiment la vie des plus nantis, rêvant de s'immiscer dans leur intimité. La tension monte crescendo, soutenue par des arrangements orchestraux grandioses qui contrastent avec la trivialité apparente du sujet.
La production de Chris Thomas, qui avait notamment travaillé avec les Sex Pistols et Roxy Music, est impeccable. Elle confère à l'album un son à la fois glamour et brut, sophistiqué et direct. Les mélodies sont accrocheuses, les arrangements riches et inventifs, mêlant guitares incisives, synthétiseurs new wave, et cordes luxuriantes. La voix de Jarvis Cocker, tantôt crooner désabusé, tantôt tribun enflammé, est au centre de cet univers sonore unique. Son phrasé particulier, sa diction impeccable et son charisme naturel font de lui l'un des frontmen les plus captivants de sa génération.
Au-delà des singles à succès, des morceaux comme "Pencil Skirt", avec sa sensualité trouble et son ambiance de film noir, ou "Something Changed", ballade touchante sur la nature imprévisible de l'amour, démontrent la versatilité du groupe. "Live Bed Show" offre une description crue et mélancolique d'une relation qui s'étiole, tandis que "Monday Morning" dépeint la monotonie et le désespoir du quotidien avec une justesse désarmante.
"Different Class" a connu un succès critique et commercial retentissant, remportant le prestigieux Mercury Prize en 1996, devançant des albums d'artistes comme Oasis ou Radiohead. Il a propulsé Pulp au rang de stars internationales et a solidifié leur place au panthéon de la Britpop, aux côtés de Blur et Oasis, bien que leur approche et leurs thématiques aient toujours été singulières.
Au final ce sera un 4 sur 5 pour un commentaire social puissant.
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4
Jun 04 2025
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Bad Company
Bad Company
L'année 1974 fut marquée par la naissance de Bad Company. Formé par des membres de groupes britanniques légendaires, ce supergroupe a immédiatement gravé son nom dans l'histoire avec son premier album sobrement intitulé "Bad Company".
Avec sa pochette iconique, simple mais immédiatement reconnaissable – le logo du groupe sur fond noir – l'album annonçait déjà la couleur : une musique directe, sans fioritures, mais d'une puissance et d'une efficacité redoutables.
Le quatuor était composé de Paul Rodgers, dont la voix bluesy et puissante avait déjà fait des merveilles avec Free, de Mick Ralphs, guitariste rythmique et compositeur ingénieux échappé de Mott the Hoople, de Boz Burrell, ancien bassiste de King Crimson apportant une assise solide et groovy, et de Simon Kirke, également ex-membre de Free, dont la frappe de batterie était à la fois précise et énergique. Cette alchimie entre des musiciens chevronnés, chacun apportant son expérience et sa personnalité, fut l'un des facteurs clés du succès immédiat de l'album.
Dès les premières notes de "Can't Get Enough", le single phare qui a propulsé l'album au sommet des charts, on comprend l'essence de Bad Company. Un riff de guitare accrocheur signé Ralphs, la voix inimitable de Rodgers, à la fois rocailleuse et mélodique, et une section rythmique implacable. Ce titre est devenu un hymne instantané, une véritable profession de foi rock 'n' roll qui continue de résonner sur les ondes et dans les stades aujourd'hui.
Mais réduire "Bad Company" à ce seul tube serait une erreur. L'album regorge de pépites qui démontrent la versatilité et la profondeur du groupe. "Rock Steady" porte bien son nom, offrant un groove solide et une énergie communicative. "Ready for Love", une composition de Ralphs datant de son époque avec Mott the Hoople mais magnifiée ici par la voix de Rodgers, est une ballade puissante teintée de blues, empreinte d'une mélancolie poignante.
La chanson-titre, "Bad Company", est peut-être l'une des pièces maîtresses de l'album et de la carrière du groupe. Avec son introduction au piano, son ambiance sombre et cinématographique, elle raconte une histoire d'outsiders et de rébellion, un thème cher au rock. La montée en puissance progressive du morceau, culminant avec des guitares incisives et la voix habitée de Rodgers, en fait un classique intemporel. Elle illustre parfaitement la capacité du groupe à créer des atmosphères prenantes, allant au-delà du simple format couplet-refrain.
Enregistré aux Headley Grange, lieu mythique où Led Zeppelin avait également enregistré certains de ses morceaux, et sorti sur le label Swan Song Records, fondé par Led Zeppelin, l'album "Bad Company" bénéficia d'une production soignée mais qui laissait transparaître l'énergie brute du groupe. Loin des expérimentations progressives ou du glam rock alors en vogue, Bad Company proposait un retour aux sources du rock 'n' roll, teinté de blues, avec un son puissant et direct qui parlait à un large public.
L'impact de "Bad Company" fut colossal. Aux États-Unis, il atteignit la première place du Billboard 200, et fut certifié quintuple disque de platine. Au Royaume-Uni, il se classa troisième. Ce succès n'était pas uniquement commercial ; l'album fut également salué par la critique pour sa cohérence, la qualité de ses compositions et l'exceptionnel talent de ses interprètes. Il a défini le son du "arena rock" des années 70, influençant d'innombrables groupes par la suite.
Même s'il n'a pas tant vieilli que cela après 50 ans, l'album s'en sort avec un 3 sur 5 qui n'est pas une mauvaise note en soi.
Un 3 sur 5 pour un album d'un blues rock convenu et déjà mille fois entendu.
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3
Jun 05 2025
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Walking Wounded
Everything But The Girl
En 1996, le duo britannique Everything but the Girl, composé de Tracey Thorn et Ben Watt, opère une transformation musicale audacieuse et acclamée avec la sortie de son neuvième album studio, "Walking Wounded". Cet opus marque un virage stylistique majeur, délaissant les sonorités jazzy et sophisti-pop de leurs débuts pour embrasser pleinement les rythmes électroniques et les atmosphères envoûtantes de la drum and bass et du trip-hop, alors en pleine effervescence au Royaume-Uni. Loin d'être une simple concession aux tendances du moment, "Walking Wounded" s'impose comme une œuvre d'une profonde maturité, où la mélancolie introspective, signature du groupe, trouve un nouvel écrin sonore, à la fois moderne et intemporel.
L'album s'ouvre sur le morceau éponyme, "Walking Wounded", une immersion immédiate dans ce nouveau paysage sonore. Les breakbeats caractéristiques de la drum and bass, ici ralentis et adoucis, tissent une toile rythmique complexe sur laquelle la voix chaude et légèrement voilée de Tracey Thorn déploie des paroles empreintes d'une vulnérabilité poignante. Elle y dépeint la douleur persistante d'une rupture amoureuse, l'impression d'être un "blessé de guerre" de l'amour, errant dans le paysage de sa propre peine. Ce titre donne le ton à l'ensemble de l'album : une exploration des cœurs meurtris et des solitudes urbaines, portée par des productions électroniques sophistiquées.
Ben Watt, après s'être immergé dans la scène électronique londonienne, collaborant avec des figures montantes telles que Spring Heel Jack, qui coproduit une partie de l'album, et Howie B. Leur apport est crucial, insufflant une authenticité et une fraîcheur aux productions, tout en respectant l'essence mélodique et l'écriture sensible du groupe.
Des titres comme "Wrong" illustrent parfaitement cette fusion réussie. Sur une rythmique jungle épurée et des nappes de synthétiseurs éthérées, Tracey Thorn chante les malentendus et les regrets d'une relation qui s'effrite. Sa voix, toujours au premier plan, conserve cette intimité désarmante qui a fait la renommée du duo, mais elle se trouve magnifiée par la richesse des textures électroniques. "Single", autre morceau phare, aborde avec une lucidité douce-amère le thème du célibat et de la reconstruction de soi après une séparation. La production, à la fois minimaliste et entêtante, souligne le sentiment d'isolement et la quête d'indépendance.
Ce qui frappe dans "Walking Wounded", c'est la manière dont Everything but the Girl parvient à intégrer des éléments de genres alors considérés comme underground, tels que la drum and bass, dans un format pop accessible sans jamais en diluer la substance ou la complexité. Ils évitent l'écueil de la simple appropriation pour créer une œuvre hybride et personnelle. Les paroles de Tracey Thorn, toujours aussi introspectives et finement ciselées, abordent des thèmes universels – l'amour, la perte, la solitude, la résilience – avec une honnêteté et une sensibilité qui trouvent un écho particulier dans ce contexte sonore nocturne et mélancolique.
L'album explore également des nuances plus sombres et expérimentales, comme sur "The Nerve", où les rythmes se font plus insistants et l'atmosphère plus oppressante, reflétant une tension intérieure palpable. À l'inverse, des morceaux comme "Before Today" apportent une touche plus lumineuse et dansante, tout en conservant cette élégance mélodique propre au groupe.
Un 4 sur 5 pour un album novateur de techno acoustique et mélancolique.
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4
Jun 06 2025
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Happy Trails
Quicksilver Messenger Service
"Happy Trails", le deuxième opus de Quicksilver Messenger Service, sorti en 1969 et enregistré en grande partie en concert, est souvent cité parmi les reliques importantes de l'ère psychédélique de San Francisco.
Après un écoute attentive – voir une deuxième si on a le courage de s'infliger une telle épreuve plus d'une fois – cet album se révèle être une expérience particulièrement ardue, un monument qui finit par lasser plus qu'il ne fascine.
Le principal problème de "Happy Trails" réside dans sa structure même. Conçu comme une longue suite live occupant la majorité de l'album, avec le fameux "Who Do You Love? Suite" s'étalant sur plus de 25 minutes, l'oeuvre sombre rapidement dans une démonstration de virtuosité certes présente, mais terriblement vaine. Les guitares de John Cipollina et Gary Duncan s'entremêlent, s'étirent, vibrent et trémulent à l'infini, mais sans jamais réellement construire quelque chose de mémorable ou d'engageant sur la durée. On assiste à un déballage technique, une sorte de compétition interne où chaque musicien semble vouloir prouver son endurance, oubliant au passage l'auditeur qui, lui, décroche bien avant la fin du premier quart d'heure.
Ce qui aurait pu être l'énergie brute et captivante d'un concert se transforme ici en une bouillie sonore interminable. Les jams s'éternisent sans véritable direction, tournant en rond sur des motifs répétitifs qui finissent par user la patience la mieux trempée. On a l'impression d'entendre les mêmes phrases musicales revenir encore et encore, légèrement variées, mais jamais transcendées. L'effet hypnotique recherché se mue en une torpeur pesante, un sentiment d'être piégé dans une boucle temporelle où la fin du morceau semble une délivrance inaccessible.
Le choix de reprendre le "Who Do You Love?" de Bo Diddley comme pièce maîtresse, pour ensuite le déconstruire et le réassembler en une multitude de segments aux noms ésotériques ("When You Love", "Where You Love", "How You Love", "Which Do You Love", "Who Do You Love - Part 2"), aurait pu être une idée audacieuse. Malheureusement, l'exécution manque cruellement de concision et d'impact. Les transitions sont souvent laborieuses, et l'ensemble peine à maintenir un semblant de cohérence narrative ou émotionnelle. On passe d'un segment à l'autre avec l'espoir d'un regain d'intérêt, mais cet espoir est systématiquement douché par une nouvelle démonstration de guitares bavardes et peu inspirées.
La deuxième face, avec des titres comme "Mona" (une autre composition de Bo Diddley, étirée elle aussi) et le "Calvary" instrumental, ne parvient pas à redresser la barre. "Mona" souffre des mêmes maux que la suite précédente : une longueur excessive et un manque de substance mélodique qui rendent l'écoute fastidieuse. "Calvary", bien que plus structuré et possédant une ambiance cinématographique western intéressante, arrive trop tard et ne suffit pas à sauver l'ensemble du naufrage. Il offre une couleur différente, certes, mais après avoir enduré la première face, la fatigue auditive est telle que l'on peine à l'apprécier à sa juste valeur. On se surprend à regarder le temps restant sur le lecteur, espérant la fin de ce qui ressemble davantage à un test d'endurance qu'à une expérience musicale enrichissante.
On pourrait arguer que cet album est le pur produit de son époque, où l'expérimentation et l'improvisation étaient reines. D'autres groupes de la même période, comme le Grateful Dead, ont également produit des œuvres live foisonnantes et improvisées. Cependant, chez ces derniers, on trouvait souvent une âme, une construction, une sorte de magie collective qui justifiait les longues plages instrumentales. Avec "Happy Trails", cette magie opère rarement. On reste sur le quai, observant un train de musiciens qui s'amusent entre eux, sans véritablement nous inviter à bord.
L'album est donc un témoignage d'une certaine scène, d'une certaine approche de la musique live, mais en tant qu'objet discographique destiné à une écoute domestique, il rate largement sa cible. Il est l'archétype de l'album que l'on respecte pour son statut historique plus qu'on ne l'aime pour ses qualités intrinsèques. Il est long, oui, désespérément long. Et chiant, pour quiconque recherche un minimum de structure, de mélodie accrocheuse ou simplement d'efficacité dans la transmission d'une émotion.
En conclusion, "Happy Trails" est une pièce de musée sonore qui a mal vieilli et qui termine avec la note de 1 sur 5.
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1
Jun 09 2025
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Bat Out Of Hell
Meat Loaf
Il est des albums que l'histoire de la musique a érigés en monuments intouchables, des œuvres dont la simple évocation du nom impose le respect et l'admiration. Et "Bat Out of Hell", l'opéra-rock titanesque de Meat Loaf et de son acolyte Jim Steinman, fait incontestablement partie de cette catégorie. Vendu à des dizaines de millions d'exemplaires, célébré pour son ambition démesurée et son souffle épique, il est souvent présenté comme un chef-d'œuvre incontournable de la fin des années 70.
Pourtant, une écoute en 2025, révèle une tout autre réalité, bien plus amère et décevante, "Bat Out of Hell" n'est rien de plus qu'une relique qui a bien mal vieilli.
J'avoue, je ne connaissais pas cet album, et le premier contact que j'ai eu avec lui a été une véritable épreuve. On m'avait promis une déferlante d'énergie, un "mur du son" wagnérien appliqué au rock'n'roll. Et ce que j'ai reçu au final, n'est qu'une bouillie sonore pompeuse. La production, signée Todd Rundgren, est emblématique des excès de l'époque. Chaque espace est comblé, chaque instrument semble crier plus fort que le précédent, créant une saturation permanente qui confond puissance et vacarme. Les pianos, omniprésents et martelés avec une grandiloquence de concert de fin d'année, les guitares saturées qui manquent de tranchant, les chœurs à la théâtralité forcée... tout concourt à un sentiment d'étouffement. L'ambition est là, certes, mais elle est mal canalisée, se perdant dans une production boursouflée qui a aujourd'hui le charme désuet d'un vieux péplum hollywoodien.
Le problème fondamental de "Bat Out of Hell" réside dans sa longueur et son absence totale de concision. C'est un album qui s'écoute la montre à la main, un marathon musical dont on ne voit jamais le bout. Les morceaux ne sont pas des chansons, ce sont des suites interminables, des pièces montées indigestes qui étirent à l'infini des idées souvent bien minces. Le morceau-titre, avec ses presque dix minutes, est un cas d'école. Il multiplie les ruptures de rythme, les solos interminables et les envolées lyriques sans jamais parvenir à justifier sa durée. On attend une explosion, un climax, mais on ne récolte qu'une succession de faux départs et de sections qui s'enchaînent sans réelle cohérence.
Le paroxysme du supplice est atteint avec "Paradise by the Dashboard Light". Cette bluette adolescente, étirée sur plus de huit minutes, est d'un ennui mortel. La structure narrative, avec son commentaire de match de baseball en guise de métaphore sexuelle, est une gimmick qui, si elle pouvait paraître amusante en 1977, est aujourd'hui d'une lourdeur et d'une niaiserie confondantes. C'est long, c'est répétitif, et l'intermède parlé casse le peu de dynamique que la chanson avait réussi à installer. On subit le morceau plus qu'on ne l'écoute, attendant avec impatience que le calvaire se termine enfin.
Au-delà de la structure, c'est le fond qui pose problème. Les thèmes abordés – les amours adolescentes, la rébellion en blouson de cuir, les rêves de liberté sur une moto – étaient déjà des clichés à l'époque. Traités avec la subtilité d'un rouleau compresseur par la plume de Steinman, ils sombrent dans le ridicule. Les paroles, dégoulinantes de pathos et de romantisme de pacotille, peinent à émouvoir ou à susciter le moindre intérêt. On a l'impression d'assister à une comédie musicale de lycée avec un budget illimité, où chaque émotion est surjouée, chaque sentiment hurlé à pleins poumons par un Meat Loaf en roue libre.
La performance vocale de ce dernier est d'ailleurs à double tranchant. Si personne ne peut nier la puissance de sa voix, son utilisation constante du registre de la puissance maximale devient rapidement lassante. Il n'y a aucune nuance, aucune retenue. Tout est crié, tout est déclamé avec une ferveur qui frise l'hystérie. C'est une performance épuisante pour l'auditeur, une démonstration de force vocale qui oublie l'essentiel : l'émotion ne naît pas du volume, mais de la finesse et de la variation.
Finalement, "Bat Out of Hell" est un album profondément sans intérêt pour une oreille contemporaine. Il représente le chant du cygne d'une certaine idée du rock, celle de l'excès et du gigantisme, juste avant que le punk et la new wave ne viennent balayer tout cela avec une énergie brute, une urgence et une pertinence qui, elles, n'ont pas pris une ride. Écouter cet album aujourd'hui, c'est mesurer le fossé qui le sépare d'œuvres véritablement intemporelles. Il n'a ni la rage viscérale d'un "Never Mind the Bollocks", ni l'intelligence froide d'un "Marquee Moon", sortis la même année. Il est simplement un vestige, le témoin assourdissant d'une époque révolue. Un album long, chiant, et dont la réputation est l'une des plus grandes énigmes de l'histoire de la musique populaire. Une chauve-souris sortie de l'enfer, certes, mais qui aurait mieux fait d'y rester.
Une note justifiée et méritée, un petit 1 sur 5.
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1
Jun 10 2025
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Smash
The Offspring
En 1994, alors que le grunge commençait à peine son reflux suite à la disparition tragique de Kurt Cobain, une nouvelle vague d'énergie brute et mélodique déferlait sur les ondes mondiales. Venue tout droit d'Orange County, en Californie, cette vague avait un nom : The Offspring. Et son tsunami sonore, l'album "Smash", reste à ce jour l'un des disques indépendants les plus vendus de tous les temps. Phénomène commercial et culturel, "Smash" a propulsé le punk rock californien sur le devant de la scène internationale. Pourtant, plus de trente ans après sa sortie, si l'impact de l'album est indéniable, un regard critique tempéré, permet de nuancer son statut d'œuvre intouchable.
Il est impossible de parler de "Smash" sans évoquer son succès phénoménal. Pour un album produit par un label indépendant, les chiffres sont tout simplement vertigineux. Porté par un trio de singles au succès planétaire – "Come Out and Play", "Self Esteem", et "Gotta Get Away" – l'album s'est écoulé à plus de 11 millions d'exemplaires dans le monde. Il reste à ce jour l'un des albums indépendants les plus vendus de tous les temps. Le riff oriental et la phrase culte "You gotta keep 'em separated" de "Come Out and Play" sont devenus l'hymne d'un été, tournant en boucle sur les radios et sur MTV, qui consacra le groupe comme l'un des nouveaux rois de la musique alternative.
Cette réussite commerciale fulgurante a propulsé le punk rock, ou plus précisément sa branche pop-punk californienne, sur le devant de la scène internationale, aux côtés de "Dookie" de Green Day, sorti la même année. The Offspring a prouvé qu'il était possible de concilier l'énergie brute du punk avec des mélodies accrocheuses capables de séduire le grand public. La formule de "Smash" est d'une efficacité redoutable : des guitares saturées et rapides, une section rythmique frénétique menée par la batterie de Ron Welty, et la voix nasillarde et reconnaissable entre mille de Dexter Holland. Chaque chanson est un concentré d'énergie, calibré pour le "pogo" et les refrains repris en chœur.
Cependant, malgré la puissance indéniable de ces titres, on ne peut ignorer une certaine redondance dans les structures. La formule couplet rapide / refrain fédérateur, bien qu'efficace, est utilisée de manière quasi systématique. Les riffs de Noodles, bien que percutants, tournent souvent autour des mêmes progressions d'accords. Les "whoas" et les "yeahs", s'ils contribuent à l'aspect hymnique, peuvent aussi apparaître comme une facilité d'écriture.
Dans l'ensemble, on apprécie l'écoute, on hoche la tête avec vigueur, mais l'émotion brute ou la surprise se font plus rares sur la longueur des quatorze pistes.
Le bât blesse également au niveau de la profondeur des textes. Si "Come Out and Play" et "Self Esteem", qui dépeint une relation toxique avec une justesse cruelle, sont des modèles d'écriture pop-punk, d'autres titres tombent dans une caricature de la rébellion adolescente. Les thèmes abordés, bien que pertinents (la violence, l'aliénation, le conformisme), sont souvent traités de manière superficielle.
L'héritage de "Smash" est donc double. D'un côté, il est un monument commercial, une porte d'entrée vers le punk rock pour des millions d'adolescents des années 90. Il a changé les règles du jeu pour la musique indépendante et a solidifié une esthétique pop-punk qui influencera d'innombrables groupes. De l'autre, d'un point de vue purement discographique, il peut être perçu comme un album brillant par ses singles, mais qui, dans son ensemble, reste un cran en dessous des classiques absolus du rock. Il n'a ni la portée politique d'un "London Calling" des Clash, ni la révolution sonore d'un "Nevermind" de Nirvana.
En conclusion, réécouter "Smash" aujourd'hui confirme cette impression mitigée. C'est une capsule temporelle incroyablement efficace, un instantané d'une époque où le rock alternatif pouvait conquérir le monde. Les singles restent des modèles de composition punk-rock, alliant puissance et sens de la mélodie. Cependant, l'album dans sa globalité, malgré son énergie indéniable, ne parvient pas à se défaire d'une certaine uniformité. C'est un album que l'on aime pour son impact, pour les souvenirs qu'il évoque et pour ses refrains dévastateurs. Un excellent album de punk rock, dynamique et furieusement divertissant. Mais un chef-d'oeuvre ? Probablement pas.
Un solide 3 sur 5 : l'histoire d'un bon album qui, par un alignement parfait des planètes, est devenu un véritable phénomène.
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3
Jun 11 2025
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The Low End Theory
A Tribe Called Quest
Il est des albums qui ne se contentent pas de marquer leur époque, mais qui la définissent et "The Low End Theory", deuxième opus du groupe légendaire A Tribe Called Quest, est sans l'ombre d'un doute l'un de ceux-là.
Sorti en 1991, en plein âge d'or du hip-hop, ce disque est un monument de son et de texture qui continue, plus de trente ans après, d'influencer des générations d'artistes. Et le considérer comme un simple album serait une erreur ; c'est un manifeste, une déclaration d'amour au jazz et une redéfinition des possibilités sonores du rap.
La véritable révolution de "The Low End Theory" se situe, comme son nom l'indique, dans les basses fréquences.
Le groupe, mené par le génie de la production Ali Shaheed Muhammad et la vision de Q-Tip, a fait un choix radical. Ils ont délaissé les échantillonnages (samples) complexes et chargés de leur premier album pour une approche plus minimaliste, plus organique.
Le squelette de l'album est construit autour de lignes de basse profondes, jazzy, souvent jouées à la contrebasse. Cette base rythmique, chaude et enveloppante, donne à l'album une cohésion et une atmosphère uniques. On ne se sent pas agressé par le son, on est invité à s'y lover.
Des titres comme "Jazz (We've Got)" ou "Buggin' Out" sont des exemples parfaits de cette alchimie. La batterie est sèche, percutante mais jamais envahissante, laissant toute la place à cette basse hypnotique et aux samples de cuivres feutrés. C'est une production d'une intelligence rare, qui privilégie l'espace et la subtilité à la démonstration de force.
Sur cette toile sonore impeccable, vient se poser le deuxième pilier de l'album : le flow. L'alchimie entre les deux MCs, Q-Tip et Phife Dawg, atteint ici son paroxysme. Leur dynamique est l'une des plus belles de toute l'histoire du rap. Q-Tip, le poète abstrait, avec sa voix nasillarde et son flow décontracté, pose des réflexions philosophiques et sociales. Phife Dawg, le "Funky Diabetic", est son contrepoint parfait : direct, incisif, drôle et impertinent. Il est le maître de la "punchline", celui qui ramène le propos sur le terrain, dans le concret.
Leur complémentarité éclate sur des morceaux comme l'immense classique "Check the Rhime". Leurs échanges en "questions-réponses" sont d'une fluidité déconcertante, on a l'impression d'assister à une conversation entre deux amis de longue date. Cette complicité rend les textes vivants, accessibles et profondément humains. Ils abordent des thèmes variés : les affres de l'industrie musicale ("Show Business"), les relations amoureuses, ou tout simplement la joie de faire de la musique.
L'album est également marqué par une collaboration qui est entrée dans la légende. Sur "Scenario", le dernier titre, le groupe invite les Leaders of the New School. C'est sur ce morceau qu'un jeune MC du nom de Busta Rhymes va livrer un couplet d'une énergie si féroce et charismatique qu'il lancera instantanément sa carrière solo. Ce titre est l'apothéose de l'album, une célébration explosive et collective de leur art.
Mais la plus grande force de "The Low End Theory" est aussi, paradoxalement, sa légère faiblesse. L'album est si cohérent dans son atmosphère sonore, si fidèle à sa palette jazz-rap minimaliste, qu'il peut, par moments, frôler une certaine monotonie pour une oreille non initiée. L'ambiance est majoritairement "cool", posée, mais manque parfois de véritables ruptures de ton ou de rythme. Et passé l'impact initial des premières pistes, certains morceaux au milieu de l'album peuvent sembler se fondre les uns dans les autres, portés par des structures et des tempos similaires.
Ce n'est pas un défaut de qualité, mais plutôt un manque de variété dynamique qui peut rendre l'écoute intégrale un peu moins captivante qu'elle ne pourrait l'être.
En conclusion, "The Low End Theory" reste une œuvre capitale, un disque d'une importance et d'une beauté rares. Et son influence sur le hip-hop, mais aussi sur le R&B et le neo-soul, est incommensurable.
Un 4 sur 5 pour un album qui a prouvé que le rap pouvait être sophistiqué, intelligent, musicalement riche et subtil sans perdre son essence.
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4
Jun 12 2025
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Apocalypse Dudes
Turbonegro
"Apocalypse Dudes", sorti en 1998 est considéré comme la pierre angulaire du "deathpunk" et l'œuvre maîtresse de Turbonegro. On peut donc s'attendre à une révélation, à une décharge d'adrénaline pure, à la quintessence d'un son unique. Pourtant, à la première écoute, lorsque l'on n'est pas déjà un converti, le sentiment qui prédomine n'est pas l'extase, mais une forme de confusion, voire de frustration. Car "Apocalypse Dudes", malgré son énergie indéniable, ne sait jamais vraiment sur quel pied danser, tiraillé sans cesse entre ses deux parents terribles : le punk et le metal.
Dès les premières notes de "The Age of Pamparius", le ton est donné. L'introduction grandiloquente, presque cinématographique, promet une épopée rock'n'roll. Puis le riff déboule, rapide, sale, incontestablement punk dans son urgence. On se dit que ça y est, la machine est lancée. Mais voilà que, quelques mesures plus tard, une guitare lead s'envole dans un solo mélodique, presque classic rock, qui semble tout droit sorti d'un album de KISS ou d'Alice Cooper. Le premier choc est là. Cette dualité, qui sera le fil rouge (ou plutôt la cicatrice) de tout l'album, s'installe d'emblée. L'énergie brute du punk est systématiquement sapée, ou du moins tempérée, par une grandiloquence metal qui lui est presque antinomique.
Ce conflit interne ronge l'album de l'intérieur. Prenez un titre comme "Selfdestructo Bust". Le tempo est frénétique, la voix de Hank von Helvete est à la limite de la rupture, la section rythmique martèle sans pitié. On est en plein territoire punk hardcore. C'est viscéral, direct. Mais l'embellie est de courte durée et la structure se complexifie, les riffs s'alourdissent, flirtant avec le hard rock des années 70, et les solos prolixtes et techniques viennent briser cette belle unité. On a l'impression d'écouter deux groupes différents qui se disputeraient la même bande magnétique. L'un veut tout détruire dans un élan de fureur nihiliste, l'autre veut construire des hymnes de stade avec des chœurs et des ponts harmoniques.
Cette schizophrénie musicale est le péché originel de l'œuvre. Quand l'album se veut punk, il sonne parfois comme une caricature, une version édulcorée et trop produite de ce que des groupes comme les Dead Kennedys ou Black Flag faisaient avec une authenticité plus crasseuse des années plus tôt. L'urgence est là, mais elle semble calculée, mise en scène. Et lorsque l'album bascule dans le metal, il tombe dans les clichés "guitar hero" qui peuvent paraître datés, voire ridicules.
Des morceaux comme "Rock Against Ass" ou "Prince of the Rodeo" illustrent parfaitement ce propos. Ils possèdent des riffs accrocheurs et une énergie communicative, c'est indéniable. Mais ils sont constamment entrecoupés de breaks, de changements de rythme et de solo qui cassent la dynamique. On sent l'ambition de créer quelque chose de plus grand, de plus théâtral que le punk traditionnel. On perçoit l'influence du glam rock, du rock de stade, dans cette volonté de spectacle. Mais cette ambition se fait au détriment de l'efficacité. Le punk tire sa force de sa simplicité et de sa radicalité. En voulant lui greffer la complexité et la suffisance du hard rock, Turbonegro crée un hybride instable qui perd sur les deux tableaux. Il n'a ni la pureté sauvage du premier, ni la maîtrise épique du second.
Certes, il serait malhonnête de ne pas reconnaître les qualités de l'album. La production est puissante, chaque instrument est à sa place, et Hank von Helvete est un frontman charismatique à la voix unique, capable de passer du cri écorché au chant théâtral. L'énergie qui se dégage de l'ensemble est réelle, et on imagine sans peine l'impact que ces titres peuvent avoir en concert. Il y a une volonté de ne pas se laisser enfermer dans une case, un désir de dynamiter les codes qui est, en soi, une démarche punk.
Mais l'intention ne fait pas tout. Pour un auditeur qui découvre Turbonegro avec ce disque, l'expérience est déroutante. On nous promet l'apocalypse, on obtient une querelle de famille. On nous vend le "deathpunk", on entend un groupe qui hésite. Loin d'être la révélation annoncée, "Apocalypse Dudes" apparaît comme un album de transition, l'œuvre d'un groupe qui a trouvé son image (le denim, le maquillage, la mythologie) avant d'avoir totalement solidifié son son. Pour ses fans, il est sans doute le son de la perfection. Pour un regard neuf, il est le son d'un compromis permanent, un album profondément bancal, qui, en voulant être tout à la fois, ne réussit pleinement à n'être ni complètement punk, ni complètement metal. Il est simplement, et c'est peut-être là sa seule véritable identité, complètement Turbonegro. Une proposition qui, manifestement, ne peut pas plaire à tout le monde.
Une note de 1 sur 5
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1
Jun 13 2025
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Surf's Up
The Beach Boys
Dans l'immense et complexe océan qu'est la discographie des Beach Boys, "Surf's Up", sorti en 1971, flotte comme une embarcation de fortune à la fois magnifique et précaire. Ce n'est ni le yacht luxueux et parfaitement agencé de "Pet Sounds", ni la planche de surf insouciante des débuts. C'est plutôt un radeau assemblé à la hâte, fait de planches sublimes et de débris flottants, portant en lui les espoirs et les fantômes d'un groupe en pleine crise existentielle. Tenter de le juger comme un tout cohérent est une entreprise vouée à l'échec. C'est précisément cette nature fragmentée, cette collection de fulgurances et de faux-pas, qui en fait une œuvre fascinante mais profondément imparfaite.
L'album est un champ de bataille stylistique où les différentes âmes du groupe s'affrontent et cohabitent difficilement. D'un côté, nous avons les vestiges du génie torturé de Brian Wilson, des trésors repêchés des abysses du projet "Smile". De l'autre, les contributions de plus en plus affirmées de son frère Carl, l'émergence d'une conscience écologique portée par Al Jardine et Mike Love, et les élans nostalgiques de Bruce Johnston. Cet assemblage hétéroclite donne l'impression d'écouter plusieurs mini-albums compilés en un seul, sans véritable fil conducteur pour les lier.
Le sommet absolu, la raison pour laquelle cet album restera à jamais dans les annales, est bien évidemment le morceau-titre, "Surf's Up". C'est une cathédrale sonore, un poème baroque et énigmatique mis en musique. Issu des sessions maudites de "Smile", ce titre est une symphonie de poche en trois mouvements, un voyage onirique porté par le piano mélancolique de Brian et les paroles surréalistes de Van Dyke Parks. L'entendre, c'est toucher du doigt ce que "Smile" aurait pu être : une œuvre d'une ambition et d'une beauté vertigineuses. La performance vocale de Carl Wilson sur la seconde partie, superposée à la démo originale de Brian, est un moment de grâce pure, un passage de flambeau symbolique et déchirant.
Dans la même veine de chef-d'œuvre introspectif, " 'Til I Die" est une autre perle noire signée Brian Wilson. C'est peut-être la chanson la plus désespérément belle et la plus honnête de toute sa carrière. Sur un lit d'orgues et de synthétiseurs Moog qui ondulent comme une marée funèbre, Brian contemple sa propre insignifiance face à l'immensité de l'univers. "I'm a cork on the ocean / Floating over the raging sea". Les paroles sont d'une simplicité désarmante, la musique est d'une complexité harmonique sidérante. C'est une plongée sans fard dans la dépression d'un homme, un moment d'art si pur et si vulnérable qu'il en devient presque inconfortable.
Face à ces monuments, les compositions de Carl Wilson, "Long Promised Road" et "Feel Flows", brillent d'un éclat différent mais tout aussi intense. Elles représentent l'avenir du groupe, une voie plus ancrée dans le rock progressif et psychédélique de l'époque. "Feel Flows", avec sa flûte envoûtante, son saxophone déchaîné et sa production aérienne, est une exploration psychédélique magistrale. "Long Promised Road" est un hymne à la résilience, une chanson pleine d'espoir qui montre un Carl Wilson au sommet de son art en tant que compositeur, chanteur et producteur. Ces deux titres sont la preuve que le groupe pouvait encore créer une musique pertinente et puissante, même sans la supervision constante de son génie aîné.
Hélas, c'est là que le radeau commence à prendre l'eau. Le reste de l'album peine à maintenir ce niveau d'excellence et accentue la sensation de patchwork. Le principal coupable est sans doute "Student Demonstration Time". Adaptation lourde et maladroite du "Riot in Cell Block Number 9" de Leiber et Stoller par un Mike Love en mode commentateur social, le morceau est un blues-rock bruyant et caricatural. Ses paroles politisées à la truelle et son énergie presque agressive détonnent complètement avec la subtilité et la mélancolie des titres de Brian. Le choc est brutal, et ce titre agit comme un véritable mur sonore au milieu de l'album.
Dans un registre différent, les chansons à thématique écologique, "Don't Go Near the Water" et "A Day in the Life of a Tree", sont bien intentionnées mais artistiquement inégales. La première, signée Jardine et Love, ouvre l'album sur une note presque enfantine, avec des paroles un peu simplistes sur la pollution de l'eau. L'harmonie vocale est certes magnifique, comme toujours, mais le propos manque de la profondeur poétique du reste de l'œuvre. Quant à "A Day in the Life of a Tree", chantée par le manager du groupe, Jack Rieley, c'est une curiosité. L'idée d'un arbre se lamentant sur son sort est audacieuse, presque théâtrale, mais la performance vocale, fragile et non professionnelle, la place dans une catégorie à part. C'est une expérimentation qui divise, ajoutant à l'étrangeté et au manque de cohésion de l'ensemble.
Enfin, il y a la magnifique ballade de Bruce Johnston, "Disney Girls (1957)". C'est une chanson parfaitement ciselée, une madeleine de Proust baignée d'une nostalgie douce-amère pour une Amérique idéalisée. La mélodie est somptueuse, les arrangements sont d'une grande finesse. Le problème ? Elle semble appartenir à un tout autre album, peut-être un disque solo de Johnston ou une comédie musicale de Broadway. Sa perfection même souligne les fractures du disque.
En conclusion, "Surf's Up" est une œuvre frustrante et attachante. C'est le journal de bord d'un groupe à la dérive, capable du meilleur comme du plus discutable. Il contient au moins deux des plus grandes chansons jamais écrites par Brian Wilson ("Surf's Up", " 'Til I Die") et deux des meilleures compositions de Carl Wilson ("Feel Flows", "Long Promised Road"). Pour ces quatre titres seuls, l'album mérite d'être écouté et chéri. Cependant, l'incapacité du groupe à trouver une direction artistique commune, les clashes stylistiques violents et la qualité inégale des autres morceaux l'empêchent de se hisser au rang de chef-d'œuvre unifié. C'est un album schizophrène, un instantané poignant d'un génie en lambeaux et d'un groupe qui apprend à survivre sans lui.
Un 3 sur 5 pour un trésor incomplet, un radeau magnifique qui nous laisse entrevoir le paradis tout en nous rappelant constamment la tempête.
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3
Jun 16 2025
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My Generation
The Who
En 1965, le paysage musical britannique est en pleine ébullition. Au milieu de la Beatlemania et de l'élégance bluesy des Rolling Stones, un quatuor londonien fait exploser les conventions avec une fureur et une arrogance jusqu'alors inédites. The Who, avec son premier album "My Generation", ne se contente pas de jouer de la musique ; il la pulvérise, la déchire et la jette à la figure d'une société qu'il ne comprend plus. Cet album est un cri primal du mouvement Mod et l'acte de naissance du proto-punk. Pourtant, malgré son importance historique capitale et son énergie volcanique, "My Generation" est un disque qu'il est plus facile d'admirer que d'aimer dans son intégralité.
Le génie, parlons-en. Il est concentré, presque entièrement, dans une poignée de titres qui ont à juste titre changé la face du rock. La chanson-titre, "My Generation", est un hymne, un manifeste. Dès les premières notes de basse ronflantes et prédatrices de John Entwistle, on sent que quelque chose de différent se passe. La guitare de Pete Townshend crache des accords puissants, la batterie de Keith Moon est un chaos contrôlé, une tempête de roulements et de cymbales fracassées. Et puis il y a la voix de Roger Daltrey. Ce bégaiement feint ("Why don't you all f-f-f-fade away") n'est pas un gimmick ; c'est le son de la frustration, de la colère d'une jeunesse qui ne trouve pas ses mots face à l'establishment. La phrase finale, "Hope I die before I get old", est d'une violence symbolique inouïe. Ce seul titre justifie l'existence de l'album et la place du groupe au panthéon du rock.
Dans la même veine, "The Kids Are Alright" offre une facette légèrement plus mélodique mais tout aussi affirmée de l'identité du groupe. C'est une célébration de la culture jeune, un instantané de la vie Mod où l'insouciance se mêle à un sentiment de communauté. La chanson est portée par des harmonies vocales qui montrent déjà la finesse d'écriture de Pete Townshend, capable de marier l'agressivité à une certaine forme de poésie pop. On peut également citer "A Legal Matter", où Pete Townshend prend le micro pour un titre rock'n'roll efficace qui aborde le thème du mariage avec une impertinence juvénile. Ces morceaux originaux sont la véritable force de l'album ; ils montrent un groupe qui a déjà une voix, un son et un message.
Cependant, là où le bât blesse, c'est dans la structure même de l'album. "My Generation" sonne comme une compilation de singles prometteurs et de reprises obligatoires. À l'époque, il était courant pour les groupes britanniques de rendre hommage à leurs héros du R&B américain, et The Who ne fait pas exception. Le problème est que leurs interprétations de James Brown ("I Don't Mind", "Please, Please, Please") manquent cruellement de l'âme et du groove de l'original. Si l'énergie est là, l'interprétation semble forcée, presque scolaire. On sent un groupe qui coche des cases, qui montre ses influences, mais qui perd au passage la singularité explosive de ses propres compositions. Ces reprises, bien qu'honorables, agissent comme des freins, diluant l'impact des morceaux originaux et donnant à l'ensemble un aspect de "remplissage".
Au-delà des reprises, certaines des compositions originales de Pete Townshend peinent à se hisser au niveau des classiques. Des titres comme "La-La-La-Lies" ou "The Good's Gone" sont de bons morceaux Mod, efficaces et énergiques, mais ils manquent de l'étincelle qui rend "My Generation" immortel. L'album oscille ainsi constamment entre le révolutionnaire et le conventionnel, créant une expérience d'écoute frustrante. On passe d'un sommet vertigineux à une vallée beaucoup plus ordinaire en l'espace de quelques minutes.
La production de Shel Talmy, si elle a le mérite de capturer la brutalité sonore du groupe, montre aussi ses limites. Le son est parfois mince, manquant de la profondeur et de la puissance que le groupe développera sur des albums ultérieurs comme "Who's Next". C'est le son d'un groupe enregistré à la va-vite, un document sonore brut qui privilégie l'instant à la perfection.
En conclusion, "My Generation" est un album paradoxal. C'est une œuvre essentielle, un passage obligé pour quiconque s'intéresse à l'histoire du rock. L'énergie brute, l'attitude provocatrice et l'innovation sonore (le solo de basse, la batterie frénétique, les prémices du feedback) sont indéniables. Mais en tant qu'album à écouter d'une traite, il souffre de ses faiblesses : une construction hétéroclite, des reprises peu inspirées et des compositions inégales. C'est le son d'un groupe qui a déjà trouvé sa fureur, mais pas encore sa pleine maturité artistique.
Un 3 sur 5 semble donc juste : un pour l'importance historique, un pour l'énergie pure et un pour le génie fulgurant de la chanson-titre. Les deux points manquants représentent l'incohérence et le remplissage qui empêchent ce premier essai d'être le chef-d'œuvre total qu'il aurait pu être.
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3
Jun 17 2025
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With The Beatles
Beatles
Novembre 1963, moins de huit mois après le coup d'éclat de "Please Please Me", The Beatles livrent leur deuxième album, "With The Beatles". Et par la même occasion, le Royaume-Uni et bientôt le monde entier sont saisis par une fièvre nouvelle : la Beatlemania.
L'album s'ouvre sur les chapeaux de roue avec "It Won't Be Long", une composition de Lennon-McCartney qui incarne tout ce qui fait le succès du groupe à ce moment-là : une énergie contagieuse, des harmonies vocales précises et ce fameux "yeah, yeah, yeah" qui devient leur signature. C'est direct, efficace et terriblement entraînant. Le principal atout de l'album réside dans cette vitalité. On sent quatre jeunes hommes au sommet de leur popularité, jouant avec une confiance et une fougue communicatives.
Le disque contient sans conteste l'une des plus belles pépites de leur début de carrière : "All My Loving". Cette chanson de Paul McCartney est une merveille de composition, bien plus sophistiquée que la plupart des morceaux pop de l'époque. La ligne de basse déambulatoire de Paul, la guitare rythmique effrénée de John et le solo impeccable de George en font un classique intemporel et le point culminant incontestable de l'album. Dans un registre plus sombre et introspectif, "Don't Bother Me" marque la toute première composition de George Harrison à figurer sur un album des Beatles. Bien qu'elle n'atteigne pas les sommets de ses futures contributions, elle témoigne d'une personnalité musicale en gestation et apporte une couleur bienvenue à l'ensemble.
Malgré tout, l'album manque dans l'ensemble d'homogénéité car sur quatorze titres, six sont des reprises de standards de la Motown et du rock 'n' roll. Si cet exercice était courant à l'époque et déjà présent sur le premier album, il donne ici une impression de remplissage, comme si le groupe, pris dans le tourbillon des tournées, n'avait pas eu le temps de composer suffisamment de nouveau matériel original.
Certes, certaines de ces reprises sont magistrales. La voix écorchée de John Lennon sur "Money (That's What I Want)" est à donner des frissons, concluant l'album avec une puissance viscérale. Sa performance sur "You Really Got a Hold on Me" est également poignante. De même, leur version de "Please Mister Postman" est pleine d'un entrain joyeux.
Néanmoins, d'autres reprises peinent à convaincre. "Till There Was You", ballade issue d'une comédie musicale, semble un peu mièvre et détonne avec l'énergie rock du reste du disque. "Devil in Her Heart" ou "Roll Over Beethoven" (chantée par George) sont sympathiques, mais n'apportent pas la plus-value ou la réinvention qu'on attendrait des Fab Four. Elles donnent l'impression que le groupe se contente de jouer des morceaux qu'ils aiment, sans forcément se les approprier complètement.
Même du côté des compositions originales, tout n'est pas au niveau de "All My Loving". Des titres comme "Little Child" ou "Hold Me Tight" (une ancienne chanson retravaillée) fonctionnent grâce à l'énergie du groupe mais manquent de la finesse et de l'inventivité qui caractériseront leurs futurs morceaux.
il faut prendre "With The Beatles" comme un album charnière, mais un album essentiel pour comprendre l'ascension fulgurante du groupe. Il a parfaitement rempli sa mission en 1963 : satisfaire l'appétit insatiable des fans avec une nouvelle dose d'énergie Beatles.
Cependant, l'album reste inégal. Pris en sandwich entre l'explosion brute de "Please Please Me" et le génie mélodique 100% original de "A Hard Day's Night" (sorti moins d'un an plus tard). C'est un album qui consolide un succès plus qu'il ne le réinvente.
Un 3 sur 5 pour un bon album, témoin de son temps, mais pas encore le grand disque des Beatles.
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3
Jun 18 2025
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Gasoline Alley
Rod Stewart
"Gasoline Alley", le deuxième album solo de Rod Stewart, sorti en 1970, est souvent éclipsé par son prédécesseur, "An Old Raincoat Won't Ever Let You Down", et son successeur, le monumental "Every Picture Tells a Story". Pourtant, cet opus offre un aperçu fascinant de l'artiste en pleine ascension, cherchant à consolider son identité musicale entre folk-rock introspectif et blues-rock rugueux.
Après une première écoute, je lui attribue une note de 3 sur 5. C'est un album qui a ses moments de brillance, mais qui souffre également de quelques longueurs et d'un manque de cohésion qui l'empêchent d'accéder à une bien meilleure note.
L'album s'ouvre avec la chanson-titre, "Gasoline Alley", une pièce acoustique douce-amère qui met immédiatement en avant la voix rocailleuse et pleine d'émotion de Rod Stewart. C'est une entrée en matière prometteuse, un parfait exemple de ce mélange de mélancolie et de sincérité qui caractérise ses meilleures œuvres. La présence des membres des Faces, en particulier Ron Wood à la guitare, est palpable et apporte une dynamique brute et authentique à l'ensemble. La version de "It's All Over Now" des Rolling Stones est une relecture énergique et passionnée, où Rod Stewart s'approprie le titre avec une aisance déconcertante. Sa capacité à transformer des reprises en des œuvres personnelles est déjà un de ses points forts, et cette piste en est la preuve éclatante.
Cependant, l'album ne maintient pas toujours ce niveau d'intensité. Des titres comme "Lady Day" ou "Diesel" sont solides, mais manquent parfois de l'étincelle ou du développement mélodique qui les rendraient vraiment mémorables. On sent que Rod Stewart et son équipe sont encore en train d'expérimenter, de tâtonner pour trouver le juste équilibre entre les ballades acoustiques et les morceaux plus rock. La production, bien que sincère, est parfois un peu trop brute, donnant l'impression que certaines pistes auraient pu bénéficier d'un polissage supplémentaire pour révéler leur plein potentiel.
Là où "Gasoline Alley" brille le plus, c'est dans sa capacité à capturer une certaine atmosphère, un sentiment de liberté et de rébellion juvénile. La voix de Rod Stewart, encore jeune et pleine de fougue, véhicule une authenticité rare. Il chante avec son cœur, sans fioritures, ce qui rend même les morceaux les plus simples attachants. La ballade folk "Jo's Lament" démontre la sensibilité et la vulnérabilité de l'artiste. C'est dans ces moments d'intimité que "Gasoline Alley" trouve sa véritable force.
En fin de compte, "Gasoline Alley" est un album honnête, parfois inégal, mais indispensable pour comprendre l'évolution de Rod Stewart. Il pose les jalons de ce qui allait devenir sa marque de fabrique : un mélange unique de rock, de folk, de blues et de soul, porté par une voix inoubliable. Ce n'est pas son chef-d'œuvre, mais c'est une étape cruciale dans sa discographie, offrant des aperçus précieux de l'artiste qu'il allait devenir. Un album à écouter pour ses moments de grâce et pour la promesse d'une carrière légendaire.
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3
Jun 19 2025
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Good Old Boys
Randy Newman
Randy Newman est un auteur-compositeur-interprète qui a su se forger une place à part dans le paysage musical américain. Souvent sarcastique, parfois cynique, mais toujours doté d'une tendresse sous-jacente, il est un observateur aiguisé de l'âme humaine et de ses contradictions. "Good Old Boys", sorti en 1974, est sans aucun doute l'un de ses chefs-d'oeuvre, un album conceptuel qui plonge au coeur du Sud des États-Unis.
Dès les premières notes de "Rednecks", le ton est donné. Randy Newman ne mâche pas ses mots pour dépeindre les préjugés et l'ignorance, mais il le fait avec une intelligence qui dépasse la simple caricature. On sent une volonté de comprendre, même les aspects les plus sombres de la mentalité sudiste, plutôt que de simplement juger. C'est cette ambiguïté, cette capacité à adopter le point de vue de ses personnages sans pour autant cautionner leurs actes, qui rend l'oeuvre de Newman si fascinante.
L'album est une succession de vignettes, de portraits dressés avec une précision chirurgicale. On y croise des figures emblématiques du Sud, du gouverneur Huey Long dans l'éponyme "Kingfish" à des personnages plus anonymes, mais tout aussi évocateurs. La musique, un mélange subtil de piano, d'orchestrations riches et de touches de blues et de country, sert parfaitement le propos. La voix de Randy Newman, si particulière, tantôt murmurante, tantôt moqueuse, est l'instrument central de cette exploration.
"Louisiana 1927", l'un des titres les plus célèbres de l'album, est une ballade poignante sur les inondations du Mississippi. Ici, la satire laisse place à une compassion sincère pour les victimes. C'est un moment de pure émotion, une preuve de la polyvalence de Randy Newman, capable de passer du rire jaune aux larmes en un clin d'oeil. Cette capacité à toucher le coeur, même en dépeignant des situations difficiles, est une force majeure de l'artiste.
L'orchestration est une composante essentielle de "Good Old Boys". Les arrangements sont souvent somptueux, ajoutant une dimension épique à certaines chansons. Le piano de Randy Newman, toujours présent, est le pilier autour duquel tout le reste s'articule. Il est le conteur principal, celui qui donne le rythme et l'ambiance à chaque histoire.
En résumé, "Good Old Boys" est un album majeur, un jalon dans la carrière de Randy Newman et dans la musique américaine en général. C'est une oeuvre courageuse, intelligente et profondément humaine. Sa capacité à mêler humour noir, satire sociale et émotion pure en fait un classique intemporel.
Un beau 3 sur 5.
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3
Jun 20 2025
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Dear Science
TV On The Radio
En 2008, alors que le monde oscillait entre une anxiété palpable et un optimisme prudent, TV on the Radio a livré "Dear Science", un album qui semblait être la bande-son parfaite pour une époque complexe. Arrivant après le succès critique de "Return to Cookie Mountain", un disque dense, angoissé et formidablement alambiqué, "Dear Science" a pris tout le monde par surprise. Il s'est présenté comme une version plus lumineuse, plus accessible et indéniablement plus dansante du groupe de Brooklyn. C'est une oeuvre d'une intelligence et d'une ambition folles, un chef-d'oeuvre de production qui regorge d'idées.
Pourtant, c'est précisément dans cette perfection quasi clinique que réside sa principale faiblesse. "Dear Science" est un album que l'on admire plus qu'on ne le ressent, une démonstration de savoir-faire qui, en polissant ses angles, a malencontreusement gommé une partie de l'âme brute et viscérale qui rendait le groupe si unique et essentiel.
Le premier contact avec l'album est pourtant euphorique. Le producteur et multi-instrumentiste Dave Sitek, véritable architecte sonore du groupe, y déploie une palette d'une richesse inouïe. Les guitares post-punk abrasives sont toujours là, mais elles sont désormais drapées dans des arrangements de cordes luxuriants, des cuivres explosifs et des lignes de basse funk qui invitent irrésistiblement au mouvement.
Le morceau d'ouverture, "Halfway Home", nous rappelle brièvement le chaos maîtrisé de leurs débuts avant que "Crying" et, surtout, "Dancing Choose" ne nous plongent dans une frénésie rythmique. Ce dernier est un tour de force, un rap frénétique et paranoïaque sur un beat irrésistible, prouvant que l'on peut faire danser les gens tout en dénonçant les maux de la société. Le single "Golden Age" est le point culminant de cette nouvelle formule : un hymne funk optimiste, porté par des cuivres éclatants et le chant charismatique de Tunde Adebimpe. C'est brillant, contagieux et incroyablement bien ficelé.
C'est là que le "mais" intervient. Si la "Science" du titre est évidente dans la précision chirurgicale des arrangements et la complexité des couches sonores, le "Dear" (le cher, l'intime) semble s'être perdu en chemin. "Return to Cookie Mountain" était un cri du coeur, une plongée dans les ténèbres intérieures et collectives. "Dear Science", lui, est un disque-cerveau. Il analyse, décortique et commente l'apocalypse avec une distance presque académique.
Les thèmes lyriques sont toujours aussi sombres – la guerre, le consumérisme, la dégradation de l'environnement, l'apathie politique – mais ils sont souvent servis sur des musiques si entraînantes et festives qu'un décalage se crée. La tension viscérale, ce sentiment de danger imminent qui parcourait leurs oeuvres précédentes, est ici désamorcée par la production elle-même. L'album est si parfaitement calibré, si lisse, qu'il lui manque cette rugosité, cette faille qui laisse passer l'émotion pure.
Des titres comme "Stork & Owl" ou "Red Dress" sont impeccablement construits, des exercices de style admirables, mais ils peinent à provoquer le frisson. Ils glissent sur l'auditeur sans véritablement l'agripper. On entend la virtuosité, on reconnaît le génie de la composition, mais la connexion émotionnelle reste fragile. On a l'impression d'observer une magnifique machine complexe plutôt que de partager une expérience humaine.
En fin de compte, "Dear Science" est un paradoxe fascinant. C'est l'album qui a offert à TV on the Radio son plus grand succès commercial et critique, et pour de bonnes raisons. C'est une oeuvre sophistiquée, audacieuse et en avance sur son temps. Cependant, en visant une forme de perfection pop-funk-art-rock, le groupe a sacrifié une part de son essence la plus précieuse : sa capacité à être imprévisible, dangereux et profondément touchant dans son imperfection.
C'est un album essentiel dans la discographie du groupe et un marqueur important du rock indépendant des années 2000. Il mérite une écoute attentive et un grand respect pour son ambition. Mais pour l'auditeur qui cherchait dans TV on the Radio une catharsis, un cri partagé face au chaos du monde, "Dear Science" offre une réponse trop polie, trop contrôlée. C'est un chef-d'oeuvre de l'intellect qui laisse un peu le coeur sur sa faim. Un excellent album, sans aucun doute, mais pas le chef-d'oeuvre bouleversant qu'il aurait pu être. Un beau 3 sur 5
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3
Jun 23 2025
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Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols
Sex Pistols
Evaluer "Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols" est un exercice complexe, car il faut juger à la fois l'objet musical et le mythe qui l'entoure. Cet album est une déflagration, un cri de colère dont l'écho résonne encore aujourd'hui. Il incarne une rupture si brutale et si parfaite qu'il est difficile de ne pas y voir un chef-d'oeuvre. Pourtant, une question fondamentale vient écorner la légende, et si ce concentré de fureur anti-système n'était pas, au fond, une brillante supercherie ?
Il faut d'abord le dire sans détour : les Sex Pistols étaient un concept, un produit marketing d'une intelligence redoutable. Le groupe a été méticuleusement assemblé et stylisé par le manager Malcolm McLaren et la créatrice Vivienne Westwood, non pas dans un garage obscur, mais dans l'arrière-boutique de leur magasin de vêtements, "SEX". L'objectif était clair : utiliser la musique comme un véhicule pour promouvoir une esthétique, une marque, une attitude. Chaque vêtement déchiré, chaque épingle à nourrice, chaque provocation était un élément d'une campagne publicitaire vivante. Les membres du groupe étaient, en quelque sorte, les premiers mannequins d'une mode qui vendait la rébellion.
Cette origine pose une question philosophique fascinante. Comment un groupe, pur produit du système capitaliste qu'il prétend vouloir anéantir, peut-il être authentique dans sa démarche anarchiste ? C'est le paradoxe central des Sex Pistols. Ils chantaient "No future" tout en étant l'avenir d'une nouvelle forme de commerce culturel. Ils hurlaient leur haine de l'establishment tout en étant eux-mêmes une création de ce même esprit d'entreprise. Cette contradiction est la "faille" glorieuse de l'album qui le rend si passionnant.
Car une fois que l'on met de côté ce contexte, la musique, elle, est d'une authenticité viscérale indéniable. L'album est un bloc de granit sonore, une attaque en règle contre les sens. La guitare de Steve Jones n'est qu'un mur de riffs saturés, simples mais d'une efficacité monumentale. La section rythmique de Paul Cook et Jones (qui a enregistré la plupart des basses) est une machine de guerre qui avance sans jamais reculer. C'est le son de l'urgence, de la ville qui gronde, du béton qui se fissure.
Et au milieu de ce maelström, il y a la voix de Johnny Rotten et c'est là que la supercherie marketing de Malcolm McLaren lui échappe et devient quelque chose de bien réel. Car Johnny Rotten n'est pas un acteur, sa rage est palpable. Son chant nasillard et méprisant n'est pas feint. Lorsqu'il scande les paroles de "God Save the Queen" ou de "Anarchy in the UK", il ne se contente pas de réciter un texte ; il canalise le cynisme, le désespoir et le nihilisme de toute une génération de jeunes Britanniques laissés pour compte. Si le contenant (le groupe) était fabriqué, le contenu (la colère) était, lui, d'une pureté absolue.
C'est là toute la magie et l'ambiguïté de ce disque. Les chansons comme "Pretty Vacant", "Holidays in the Sun" ou "EMI" sont des brûlots d'une lucidité féroce, des commentaires sociaux au vitriol qui transcendent complètement leurs origines commerciales. Le message a fini par dévorer son propre support publicitaire. L'impact culturel des Sex Pistols a été si énorme qu'il a rendu la question de leurs motivations initiales presque secondaire. Ils ont peut-être commencé comme une publicité, mais ils ont fini comme une révolution.
En conclusion, "Never Mind the Bollocks" mérite amplement un 4 sur 5. C'est un album essentiel, une oeuvre d'art sonore dont la puissance brute reste intacte. Mais il porte en lui cette contradiction magnifique : être le plus célèbre produit anti-commercial jamais vendu. Faut-il y voir une imposture ? Ou le coup de génie ultime, la preuve que le système peut être retourné contre lui-même en utilisant ses propres armes ? Le débat reste ouvert, et c'est précisément ce qui fait de cet album bien plus qu'une simple collection de chansons punk. C'est une oeuvre complexe, un chef-d'oeuvre impur dont la pertinence et l'insolence continuent de nous interroger.
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4
Jun 24 2025
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The White Album
Beatles
Lorsqu'on aborde le double album éponyme des Beatles, universellement connu sous le nom d'« Album Blanc », on ne critique pas simplement un disque. On se plonge dans une chronique, un journal intime sonore de la plus grande formation musicale du XXe siècle au moment précis où les premières fissures commençaient à transformer un édifice monolithique en quatre projets solos cohabitant sous le même toit. C'est pour cette raison que l'album, à la fois génial et profondément frustrant, est l'incarnation même du paradoxe : un chef-d'œuvre inégal, un festin gargantuesque où les mets les plus fins sont servis à côté de plats bien moins inspirés.
Le meilleur de l'Album Blanc est tout simplement sublime et compte parmi les plus grandes réussites des Fab Four. Comment ne pas être ému par la beauté acoustique et la mélancolie poétique de "Blackbird" de McCartney, une pièce de guitare-voix d'une pureté cristalline ? Comment ne pas être subjugué par "While My Guitar Gently Weeps", la complainte déchirante de George Harrison, magnifiée par le solo de guitare non crédité mais légendaire d'Eric Clapton ? C'est sans doute l'une des plus belles chansons jamais écrites, point culminant de la carrière de son auteur.
John Lennon, de son côté, nous livre des fragments de son âme avec une honnêteté brutale. "Julia" est une berceuse poignante et onirique dédiée à sa mère, d'une vulnérabilité touchante. À l'opposé du spectre, "Happiness Is a Warm Gun" est un collage rock complexe et audacieux, tandis que "Yer Blues" est un cri de désespoir primal et saturé. Et que dire de "Helter Skelter" de McCartney, une explosion de fureur sonore qui, bien avant l'heure, posait les bases du hard rock et du metal ? Ces chansons, à elles seules, justifieraient l'existence de l'album. Elles montrent des musiciens au sommet de leur art créatif, explorant des territoires sonores avec une liberté inégalée. On y trouve aussi des pépites rock efficaces comme "Back in the U.S.S.R." ou la douceur intemporelle de "I Will".
Cependant, l'album souffre d'un manque criant de filtre. Le producteur George Martin lui-même avait suggéré de condenser le meilleur du matériel pour en faire un seul album exceptionnel. Les Beatles, alors au sommet de leur puissance et désireux d'affirmer leurs individualités, ont refusé. Le résultat est que pour chaque joyau, on trouve une ou deux pistes qui relèvent davantage de l'ébauche, de la plaisanterie de studio ou de l'expérimentation auto-indulgente.
"Wild Honey Pie" et "Why Don't We Do It in the Road?" sont des esquisses, des fragments qui auraient eu leur place sur une compilation de démos, mais qui cassent le rythme ici. "Ob-La-Di, Ob-La-Da", bien que charmante pour certains, est pour beaucoup d'autres un exemple de la mièvrerie parfois agaçante de McCartney. Mais la pièce qui divise le plus est sans conteste "Revolution 9". Ce collage sonore de huit minutes, conçu par Lennon et Yoko Ono, est une œuvre d'art conceptuel, un témoignage de l'avant-garde de l'époque. C'est une expérience audacieuse, certes, mais pour l'auditeur moyen, c'est une épreuve quasi-insurmontable qui occupe une place démesurée sur le disque.
C'est là que réside la nature unique de l'Album Blanc et sa principale faiblesse. Il ne sonne pas comme un album des Beatles, mais plutôt comme quatre mini-albums solos réunis. On entend Paul, John, George et même Ringo ("Don't Pass Me By", sa première composition solo) faire leurs propres choses, souvent en s'utilisant les uns les autres comme simples musiciens de session. Les tensions internes, la lassitude post-voyage en Inde et l'influence grandissante des partenaires personnels sont palpables.
En conclusion, l'Album Blanc est un monument fascinant mais bancal. Il est trop long, trop dispersé et manque de la cohésion magique qui caractérisait "Revolver" ou "Abbey Road". Lui attribuer une note parfaite serait ignorer ses défauts évidents. Cependant, le rejeter serait passer à côté de moments de génie absolu.
Car "tout le monde y trouve son compte"... Le fan de rock brut se délectera de "Helter Skelter", l'amateur de ballades acoustiques chérira "Blackbird", l'explorateur sonore analysera "Revolution 9", le mélomane trouvera son bonheur dans la complexité de "Happiness Is a Warm Gun". C'est un album à la carte, un immense buffet où l'on doit soi-même composer son assiette. C'est peut-être cela, sa plus grande force et sa définition la plus juste : un chaos génial, un trésor désordonné qui, près de soixante ans plus tard, continue de fasciner, de diviser et de révéler de nouveaux secrets à chaque écoute.
Au final, ce sera un 3/5 pour l'œuvre globale, mais un 5/5 pour les sommets qu'elle contient.
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3
Jun 25 2025
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The Rising
Bruce Springsteen
Publié presque un an après les attentats du 11 septembre 2001, The Rising de Bruce Springsteen n'est pas un album ordinaire. Il est une œuvre-monde, une réponse artistique et humaine à une tragédie nationale, un baume musical posé sur une plaie béante. Attendu comme le messie par une Amérique en deuil, le retour du Boss avec son fidèle E Street Band pour la première fois en près de vingt ans était chargé d'un poids symbolique immense. Et c'est précisément cette ambition, cette volonté de tout dire, de tout embrasser – la peine, la colère, la peur, l'espoir, la résilience – qui fait à la fois la grandeur et la faiblesse de ce disque.
Il faut le reconnaître sans détour : la cohérence thématique de The Rising est remarquable. L'album se déroule comme une chronique, un voyage émotionnel à travers les différentes étapes du deuil et de la reconstruction. Springsteen endosse son rôle de conscience de l'Amérique avec une sincérité désarmante. L'ouverture avec "Lonesome Day" donne le ton : un rock puissant, presque un hymne, qui reconnaît la solitude et la perte tout en appelant à se relever. La chanson-titre, "The Rising", est un chef-d'œuvre absolu, une montée en puissance gospel-rock qui évoque l'ascension héroïque d'un pompier dans les tours, se transformant en une métaphore de la résilience collective. C'est un de ces morceaux qui définissent une carrière et une époque.
Dans cette exploration des âmes meurtries, plusieurs autres chansons touchent au sublime. "You're Missing", ballade acoustique d'une sobriété déchirante, décrit le vide laissé par l'absent avec une justesse poignante. "My City of Ruins", écrite avant les attentats mais trouvant ici une résonance prophétique, est une prière laïque, un appel à la communion et à l'espoir qui prend aux tripes. Sur ces titres, et quelques autres comme "Into the Fire", Springsteen est au sommet de son art : il est le conteur, le prêcheur, le poète du quotidien magnifié par la tragédie. La production de Brendan O'Brien, ample et puissante, donne au E Street Band une envergure quasi symphonique, parfaite pour porter ces hymnes à bout de bras.
Et malgré que l'on frôle la perfection sur certains titres, deux mots résonnent. Longueur et remplissage. Et c'est là que le bât blesse. Car avec ses quinze titres et ses plus de 72 minutes, The Rising est un album éprouvant, non seulement par son sujet, mais aussi par sa durée. Springsteen, dans sa volonté de ne rien omettre, a étiré son propos au-delà du nécessaire. L'impact colossal des chansons maîtresses se retrouve malheureusement dilué par une série de morceaux qui peinent à maintenir le même niveau d'intensité et de pertinence.
Des titres comme "Let's Be Friends (Skin to Skin)" ou "The Fuse" semblent presque anecdotiques, cassant le souffle épique de l'ensemble. D'autres, comme "Countin' on a Miracle" ou "Worlds Apart", bien que thématiquement liés, n'ont ni la force mélodique ni l'urgence de leurs voisins. On a l'impression que le Boss a vidé tous ses carnets, refusant de faire le tri nécessaire que tout grand album exige. Ce sentiment de "remplissage" est frustrant, car il empêche The Rising d'accéder au statut d'un chef-d'œuvre absolu qu'il aurait pu/dû être. Un album de dix ou onze titres, recentré sur ses moments les plus forts, aurait été d'une puissance dévastatrice, un classique instantané.
En l'état, The Rising est une œuvre paradoxale. C'est un album essentiel, un document historique et un témoignage bouleversant de la capacité de l'art à donner du sens au chaos. Il contient certains des plus grands morceaux de la carrière de Bruce Springsteen. Mais en tant qu'album, écouté d'une traite, il souffre d'un manque de concision qui alourdit l'expérience. On le respecte infiniment pour son intention et pour ses sommets vertigineux, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'un éditeur plus sévère aurait transformé cette fresque poignante, mais inégale, en un monument intemporel.
Au final ce sera une note de 3 sur 5
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3
Jun 26 2025
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The Downward Spiral
Nine Inch Nails
Sorti en 1994, "The Downward Spiral" est une oeuvre viscérale, un monument de rock industriel, une expérience totale, une plongée suffocante dans les abysses de la psyché humaine.
"The Downward Spiral" est un opéra conceptuel brutal qui nous narre la descente aux enfers d'un protagoniste qui, étape par étape, démantèle sa propre identité, sa foi, ses relations et finalement son humanité. Chaque morceau est une station de ce chemin de croix nihiliste. La production, réalisée en grande partie dans la tristement célèbre maison où Sharon Tate fut assassinée, est une entité à part entière. Trent Reznor, en architecte du chaos, superpose les couches de sons abrasifs, les rythmiques martiales, les dissonances métalliques et les mélodies synthétiques maladives pour créer un environnement sonore d'une richesse et d'une violence inouïes.
Dès les premières secondes de "Mr. Self Destruct", le ton est donné : une agression sonore et textuelle qui ne laissera aucun répit. S'ensuit une procession de titres devenus iconiques. "March of the Pigs" et son alternance schizophrénique entre couplets frénétiques et refrains au piano presque ironiques ; "Heresy", brûlot anti-religieux sur un beat martial et implacable ; et bien sûr, "Closer". Réduire ce titre à son refrain provocateur serait une erreur. C'est avant tout un cri de désespoir, une quête de connexion si intense qu'elle passe par l'avilissement, l'animalité comme seul moyen de sentir encore quelque chose.
La force de l'album réside dans cette cohérence absolue entre le fond et la forme. La musique n'illustre pas seulement le propos, elle est le propos. La distorsion crasseuse est la pourriture de l'âme, les rythmes syncopés sont les battements d'un cœur paniqué, les murmures spectraux sont les fantômes de la culpabilité. Le voyage se poursuit, de la fureur paranoïaque de "Reptile" à la cacophonie industrielle de la pièce-titre, pour s'achever sur l'un des plus grands miracles de l'album : "Hurt".
Après un tel déferlement de violence et de bruit, "Hurt" arrive comme une reddition. Une ballade crépusculaire, acoustique et fragile, où le protagoniste, au bout de sa spirale, contemple les ruines de son existence. La douleur n'est plus une arme tournée vers l'extérieur, mais une simple et terrible constatation. Que Johnny Cash, en fin de vie, ait choisi de reprendre cette chanson en dit long sur sa puissance universelle et sa pureté émotionnelle. C'est la conclusion parfaite à un voyage terrifiant.
"The Downward Spiral" est un excellent album mais il n'est pas le chef d'oeuvre que beaucoup attendent car la perfection de "The Downward Spiral" est aussi sa propre cage. Son excellence tient à sa nature hermétique, à son refus total de la lumière. C'est un voyage à sens unique, une exploration si complète et si dévouée à son sujet – la négation, la douleur, l'isolement – qu'elle en devient presque un exercice de style ultime. Un chef-d'œuvre, suggère au contraire une transcendance, une porte de sortie, même infime, ou une complexité émotionnelle qui dépasse son cadre initial. "The Downward Spiral" est un tunnel. Un tunnel magistralement construit, terrifiant et fascinant, mais dont on ne sort pas indemne, et dont on ne sort peut-être pas du tout.
L'album est une capsule temporelle parfaite du nihilisme des années 90, un monolithe noir, impénétrable et sans concession. Il est l'expression parfaite d'une seule et même trajectoire : la chute.
Pour son influence, pour sa production, pour sa cohérence implacable et pour l'honnêteté brutale de son propos, "The Downward Spiral" est un album absolument indispensable et mérite sans l'ombre d'un doute sa note de 5/5. C'est un classique, un point de référence, un rapport d'autopsie sublime et le documentaire parfait de l'effondrement.
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5
Jun 27 2025
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Shake Your Money Maker
The Black Crowes
En 1990, le paysage musical était pour le moins... contrasté. Le glam metal, permanenté et fardé, vivait ses dernières heures de gloire commerciale, tandis que dans l'ombre, le grunge de Seattle commençait à affûter ses guitares sales et ses angoisses existentielles. C'est dans ce grand écart stylistique qu'a déferlé une tornade venue de Géorgie : The Black Crowes, avec leur premier album, "Shake Your Money Maker". À l'époque, ce fut une véritable bouffée d'air frais, un retour aux sources salvateur qui semblait presque anachronique. Mais trente ans après, l'écoute révèle une œuvre au double visage, aussi foudroyante par moments qu'étrangement figée à d'autres.
Il est impossible de nier l'impact et la qualité fulgurante de certains titres qui ont porté cet album au sommet des charts. Le premier qui vient à l'esprit est bien évidemment leur reprise survoltée de "Hard to Handle" d'Otis Redding. C'est le morceau signature, celui qui a défini le groupe aux yeux du grand public. Et à juste titre. Le riff est d'une efficacité redoutable, la section rythmique chaloupe avec un groove irrésistible, et la voix de Chris Robinson, ce jeune loup éraillé et arrogant, explose de charisme. C'est un condensé de rock 'n' roll pur jus, une déclaration d'intention qui transpire l'énergie brute et la confiance.
Dans la même veine, "Jealous Again" est un classique instantané. Dès les premiers accords, on est en terrain connu, un territoire balisé par les Rolling Stones de la période "Exile on Main St." Ce n'est pas une critique, mais un constat. Le morceau est un hommage si parfait, si bien exécuté, qu'il en devient une pièce maîtresse. La guitare slide, le piano bastringue, les chœurs soul... tout y est.
Le troisième pilier de l'album, et peut-être le plus surprenant, est la ballade "She Talks to Angels". Ici, les Crowes lèvent le pied de l'accélérateur pour dévoiler une facette plus sensible, presque vulnérable. L'arpège de guitare acoustique est magnifique de simplicité et de mélancolie, et Chris Robinson y prouve qu'il n'est pas qu'un hurleur mais aussi un conteur capable d'insuffler une véritable émotion dans son chant. Ce morceau offre une respiration bienvenue et démontre une maturité d'écriture qui laissait présager le meilleur pour l'avenir.
Voilà pour les sommets. Et c'est là que le bât blesse. Car si ces deux ou trois morceaux sont des réussites incontestables, le reste de "Shake Your Money Maker" peine à maintenir ce niveau d'excellence et souffre d'un défaut majeur : son caractère profondément dérivatif et, par extension, une certaine prévisibilité.
Une fois l'effet de surprise passé, on réalise que l'album est moins une révolution qu'un formidable exercice de style, un pastiche amoureux du rock des années 70. Les influences sont si présentes qu'elles en deviennent parfois écrasantes. Les spectres des Faces, de Humble Pie, et bien sûr des Stones, planent sur chaque sillon. Des titres comme "Thick n' Thin" ou "Stare It Cold" sont certes énergiques, mais ils sonnent comme des faces B de leurs idoles. Ils possèdent le son, l'attitude, le "swagger", mais il leur manque l'étincelle, le refrain mémorable qui les ferait sortir du lot.
On a l'impression d'entendre un groupe de musiciens exceptionnels – et ils le sont, sans aucun doute – qui jouent une partition déjà écrite. Le talent est là, la technique est irréprochable, mais l'âme propre du groupe semble encore en gestation. Des morceaux comme "Could I've Been So Blind" ou "Sister Luck" suivent une formule bien rodée : un riff bluesy, un couplet enlevé, un refrain puissant. C'est efficace sur le moment, mais peu de choses restent en mémoire une fois l'album terminé. On se retrouve avec une collection de chansons qui, prises individuellement, fonctionnent comme du bon rock 'n' roll, mais qui, assemblées, donnent une impression de redite, de pilotage automatique.
Le son, si rafraîchissant en 1990, apparaît aujourd'hui comme une reconstitution quasi muséale. C'est un rock mis sous formol, parfaitement conservé, mais manquant de la folie et de la prise de risque qui caractérisaient ses modèles. On admire la performance, la virtuosité des frères Robinson, la solidité de la section rythmique, mais on cherche en vain la faille, l'aspérité, l'élément unique qui ferait de cet album plus qu'un simple hommage.
En conclusion, "Shake Your Money Maker" mérite amplement sa place dans l'histoire du rock. Il a eu le mérite de remettre au goût du jour un son authentique et organique à une époque qui en manquait cruellement. Il a révélé un groupe au potentiel immense et nous a offert une poignée de chansons devenues des hymnes immortels. Pour ces raisons, il est impossible de le détester. Cependant, en tant qu'œuvre complète, il s'avère inégal. C'est un album porté par trois locomotives surpuissantes qui tirent derrière elles une série de wagons bien construits mais relativement anonymes. C'est l'album d'un groupe qui a trouvé le costume parfait avant de trouver sa propre peau. Facile à admirer pour ses éclairs de génie, mais plus difficile à aimer dans sa totalité. Un solide 3 sur 5 : un début prometteur, essentiel pour ses singles, mais qui laisse une légère sensation d'inachevé.
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3
Jun 30 2025
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The Black Saint And The Sinner Lady
Charles Mingus
Enregistré en 1963 par le volcanique Charles Mingus, "The Black Saint and the Sinner Lady", est un ballet sans danseurs, une psychanalyse sans divan, un cri du coeur et de l'âme orchestré avec une précision de maître.
Charles Mingus a conçu "The Black Saint and the Sinner Lady", non pas comme une collection de morceaux, mais comme une suite continue, une seule et même pièce en six mouvements fluides et interconnectés. Il fusionne la ferveur du gospel, la sensualité du blues, la sophistication de la musique de chambre classique et, de manière saisissante, les couleurs ardentes du flamenco, incarnées par la guitare de Jay Berliner. Ce dernier n'est pas un simple soliste, il est le contrepoint, l'âme espagnole qui dialogue avec la fureur cuivrée du big band.
La structure de l'œuvre est un tour de force. Les thèmes apparaissent, se transforment, disparaissent pour mieux resurgir sous une autre forme. Les sections de cuivres dialoguent avec une puissance dramatique, les saxophones (portés par un Charlie Mariano impérial) pleurent et hurlent, tandis que la section rythmique, menée par la contrebasse tellurique de Charles Mingus et la batterie inventive de Dannie Richmond, est le moteur implacable de cette machine musicale complexe. L'album est une succession de climats, passant sans prévenir de la tendresse la plus désarmante à des explosions de colère chaotiques, d'une sensualité moite à une angoisse quasi palpable. C'est une musique incroyablement visuelle, qui évoque la passion, le conflit, la danse, la prière et la lutte intérieure. Les célèbres notes de pochette, rédigées par le psychologue de Mingus, le Dr. Edmund Pollock, ne font que confirmer cette dimension : nous assistons à une mise à nu, à l'exploration des dualités qui animent le compositeur – le "Saint" et le "Pécheur".
En conclusion, "The Black Saint and the Sinner Lady" reste l'un des sommets absolus de la musique du XXe siècle. L'album ne contient pas de "tube" facile, pas de mélodie que l'on fredonne distraitement, c'est une oeuvre dense, touffue, qui ne laisse que peu de répit à l'auditeur. Elle exige une écoute active, une concentration de tous les instants. Par moments, la superposition des couches sonores, la tension permanente et le flot ininterrompu d'idées peuvent devenir étouffants.
C'est un voyage exigeant et parfois ardu, mais dont la récompense est immense. Charles Mingus y a gravé son testament artistique, une oeuvre-monde d'une richesse inépuisable qui continue de fasciner, de dérouter et d'émouvoir plus de soixante ans après sa création. Ce n'est pas seulement un disque à écouter, c'est une expérience à vivre.
Un 3 sur 5
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3
Jul 01 2025
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Whatever People Say I Am, That's What I'm Not
Arctic Monkeys
En 2006, quatre jeunes de Sheffield, à peine sortis de l’adolescence, catapultaient sur la scène rock britannique un pavé d’une authenticité foudroyante. "Whatever People Say I Am, That's What I'm Not", le premier album des Artic Monkeys avec un son brut et sans fard d’une jeunesse désabusée mais vibrante.
Dès les premières mesures de "The View from the Afternoon", le ton est donné. Une batterie frénétique, des guitares qui lacèrent l'air de riffs acérés comme du verre brisé, et par-dessus tout, la voix d'Alex Turner, gouailleuse, précise, débitant à une vitesse folle des observations d'une acuité sidérante. C'est là que réside le premier coup de génie de l'album : sa capacité à capturer l'ordinaire pour le transformer en une poésie urbaine et électrique. Les sorties en boîte de nuit, les espoirs de séduction maladroits, les altercations évitées de justesse, les taxis de fin de soirée ; chaque morceau est un court-métrage, une tranche de vie de la classe ouvrière du nord de l’Angleterre, dépeinte avec un réalisme cru et une ironie mordante.
L'album est une décharge d'adrénaline quasi ininterrompue. Des hymnes générationnels comme "I Bet You Look Good on the Dancefloor" ou "Dancing Shoes" sont des invitations impossibles à refuser à une danse frénétique et cathartique. L'énergie est palpable, presque nerveuse. On sent l'urgence de ces jeunes musiciens qui, avant même d'être signés, avaient conquis leur public grâce à la diffusion virale de leurs démos sur Internet – un phénomène précurseur qui a redéfini les règles de l'industrie musicale. Cette ascension fulgurante, bâtie sur le bouche-à-oreille numérique, a insufflé à l'album une aura d'authenticité et de révolution. Les Arctic Monkeys n'étaient pas un produit marketing ; ils étaient la voix du peuple, amplifiée par la technologie.
Musicalement, l'influence du post-punk revival du début des années 2000 est évidente, avec des échos de The Strokes ou The Libertines. Cependant, les "Monkeys" y injectent une saveur typiquement britannique, un héritage qui remonte aux Kinks et aux Jam. Les structures sont directes, sans fioritures superflues. La basse de Andy Nicholson et la batterie de Matt Helders forment une section rythmique implacable, un moteur surpuissant qui ne faiblit jamais. Les guitares d'Alex Turner et de Jamie Cook s'entremêlent dans un dialogue constant, tantôt agressives, tantôt mélodiques, mais toujours au service de l'efficacité redoutable des compositions.
Le véritable trésor de "Whatever People Say I Am..." réside sans conteste dans les textes d'Alex Turner. Véritable chroniqueur social, il possède un don d'observation quasi littéraire. Avec un vocabulaire riche et un sens de la formule percutant, il croque les personnages et les situations avec une précision chirurgicale. Que ce soit l'hypocrisie des scènes de drague sur "Fake Tales of San Francisco" ou la tension palpable avant une bagarre dans "From the Ritz to the Rubble", Turner raconte des histoires universelles à travers le prisme de son expérience locale. Des titres plus mélancoliques comme "Mardy Bum", avec son analyse fine d'une dispute de couple, ou le poignant "A Certain Romance", qui jette un regard à la fois critique et affectueux sur sa propre culture, démontrent une maturité d'écriture sidérante pour un jeune homme d'à peine vingt ans.
L'album ne brille pas par sa complexité orchestrale ou sa diversité sonore mais il mérite une note de 5/5 car c'est un excellent premier album qui se vit autant qu'il s'écoute, un uppercut d'énergie et d'intelligence dont la pertinence reste totale. Un classique moderne, un disque essentiel qui a parfaitement rempli sa mission : définir le son d'une génération avec une honnêteté et une énergie qui forcent l'admiration. Un cri du cœur et des tripes qui mérite sa place au sommet.
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5
Jul 02 2025
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Queens of the Stone Age
Queens of the Stone Age
Sortir de l'ombre d'un groupe aussi mythique que Kyuss n'est pas une mince affaire. En 1998, lorsque Josh Homme dissout le monstre fondateur du stoner rock, le monde du rock lourd retient son souffle. Que pouvait-il bien advenir après avoir défini un genre tout entier, basé sur des amplis poussés à leur paroxysme, des riffs sabbathiques noyés dans la fuzz et l'immensité suffocante du désert californien ? La réponse est arrivée sous la forme d'un album sobrement intitulé "Queens of the Stone Age", une déclaration d'intention aussi déroutante que fascinante. Cet album fondateur est une oeuvre paradoxale : une machine de guerre rythmique d'une efficacité redoutable, dotée de mélodies hypnotiques, mais dont la précision quasi chirurgicale et la froideur calculée peuvent laisser l'auditeur à la lisière de l'expérience, admiratif mais pas entièrement conquis.
Il est impossible d'analyser ce premier opus sans le comparer à son prédécesseur spirituel. Là où Kyuss était organique, boueux, expansif et presque incontrôlable, "Queens of the Stone Age" est tout son contraire : sec, épuré, incroyablement focalisé. Josh Homme, désormais seul maître à bord (ou presque, avec le batteur Alfredo Hernández), semble avoir volontairement pris le contre-pied de son passé. Il abandonne la lourdeur sludgy pour un son qu'il qualifiera lui-même de "robot rock". Et l'image est parfaite. L'album sonne comme une mécanique bien huilée, un moteur V8 qui tourne à un régime constant, puissant mais sans les soubresauts sauvages de la fureur adolescente. C'est là que réside sa première grande force, la section rythmique.
La batterie d'Alfredo Hernández est un modèle du genre. Elle est à la fois puissante et incroyablement carrée, presque métronomique. Son jeu, influencé par le krautrock allemand de groupes comme Can ou Neu!, pose des fondations implacables sur lesquelles tout le reste peut se construire. Les lignes de basse, assurées en grande partie par Homme lui-même, ne sont pas en reste. Elles sont le ciment qui lie la batterie aux guitares, créant un groove monolithique, une pulsation qui vous prend aux tripes. Sur des titres comme "Regular John" qui ouvre l'album, ou "Walkin on the Sidewalks", cette synergie est palpable. Le squelette de chaque morceau est d'une solidité à toute épreuve. L'album est un monstre de groove, une leçon de rock'n'roll minimaliste et percutant.
Par-dessus cette fondation, Homme déploie son génie mélodique. Les riffs sont la seconde grande réussite de l'album. Ils sont simples, répétitifs, presque hypnotiques. Ils s'insinuent dans votre esprit et y restent, comme des mantras électriques. "If Only" ou "Avon" sont des exemples parfaits de cette science du riff efficace, qui ne cherche pas la complexité technique mais l'impact direct. La guitare, avec sa sonorité si particulière, moins grasse que chez Kyuss mais tout aussi reconnaissable, tisse des toiles mélodiques entêtantes. Même le chant de Homme, plus en retrait, presque aérien, fonctionne comme une couche mélodique supplémentaire qui flotte au-dessus du maelström instrumental.
Mais la perfection mécanique a un coût : l'émotion brute. L'album est brillant, mais il est froid. Sa production, volontairement sèche et compressée, renforce cette impression de distance. On admire la performance, la précision, l'intelligence de la construction, mais on peine à ressentir la vulnérabilité, la faille, l'étincelle de folie qui rend un album véritablement attachant. La répétition, qui est une force hypnotique, peut aussi devenir pour certains une barrière. Les morceaux se déroulent avec une logique implacable, mais ils semblent parfois manquer de ces aspérités, de ces accidents heureux qui font la chaleur d'un disque.
"You Can't Quit Me Baby", avec ses presque sept minutes, est emblématique de ce paradoxe. Le morceau est un tour de force de tension et de répétition, une longue montée en puissance qui peut soit vous transporter dans une transe, soit vous lasser par son caractère obsessionnel. C'est un album qui semble dire : "Voici mon groove. Prenez-le ou laissez-le." Il ne fait aucun effort pour séduire l'auditeur, il impose sa vision avec une confiance presque arrogante. Cette démarche, si elle est artistiquement respectable, peut légitimement laisser une partie du public sur le bas-côté, comprenant intellectuellement la démarche sans pour autant y adhérer viscéralement.
En conclusion, l'album "Queens of the Stone Age" n'est pas un disque qui cherche à plaire. Il impose sa vision avec une confiance absolue. C'est une oeuvre qui demande à être apprivoisée. Une fois que l'on a percé le secret de sa mécanique, on ne trouve pas un coeur froid, mais un moteur brûlant d'une intensité nouvelle. Ce n'était pas seulement la naissance d'un groupe, c'était l'invention d'un son. Un son qui, loin d'être une simple curiosité, allait profondément marquer les deux décennies suivantes. La note de 4 sur 5 lui rend justice : c'est un classique, un chef-d'oeuvre d'épure et de puissance hypnotique qui a su, avec le temps, prouver son caractère indispensable.
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4
Jul 03 2025
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When I Was Born For The 7th Time
Cornershop
Sorti en 1997, et alors que la scène musicale britannique était dominée par les guitares tapageuses d'Oasis et la pop astucieuse de Blur, Cornershop, mené par le charismatique Tjinder Singh, proposait avec "When I Was Born for the 7th Time" une voie radicalement différente. Une voie qui se veut comme une déclaration d'indépendance musicale, un carrefour foisonnant où l'Orient rencontre l'Occident, où l'indie rock flirte avec le funk, le hip-hop et les traditions musicales indiennes.
Si on ne devait retenir qu'un titre de cet album, ce serait bien évidemment le single monumental "Brimful of Asha". Cette chanson est un petit miracle de la pop. Dans sa version originale, c'est un morceau décontracté, presque nonchalant, une ode touchante à la culture populaire indienne et à son industrie cinématographique, citant les chanteurs de playback légendaires comme Lata Mangeshkar et Mohammed Rafi. La mélodie est simple, le rythme entraînant, et la chaleur qui s'en dégage est immédiate. Mais l'histoire de ce titre ne serait pas complète sans évoquer le remix de Norman Cook (Fatboy Slim), qui a transformé cette charmante chanson indie en un hymne planétaire. En accélérant le tempo et en y ajoutant une ligne de basse irrésistible, Cook a catapulté Cornershop au sommet des classements. "Brimful of Asha" est la porte d'entrée parfaite à l'univers du groupe et reste, à ce jour, l'un des morceaux les plus joyeux et fédérateurs de la décennie.
À côté de ce géant, l'album contient d'autres pépites qui confirment le talent du groupe. "Sleep on the Left Side" en est le meilleur exemple. Avec son riff de guitare entêtant et son rythme bondissant, c'est une chanson indie pop parfaite, infusée de cette saveur unique propre à Cornershop. Elle prouve que le groupe pouvait créer des tubes sans renier son identité. Dans un registre plus funk et décontracté, "Good Ships" séduit par sa ligne de basse groovy et son ambiance lounge. Ces deux ou trois titres sont le cœur battant de l'album, ceux qui justifient à eux seuls son écoute et qui démontrent une maîtrise évidente de l'écriture pop.
Là où l'album devient plus complexe à évaluer, c'est dans son exploration musicale tous azimuts. L'audace de Cornershop est louable. Qui d'autre aurait osé reprendre "Norwegian Wood" des Beatles en la chantant intégralement en pendjabi ? L'idée est brillante et le résultat, bien que déroutant pour certains, est une réappropriation culturelle fascinante. De même, la collaboration avec le poète de la Beat Generation Allen Ginsberg sur "When the Light Appairs Boy" est un moment suspendu, un spoken word étrange et planant sur un fond de cordes et de rythmes électroniques. Ces expérimentations témoignent d'un esprit curieux et sans frontières. Des titres comme "We're in Your Corner" ou "Funky Days Are Back Again" explorent différentes facettes du son du groupe, mêlant sitar, percussions dholki, et guitares avec une aisance déconcertante.
Cependant, cette profusion d'idées finit par créer un sentiment de dispersion. Si les grands singles sont des modèles de concision et d'efficacité, le reste de l'album peut parfois sembler manquer de direction. L'éclectisme, poussé à son paroxysme, frôle parfois l'éparpillement. Certains morceaux instrumentaux ou interludes semblent moins aboutis, comme des esquisses ou des idées qui n'auraient pas été menées à leur terme. L'écoute de l'album d'une seule traite peut s'avérer une expérience décousue, passant d'un tube pop à une expérimentation absconse, puis à un instrumental ambiant, sans véritable fil conducteur pour lier l'ensemble. Cette hétérogénéité, si elle est la marque de fabrique du groupe, empêche l'album d'atteindre le statut de chef-d'œuvre cohérent, à l'inverse d'autres classiques de l'époque.
Au final, "When I Was Born for the 7th Time" est un album à l'image de sa pochette : coloré, dense, et un peu chaotique. Il est porté par l'un des plus grands singles des années 90, "Brimful of Asha", et une poignée d'autres chansons excellentes qui démontrent le génie mélodique de Cornershop. Pour son ambition culturelle, pour sa fusion audacieuse des genres et pour son refus des conventions, il mérite le respect et l'admiration. Il capture parfaitement un moment où le multiculturalisme britannique trouvait une voix vibrante et intelligente dans la musique populaire. Toutefois, son manque de cohésion et ses quelques longueurs l'empêchent de figurer parmi les albums parfaits. C'est une oeuvre importante et profondément sympathique, un "bon album".
Un 3 sur 5 solide et mérité.
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3
Jul 04 2025
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Henry's Dream
Nick Cave & The Bad Seeds
Noter un album de Nick Cave & The Bad Seeds est souvent un exercice d'équilibriste. Le faire avec "Henry's Dream", sorti en 1992, l'est encore plus. Plantons le décor : nous sommes entre la grâce sombre et orchestrale de "The Good Son" (1990) et le monolithe de perfection qu'est "Let Love In" (1994). Dans cet intervalle se niche Henry's Dream, un disque fiévreux, narratif, et d'une puissance brute quasi inégalée.
"Henry's Dream" est avant tout un album d'histoires. Plus que jamais auparavant, Nick Cave endosse le rôle de conteur halluciné, de prêcheur sous amphétamines arpentant un sud des États-Unis fantasmé et crépusculaire. L'album s'ouvre sur "Papa Won't Leave You, Henry", une entrée en matière tellurique et menaçante. La tension est palpable, la batterie de Thomas Wydler martèle une marche funèbre tandis que la basse de Martyn P. Casey gronde comme un orage lointain. La voix de Cave, prophétique et démente, nous plonge sans ménagement dans un univers de violence familiale et de fuite en avant. Le ton est donné : ce voyage sera sans concession.
Cette exploration de la folie et de la violence atteint son paroxysme avec "I Had a Dream, Joe". C'est une chevauchée fantastique et meurtrière, un cauchemar éveillé où le rêve se confond avec une réalité sanglante. La performance du groupe est ici à son comble, une tempête sonore menée par les guitares stridentes et anguleuses de Blixa Bargeld et Mick Harvey. Le morceau est un tourbillon, une spirale de démence qui laisse l'auditeur exsangue et fasciné. C'est le cœur noir et battant de l'album, une pièce maîtresse de la mythologie "cave-ienne".
Pourtant, la controverse la plus célèbre de l'album ne réside pas dans ses textes, mais dans sa production. Enregistré sous la houlette de David Briggs, connu pour son travail brut et organique avec Neil Young, le son de "Henry's Dream" a été une source de profonde insatisfaction pour Nick Cave lui-même. Il a souvent déclaré que Briggs n'avait pas réussi à capturer l'énergie chaotique et la dynamique quasi télépathique du groupe en live. Cave trouvait le mix trop "propre", trop américain, lissant les aspérités qui faisaient l'essence des Bad Seeds. Cette frustration est palpable. On sent une puissance colossale, une bête sauvage en cage qui ne demande qu'à défoncer les barreaux.
Cependant, réduire "Henry's Dream" à cette frustration serait une erreur. Car même dans ce cadre sonore contesté, la splendeur éclate. Et elle éclate de la plus belle des manières avec "Straight to You". C'est l'un des plus beaux hymnes d'amour du répertoire de Cave. Sur une mélodie d'une évidence confondante, portée par un orgue majestueux, Cave offre une déclaration d'amour absolu face à un monde qui s'écroule. Les tours s'effondrent, les cieux brûlent, mais l'amour demeure le seul refuge, le seul point fixe. C'est une chanson d'une beauté et d'une sincérité désarmantes, un classique instantané qui prouve que même au cœur du chaos narratif, la lumière peut percer avec une force inouïe.
L'album regorge d'autres pépites. "Jack the Ripper" est un rock garage primal et sexuel, une explosion de fureur contenue. "Christina the Astonishing" est une ballade narrative et éthérée, un conte étrange et merveilleux qui offre une respiration bienvenue. "When I First Came to Town" renoue avec une veine plus folk et biblique, décrivant le parcours d'un étranger au destin tragique. Chaque titre est une pièce d'un puzzle complexe, un chapitre d'un livre sombre et envoûtant.
En conclusion, "Henry's Dream" est une œuvre essentielle, un pilier de la discographie de Nick Cave & The Bad Seeds. Son atmosphère unique, sa puissance narrative et la qualité exceptionnelle de ses compositions lui valent sans conteste une note de 5 sur 5. C'est un excellent, un immense album. Son statut "d'inférieur" à d'autres mastodontes de la discographie de Cave ne parle pas d'une quelconque faiblesse, mais témoigne plutôt de l'altitude stratosphérique à laquelle le groupe a évolué pendant des décennies. "Henry's Dream" est le rêve tourmenté d'un artiste au sommet de son art, un cauchemar magnifique dont on ne sort pas indemne, et c'est bien pour cela qu'on l'aime tant.
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5
Jul 07 2025
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Play
Moby
Sorti en 1999, "Play" le cinquième album studio de Richard Melville Hall, alias Moby, est est un monument, une pierre angulaire de la musique électronique qui a réussi le tour de force de s'infiltrer dans chaque recoin de la culture populaire. De la publicité au cinéma, en passant par les cafés et les salles d'attente, les mélodies de "Play" ont formé la bande-son officieuse de la fin des années 90 et du début des années 2000. Et vingt-cinq ans plus tard, l'album conserve une aura quasi mystique, un équilibre parfait entre l'expérimentation sonore et l'accessibilité universelle.
La première et la plus évidente des réussites de "Play" réside dans son concept sonore révolutionnaire. Moby ne se contente pas de créer des rythmes électroniques ; il agit en véritable archéologue musical. Le cœur de l'album bat au rythme de samples déterrés des enregistrements de terrain de l'ethnomusicologue Alan Lomax. Ces fragments de voix, capturés des décennies plus tôt, sont des chants de travail, des gospels profonds, des blues bruts et chargés d'une âme palpable. Moby prend ces reliques d'un passé américain rural et les confronte à la modernité froide et synthétique de ses propres compositions.
Et le résultat est stupéfiant.
L'ouverture de l'album, "Honey", est une déclaration d'intention. Le sample vocal de Bessie Jones, répétitif et hypnotique, s'enroule autour d'un breakbeat puissant et d'un riff de piano entêtant. La fusion est immédiate, organique. On n'écoute pas une simple juxtaposition, mais la naissance d'un son nouveau, un dialogue entre les époques. Ce procédé atteint son apogée sur des morceaux devenus iconiques. "Why Does My Heart Feel So Bad?", avec sa mélancolie poignante portée par la voix samplée de The Banks Brothers, est d'une beauté désarmante. La simplicité de l'arrangement, quelques accords de synthétiseur et une boîte à rythmes discrète, suffit à créer une atmosphère de tristesse universelle et de questionnement existentiel.
Puis vient "Natural Blues". Ici, la voix de Vera Hall, pleine de douleur et de résignation, est le centre de gravité d'un morceau qui vous saisit dès les premières secondes. Moby ne se contente pas de la poser sur une boucle ; il la sculpte, la découpe et la marie à une nappe de synthétiseur spectrale et à un rythme downtempo qui amplifie son pouvoir émotionnel. C'est peut-être le sommet de l'album, l'instant où la fusion entre le passé acoustique et le présent électronique atteint une symbiose parfaite, créant une oeuvre intemporelle.
Au-delà de ces chefs-d'œuvre de sampling, la grande force de Play est sa cohérence narrative et émotionnelle. L'album n'est pas une simple compilation de singles potentiels, mais un véritable voyage. Moby alterne avec une maestria déconcertante les moments d'euphorie et les plages de contemplation. Aux côtés des hymnes blues-techno, on trouve des instrumentaux d'une beauté cinématographique. "Porcelain" est sans doute le plus célèbre. Sa mélodie de piano délicate, ses cordes synthétiques aériennes et sa rythmique douce créent un sentiment de nostalgie douce-amère. C'est le son d'un souvenir, d'un matin calme, d'une introspection paisible. Le succès planétaire de ce titre, utilisé dans d'innombrables contextes, témoigne de sa capacité à évoquer une émotion pure, sans le filtre des mots.
Dans la même veine, "Everloving" ou "Guitar Flute & String" fonctionnent comme des respirations, des moments de pureté instrumentale qui lient les morceaux plus intenses entre eux. Cette structure confère à l'album une fluidité remarquable. On passe de l'énergie brute de "Bodyrock", un titre explosif construit autour d'un sample de rap old-school, à la quiétude de "Porcelain" sans jamais sentir de rupture. Chaque piste semble être à sa place, contribuant à un tout plus grand qu'elle. C'est cette science du séquençage qui élève Play au-dessus de la mêlée des albums de musique électronique de son temps.
Avec ses 18 titres et ses 63 minutes, Play est un album dense, riche, mais finalement épuisant. Si on l'écoute d'une seule traite, une certaine lassitude s'installe inévitablement dans son dernier tiers. Un "Play" ramené à 12 ou 13 pistes, centré sur ses moments les plus forts, aurait été un disque encore plus percutant. Cette longueur excessive donne l'impression que Moby, foisonnant d'idées, a voulu tout inclure, au risque de diluer légèrement la puissance de son propos.
En conclusion, "Play" reste une œuvre majeure, un album dont l'influence se fait encore sentir aujourd'hui. Son approche visionnaire du sampling, sa profondeur émotionnelle et sa capacité à créer des mélodies universelles en font un classique incontestable du XXe siècle. Les morceaux de bravoure qui le parsèment ("Natural Blues", "Porcelain", "Honey", "Why Does My Heart Feel So Bad?") sont des éclairs de génie pur qui justifient à eux seuls son statut culte. Il est la preuve qu'une musique perçue comme "froide" ou "synthétique" peut véhiculer une âme et une chaleur immenses.
Le 4 sur 5 que je lui attribue, n'est pas la marque d'un défaut majeur, mais la reconnaissance d'une seule faiblesse : son endurance. Il demande un investissement de la part de l'auditeur, une patience qui n'est pas toujours récompensée dans sa dernière partie. "Play" demeure une écoute essentielle, un témoignage brillant du talent d'un artiste qui, à l'aube du nouveau millénaire, a su faire dialoguer le passé et le futur pour créer la bande-son intemporelle du présent.
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4
Jul 08 2025
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Tusk
Fleetwood Mac
L'écoute de "Tusk" est une épreuve. Une véritable traversée du désert auditif car "Tusk" s'étire paresseusement sur près de 75 minutes, réparties sur vingt pistes inégales et souvent incompatibles. Et on sent à chaque instant que le groupe, ou plus précisément son guitariste Lindsey Buckingham, a eu les yeux plus gros que le ventre. Il n'y a pas assez de matière, pas assez de chansons réellement mémorables pour justifier une telle durée. Le résultat est un fourre-tout indigeste, où quelques rares pépites se retrouvent noyées dans un océan de remplissage et d'expérimentations sonores ratées. J'avoue avoir consulté la barre de progression de mon lecteur à de multiples reprises, priant pour que le calvaire s'achève, mais m'étant forcé à aller au bout pour la forme. Ce fut pénible.
Le principal coupable de ce naufrage artistique est sans conteste Lindsey Buckingham. Galvanisé par l'émergence du post-punk et de la new wave, le guitariste a voulu saborder la formule gagnante de Fleetwood Mac pour la réinventer à sa sauce : plus brute, plus étrange, plus "lo-fi". Sur le papier, l'intention est louable. Dans les faits, elle se traduit par une série de morceaux déconstruits, à la limite de la démo, qui sonnent comme les caprices d'un savant fou enfermé dans son laboratoire. Des titres comme "The Ledge", "Not That Funny" ou "I Know I'm Not Wrong" sont d'une pauvreté mélodique affligeante. Leurs rythmiques saccadées, leurs guitares stridentes et leurs productions volontairement dépouillées (on parle d'enregistrements faits dans une salle de bain) ne sont pas "audacieuses", elles sont tout simplement irritantes. Elles brisent toute la cohésion de l'album et créent une distance infranchissable avec l'auditeur. Même la chanson-titre, "Tusk", avec sa célèbre fanfare de l'USC, sonne plus comme une farce grandiloquente qu'un hymne tribal et puissant. C'est l'ego de Buckingham qui parle, pas le coeur du groupe.
Face à cette OPA artistique de leur guitariste, que reste-t-il des deux autres forces créatrices du groupe ? Stevie Nicks et Christine McVie semblent perdues, comme des invitées à une fête dont elles ne comprennent pas le thème. Certes, Stevie Nicks nous offre "Sara", probablement le seul chef-d'œuvre incontestable de l'album. Mais sa beauté même la fait paraître incongrue au milieu de ce chaos expérimental. C'est une oasis de grâce dans un marécage de bizarreries. Son autre grande contribution, "Sisters of the Moon", est un rock mystique plutôt réussi mais qui s'étire en longueur. Quant à Christine McVie, la reine de la pop-song parfaite, elle livre des titres comme "Over & Over" ou "Think About Me". Ce sont de jolies chansons, bien sûr, mais elles manquent cruellement de l'éclat et de l'impact de ses tubes passés. Elles sont agréables mais anecdotiques, comme si elles-mêmes n'osaient pas s'imposer, intimidées par l'ambiance générale.
Le problème fondamental de "Tusk", au-delà de sa longueur et de son manque de cohésion, est son absence d'âme. "Tusk" est un exercice de style, froid et cérébral. On assiste à une démonstration technique et à une prise de pouvoir stylistique. L'album est long et chiant car il ne parvient jamais à nous toucher. Il nous tient à distance, nous observe de haut, trop occupé à s'admirer lui-même pour daigner nous inviter dans son univers.
En conclusion, "Tusk" est un album de la démesure, du caprice et de la dissolution. En voulant à tout prix éviter de se répéter, Fleetwood Mac a produit une œuvre prétentieuse et éparpillée qui a aliéné une grande partie de son public et qui reste, des décennies plus tard, une curiosité pour les uns et une purge pour les autres. Pour celui qui n'a jamais vraiment accroché à l'univers du groupe, "Tusk" représente tout ce qui peut agacer : une autosatisfaction démesurée, une absence de direction claire et, au final, un ennui profond. La note de 1 sur 5 n'est pas une provocation, c'est la sanction méritée pour un mauvais album.
1001albums.medira.org
1
Jul 09 2025
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Electric Music For The Mind And Body
Country Joe & The Fish
Plonger dans "Electric Music for the Mind and Body", le premier album de Country Joe & The Fish, c'est comme ouvrir une capsule temporelle directement issue de l'épicentre du "Summer of Love" de 1967. L'objet est fascinant, historiquement crucial et il suinte l'acide et la révolte par chaque sillon. C'est un document sonore, brut, audacieux et sans compromis de la contre-culture de San Francisco.
Pour comprendre cet album, il faut d'abord saisir son contexte. En 1967, le rock psychédélique n'en est qu'à ses balbutiements. Des groupes comme Jefferson Airplane ou Grateful Dead exploraient de nouvelles frontières sonores, mais Country Joe & The Fish y ajoutèrent une dimension politique frontale et acerbe qui leur était propre. Le nom même du groupe – une référence à Staline ("Country Joe") et à une citation de Mao Zedong sur le révolutionnaire se mouvant "comme un poisson dans l'eau" ("The Fish") – annonçait la couleur. Cet album n'était pas seulement une invitation au voyage psychédélique, c'était aussi un pamphlet anti-guerre du Vietnam, une critique virulente de la société américaine.
C'est dans cette audace que réside la première grande qualité de l'œuvre. Là où d'autres enrobaient leur message dans des métaphores florales, Country Joe McDonald le livrait avec une voix nasillarde et un sarcasme mordant.
Musicalement, l'album contient des pièces de bravoure qui justifient à elles seules son statut de classique. Le morceau le plus accessible et sans doute le plus brillant est "Not So Sweet Martha Lorraine". Avec son riff de guitare carillonnant, presque baroque, et sa structure pop psychédélique relativement concise, c'est un single parfait. Il capture l'essence du son de la côte Ouest tout en y injectant une étrangeté et une tension qui le rendent unique. C'est l'un de ces "bons morceaux" qui accrochent immédiatement l'oreille et démontrent le potentiel mélodique du groupe.
À l'autre bout du spectre se trouve "Section 43", la pièce maîtresse expérimentale de l'album. Cette longue suite instrumentale est une véritable plongée dans l'inconnu, un "trip" sonore qui emmène l'auditeur à travers des paysages changeants. Des guitares fuzz tourbillonnantes, un orgue fantomatique qui semble dialoguer avec des esprits, des changements de rythme abrupts... C'est l'incarnation même de "l'acid rock".
D'autres titres parviennent également à tirer leur épingle du jeu. "Flying High" est un rock plus direct et énergique, tandis que "Grace", hommage à Grace Slick de Jefferson Airplane, déploie une atmosphère plus planante et contemplative. Ces chansons montrent que le groupe, lorsqu'il canalise son énergie, est capable de produire des moments de pur génie psychédélique.
Malheureusement, pour chaque "Martha Lorraine", il y a un morceau qui semble s'étirer sans but, une jam session qui sonne plus comme une répétition enregistrée à la hâte qu'une composition achevée. L'expérimentation est une chose, mais elle frôle ici parfois l'auto-indulgence. Le groupe semble tellement épris de sa propre liberté qu'il en oublie parfois de construire une chanson.
Mais presque 60 ans après, le son si révolutionnaire à l'époque, devient un obstacle aujourd'hui. La production est brute, presque abrasive, et la voix de Joe McDonald, si distinctive et parfaite pour porter le message politique, devient lassante sur la durée. Son ton caustique et son timbre particulier manquent de la chaleur ou de la puissance mélodique d'autres chanteurs de l'époque.
Enfin, l'album souffre d'un certain manque de cohésion. Il oscille constamment entre le folk contestataire, le blues électrique, la pop psychédélique et les délires avant-gardistes. Si cette diversité est intéressante sur le papier, elle donne à l'ensemble une allure de compilation, de collection d'idées jetées sur bande, plutôt que d'un album au flux naturel et cohérent. On passe d'une ballade presque folk à une explosion de fuzz sans transition, ce qui rend l'écoute fragmentée et fatigante.
En conclusion, "Electric Music for the Mind and Body" est une œuvre paradoxale. C'est un pilier fondamental du rock psychédélique et un témoignage inestimable de l'effervescence politique et culturelle de 1967. Son influence est indéniable, et ses meilleurs moments sont absolument brillants, visionnaires et chargés d'une énergie brute qui a rarement été égalée. Pour tout historien du rock ou pour tout amateur de psychédélisme pur et dur, son écoute est indispensable.
Cependant, en tant qu'album à écouter pour le simple plaisir, il révèle ses faiblesses. Son caractère décousu, la nature parfois datée de ses expérimentations les moins réussies et son son globalement rêche en font une expérience exigeante et inégale. On en ressort avec une immense admiration pour l'audace et la vision du groupe, mais sans avoir été totalement transporté du début à la fin. Il y a de l'or dans ces sillons, mais il faut accepter de tamiser beaucoup de sable pour le trouver. C'est un album que l'on est content d'avoir exploré, un chapitre essentiel de l'histoire de la musique, mais pas nécessairement celui que l'on remettra sur la platine tous les jours. Un solide, mais frustrant, 3 sur 5.
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3
Jul 10 2025
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Ramones
Ramones
En 1976, le paysage musical est une fresque complexe. Le rock progressif étale ses épopées de vingt minutes, le hard rock remplit des stades avec des solos de guitare interminables et le disco commence à imposer son hégémonie scintillante. C'est dans ce contexte de grandeur qu'un pavé est jeté dans la mare. Un pavé brut, sale, et d'une simplicité désarmante : le premier album des Ramones.
Evaluer cet album aujourd'hui est un exercice périlleux, qui impose de jongler entre sa révérence historique quasi-sacrée et une écoute objective, près de cinquante ans après sa sortie. Car si "Ramones" est sans l'ombre d'un doute l'un des disques les plus importants de l'histoire du rock, il n'est pas, en tant qu'oeuvre complète, un chef-d'oeuvre sans failles.
Ce qui frappe instantanément, dès les premières secondes de "Blitzkrieg Bop", c'est l'urgence. Le fameux "Hey! Ho! Let's Go!" n'est pas une simple invitation, c'est un cri de guerre scandé à toute vitesse. Tout est là : la guitare de Johnny Ramone, un mur de son saturé construit sur trois accords martelés en downstroke ; la basse de Dee Dee, simple, rapide, qui suit la rythmique sans jamais chercher à s'en échapper ; la batterie de Tommy, métronomique et frénétique ; et la voix de Joey, nasillarde, à la fois détachée et juvénile, qui raconte des histoires d'ennui adolescent, de violence cartoonesque et de désirs frustes.
Cet album balaie d'un revers de main la virtuosité, la complexité harmonique et les ambitions poétiques du rock de l'époque. Les chansons sont courtes, dépassant rarement les deux minutes trente. Les structures sont réduites à leur plus simple expression : couplet-refrain-couplet-refrain. Pas de solo de guitare alambiqué, pas de pont atmosphérique, pas de fioritures. C'est du rock'n'roll primitif, distillé jusqu'à son essence la plus pure et injecté d'une dose massive d'amphétamines.
Des titres comme "Beat on the Brat", "Judy Is a Punk" ou "Now I Wanna Sniff Some Glue" sont des instantanés d'une jeunesse américaine désoeuvrée, filmée sans filtre et avec un humour noir décapant. La production, signée Craig Leon et Tommy Ramone, est à l'image de la musique : brute de décoffrage. Le son est sec, direct, sans la réverbération et le polissage qui dominaient les productions de l'époque. C'est le son d'un groupe qui joue dans un garage, et c'est précisément ce qui fait sa force et son authenticité.
Pour cette audace, pour avoir créé à lui seul le plan directeur de ce qui allait devenir le punk rock et avoir influencé des milliers de groupes, de The Clash aux Sex Pistols jusqu'à Green Day et au-delà, cet album mérite une place au panthéon car il est le point zéro, le Big Bang Punk.
Une fois l'impact historique mis de côté, l'écoute intégrale de "Ramones" révèle sa plus grande faiblesse : sa redondance. La formule, si révolutionnaire soit-elle, est appliquée avec une rigueur quasi dogmatique sur les quatorze titres de l'album. Le tempo est presque constamment ultra-rapide, les structures rythmiques varient peu, et le mur de guitares de Johnny, bien qu'efficace, devient monolithique sur la durée.
Passé le choc des premiers morceaux, une certaine lassitude s'installe. Les chansons, prises individuellement, sont pour la plupart excellentes. "I Wanna Be Your Boyfriend" est une pépite de pop bubblegum sous une couche de cuir noir, une démonstration touchante de leur sensibilité mélodique. "53rd & 3rd" offre une incursion plus sombre et personnelle dans le passé de Dee Dee. Mais enchaînées les unes après les autres, elles peinent à se distinguer. L'album fonctionne moins comme un voyage avec des reliefs et des dynamiques variées que comme un sprint continu.
Là où un "Never Mind the Bollocks" des Sex Pistols, pourtant tout aussi punk, parvenait à varier les atmosphères et les riffs, "Ramones" reste obstinément fidèle à son propre cahier des charges. Cette uniformité est à la fois sa force conceptuelle et sa faiblesse musicale.
Au final, écouter l'album "Ramones" est une expérience éprouvante. C'est un disque qu'on admire pour son courage et son influence, une collection de singles fantastiques, mais qui, en tant qu'album de 30 minutes, peut paradoxalement sembler long.
"Ramones" est un album 5 étoiles pour son importance historique et un album 3 étoiles pour son expérience d'écoute globale. Il est indispensable à toute discothèque rock qui se respecte, ne serait-ce que pour comprendre d'où vient une immense partie de la musique des cinquante dernières années.
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3
Jul 11 2025
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At Fillmore East
The Allman Brothers Band
Chef d'oeuvre unanimement reconnu comme tel. Un 5/5 indiscutable pour la quasi-totalité de la presse musicale et des amateurs de rock. Monument du rock sudiste, bible de l'improvisation en concert, témoignage brut d'un groupe au sommet absolu de son art.
"At Fillmore East" du Allman Brothers Band est-il réellement l'album parfait que l'on essaye de me vendre ?
Commençons par ce qui rend cet album immortel, ce qui constitue son socle inattaquable. La première chose qui frappe, et qui frappera toujours, est le niveau de maîtrise instrumentale. C'est tout simplement sidérant. Nous sommes en présence de six musiciens qui ne jouent pas seulement ensemble, mais qui respirent ensemble.
Il y a bien sûr Duane Allman. Son jeu de guitare slide est d'un autre monde. Chaque note est empreinte d'une âme profonde, d'un blues ancestral qui semble couler dans ses veines. Il ne joue pas de la guitare, il la fait chanter, pleurer, hurler.
À ses côtés, Dickey Betts n'est pas un simple second guitariste. Il est son alter ego, son contrepoint mélodique. Là où Duane est feu et fureur, Betts est finesse et lyrisme. Leurs duels et leurs harmonies sont des moments de pure grâce, une conversation télépathique qui a défini le son du groupe.
Puis vient la voix de Gregg Allman. Une voix rocailleuse, usée par le bourbon et la vie, mais chargée d'une soul et d'une sincérité désarmantes. Son orgue Hammond ajoute une couche de chaleur et de gospel qui ancre la musique dans la terre du Sud des États-Unis.
Et que dire de cette section rythmique ? La paire de batteurs, Butch Trucks et Jay Johanny Johanson, est une locomotive surpuissante, un mur de son mouvant et complexe. Berry Oakley, à la basse, n'est pas en reste, avec un jeu inventif et mélodique qui est bien plus qu'un simple soutien.
Les premiers titres de l'album sont d'ailleurs la preuve irréfutable de cette alchimie. "Statesboro Blues" est une entrée en matière parfaite : concise, énergique, une démonstration de force qui met tout le monde d'accord en moins de cinq minutes. "Done Somebody Wrong" continue sur cette lancée avec une efficacité redoutable. Ce sont des standards de blues joués avec une passion et une virtuosité qui les transcendent.
C'est après que les choses se compliquent.
Le coeur de "At Fillmore East", ce qui a forgé sa légende, ce sont ses longues improvisations, ses jams qui s'étirent à n'en plus finir. Et c'est précisément là que le bât blesse pour l'auditeur d'aujourd'hui qui n'est pas un musicien ou un aficionado absolu de l'improvisation.
Prenons "In Memory of Elizabeth Reed". Ce morceau instrumental de 13 minutes est magnifique, c'est indéniable. Ses harmonies jazzy, sa construction progressive sont un régal. On sent le groupe prendre son envol, explorer des territoires musicaux audacieux. C'est le début de l'étirement, un étirement encore maîtrisé et pertinent.
Mais le péché d'orgueil, le basculement de la virtuosité vers la démonstration technique, se trouve sur la deuxième partie de l'album.
"You Don't Love Me" dure plus de 19 minutes. Dix-neuf minutes. Le morceau commence fort, avec un riff puissant et une énergie communicative. Les premiers solos sont brillants. Mais rapidement, on se perd. Le groupe se lance dans des digressions qui semblent interminables. On assiste à des passages où la tension retombe, où les musiciens semblent se chercher, où l'auditeur décroche. Il y a des éclairs de génie, bien sûr, un solo fulgurant de Duane, un groove de basse qui nous rattrape. Mais ces éclairs sont perdus dans une mer de notes qui tournent parfois à vide. Le propos se dilue. La chanson, l'émotion initiale, disparaît au profit d'une performance.
Le cas de "Whipping Post" est encore plus emblématique. Vingt-trois minutes. La composition originale est un chef-d'oeuvre de tension et de drame. Les premières minutes de la version live sont électrisantes. La souffrance dans la voix de Gregg Allman est palpable. Mais peut-on raisonnablement maintenir une telle tension pendant plus de vingt minutes ? La réponse est non. Le morceau devient un marathon. Un marathon pour les musiciens, mais aussi pour celui qui écoute. Passé un certain point, l'admiration pour la performance technique prend le pas sur le plaisir musical. On écoute en se disant "c'est incroyable ce qu'ils font", plutôt que de simplement ressentir la musique. La frontière entre l'art et l'exploit sportif est franchie.
C'est là le coeur de ma critique et la justification du 3 sur 5. "At Fillmore East" est l'enregistrement d'un groupe qui se fait plaisir, qui repousse ses propres limites, et c'est fantastique pour eux et pour l'histoire. Mais pour l'auditeur, l'expérience s'avére frustrante car l'album n'arrive pas à trouver un équilibre parfait entre la forme et le fond, entre la technique et l'émotion, entre la liberté de l'artiste et le respect de l'auditeur.
En conclusion, cet album n'est pas le chef d'oeuvre que l'on a essayé de me/vous vendre comme tel. Il contient certains des moments les plus exaltants de l'histoire du rock. Le talent pur qui s'en dégage est incontestable et continue d'influencer des générations de musiciens.
Cependant, ses longueurs et son penchant pour la démonstration technique au détriment de la structure des chansons l'empêchent d'être une oeuvre aboutie et agréable. C'est un album de musiciens pour les musiciens. Un album qu'il faut avoir écouté au moins une fois dans sa vie pour comprendre l'ampleur du phénomène Allman Brothers Band, mais ce n'est pas un album que l'on aura envie de réécouter.
Au final, ce sera un 3 sur 5 pour un album loin d'être parfait.
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3